Leila et Khalil Ben Abdallah sont des bénévoles à l'Association PAT (Protection des Animaux de Tunisie) créée officiellement en 2014 à Hammamet. Au départ, la PAT avait une dizaine de chiens et une quinzaine de chats. Actuellement, le refuge compte 81 chiens et une quarantaine de chats qu'il faut nourrir castrer, vacciner et soigner et cela coûte très cher. « On peut aider de quatre manières différentes : l'argent qui est le nerf de la guerre, l'adoption, le parrainage ou en pension dans une famille d'accueil. Il y a ceux qui donnent de leur temps en tant que main-d'œuvre : nettoyer, donner à manger, etc. » propose Khalil. L'abattage est inhumain Il y a très peu de bénévolat à cause du coût élevé de la prise en charge de l'animal. « Une stérilisation revient à 160 dinars. Le vaccin est à 35 dinars, un prix étudié proposé par de rares vétérinaires. Les gens n'aident pas. On est submergé. On recueille l'animal, on le soigne et on paie les pensions 80 dinars/ mois aux personnes qui l'accueillent jusqu'à ce que l'animal soit apprivoisé », souligne Khalil. Par crainte d'être contaminé par des maladies, les gens tuent les animaux errants « L'abattage est inhumain. Normalement, il devrait y avoir dans chaque commune un budget pour stériliser et castrer les animaux qui errent dans les rues. Malheureusement, les campagnes de stérilisation n'est pas mise en œuvre. Les municipalités justifient l'abattage par les plaintes portées par les citoyens. C'est vrai qu'il existe des plaintes téléphoniques pour aboiement et non pour des morsures. Mais qu'en est-il des plaintes contre les abattages ? », s'interroge le couple. Le danger est plus grand dans les milieux ruraux où des cas d'enfants rentrant le soir de l'école sont menacés par des chiens. « C'est une sorte de phobie », explique Khalil qui reconnaît l'existence de certains cas « mais qui sont rares » insiste-t-il. « Je pense qu'on ne fait rien pour les animaux. Ils avaient autrefois un habitat naturel que nous autres humains avons détruit et pas remplacé. Il ne reste rien comme forêt où les animaux peuvent se réfugier. Les animaux n'ont plus droit à la vie. Nous avons détourné leur moyen de nourriture, leur moyen de boire : les sources d'eau sont devenues des égouts », regrette Leïla. Les chats éradiquent la peste Selon les bénévoles de la PAT, le Tunisien a une relation d'indifférence qui est pire que la haine envers l'animal. « Personne ne réagit lorsqu'un animal est accidenté. Nous appelons à mettre en place une réserve pour ces animaux. Les chats prolifèrent partout, il faut juste castrer ou stériliser pour réguler la faune comme en Turquie ou en Iran. Les Européens disent que nous avons de la chance d'avoir des chats dans les rues parce qu'ils chassent les rats. Ces derniers représentent un fléau. Avec les poubelles et l'insalubrité, on aurait attrapé la peste sans l'existence des chats », affirme Leïla. « Nous plaidons pour la mise en place de lois de protection des animaux de Tunisie. Si on respecte l'animal on respecte l'être humain. L'animal est une thérapie pour l'homme. Nous devons respecter toutes les espèces vivantes », conclut-elle.