Les arrêts de travail à répétition à la Compagnie de phosphate de Gafsa ont été à l'origine d'un manque à gagner considérable au cours de ces dernières années. Les travailleurs sont appelés à redoubler d'efforts pour atteindre un meilleur rendement et accroître l'exportation d'un produit très sollicité. Le volume de production de phosphate dans le gouvernorat de Gafsa a connu une chute au cours du premier trimestre 2015 en comparaison avec les quantités produites à la même période de l'année écoulée soit 604 mille tonnes au lieu de 983 mille tonnes, soit une baisse de 39%. L'objectif fixé par la CPG consiste pourtant à produire plus de 1,560 million de tonnes durant le premier trimestre de cette année. Une telle situation est imputée notamment à l'approvisionnement irrégulier des unités de production en phosphate brut et à la coupure de l'eau des laveries, de temps à autre. Ainsi, la production a enregistré une baisse de 61% par rapport aux prévisions établies. Les contestations des chômeurs, qui ont connu un rebond au niveau des sites de production d'Oum Laârayès, Redeyef et Métlaoui, sont également pour quelque chose dans cet état de fait. Le transport du phosphate brut a été paralysé et il est devenu difficile de ramener le phosphate des mines vers les laveries situées dans les zones d'Oum Laârayès, Redeyef et Kef Eddour. La production du phosphate commercial, dans la plupart des unités de production a souffert de cette perturbation de l'approvisionnement. A la CPG, on s'inquiète de l'arrêt du travail dans les laveries d'Oum Laârayès, Redeyef et Kef Eddour. Les laveries de Mdhilla qui poursuivent leurs activités ne sont pas en mesure, à elles seules, de produire les quantités suffisantes à commercialiser pour les clients traditionnels. Le transport par voie ferrée du phosphate à destination des unités du Groupe chimique tunisien à Gabès et Sfax et la société tuniso-indienne est considéré également comme irrégulier. Des problèmes en suspens A la fin du mois de février 2015, la production de phosphate commercialisable était de l'ordre de 304 mille tonnes environ, soit des quantités en deçà de l'objectif fixé par le ministère de tutelle pour cette période et qui est estimé à 1 million de tonnes. C'est dire que la vitesse de croisière n'a pas encore été atteinte. L'une des priorités à concrétiser consiste à résoudre tous les problèmes en suspens, qui constituent encore un frein pour l'accélération de la production d'autant plus que la demande au niveau mondial est toujours importante. Les équipements de traitement du phosphate doivent travailler à plein régime pour accroître la production. Les problèmes formulés par les travailleurs sont, en grande partie, d'ordre social comme, à titre d'exemple, les recrutements, les augmentations salariales, la révision de la valeur des primes... Pour que la compagnie puisse satisfaire toutes les exigences des travailleurs, elle doit commencer par augmenter son chiffre d'affaires et consolider ses assises sur le marché international afin de ne pas céder sa place à d'autres fournisseurs étrangers. L'aide aux jeunes dans la création de petites entreprises peut diminuer la pression sur le marché de l'emploi da la région et donner aux diplômés une chance pour mettre à profit leurs compétences et leur savoir-faire. C'est une façon aussi pour redonner de l'optimisme à cette frange de la société dont certains pensent quitter leur région pour aller travailler dans les grandes villes ou à l'étranger, quitte à voyager dans la clandestinité. La Compagnie de phosphate de Gafsa ne peut pas, en tout cas, faire travailler tous les travailleurs de la région et des zones environnantes. Le recrutement se fait pour satisfaire les besoins exprimés dans les unités de production et non pas pour faire plaisir à certaines personnes. Un personnel en surplus peut être à l'origine d'un déficit grave de toute entreprise et menace même son existence. Tout recrutement est donc étudié et vise à poursuivre la production du phosphate à un rythme soutenu pour satisfaire les besoins du marché. Les protestations et les demandes sociales ont causé des pertes à la compagnie qui constitue l'une des entreprises phares de la Tunisie. La compagnie essaye toujours d'innover pour rester au diapason du progrès réalisé dans ce secteur qui présente encore des perspectives prometteuses. C'est ainsi qu'un partenariat a été conclu avec des partenaires indiens en vue de commercialiser le phosphate à long terme et de garantir des marchés permanents. Le contrat de partenariat conclu avec deux sociétés indiennes vise à réaliser une usine de transformation de phosphate dans la région de Skhira, sous le nom de Skhira II. En vertu de ce contrat en question, une société tuniso-indienne des engrais a été créée et a démarré ses activités en juin 2013. Les prévisions tablaient sur une production de 360 mille tonnes d'acide phosphorique par la transformation de 1,4 million de tonnes de phosphate brut tunisien. Chokri GHARBI Repères... La Compagnie des Phosphates de Gafsa, entreprise publique anonyme à caractère industriel et commercial, a pour objet l'exploitation des gisements de phosphate en Tunisie. Créée en 1897, la compagnie au capital de 268 MD dispose à la fin de 2014 d'un effectif de 7.036 employés. Le nombre de cadres supérieurs au sein de la CPG s'élève à la fin de 2014 à 373. La compagnie compte sur les ressources humaines de haut niveau pour assurer son développement et atteindre les objectifs fixés en termes qualitatifs et quantitatifs. La capacité de production de la compagnie est de 8 millions de tonnes. Encore faut-il que tout l'effectif se mette au travail pour préserver le rythme de production et pouvoir exporter sur le marché international dont la demande en phosphate et dérivés est toujours élevée et devrait se poursuivre au cours des années à venir. Malgré les problèmes de production constatés, la compagnie a pu réaliser en 2013 un chiffre d'affaires de l'ordre de 422 millions de dinars. La compagnie peut se porter mieux si le rythme de la production retrouve son niveau normal grâce à la contribution de toutes les parties prenantes. La CPG occupe au niveau mondial dans la production du phosphate le 5e rang. Elle a pu atteindre cette place à la faveur du travail de tous les membres de la compagnie qui ont toujours su se distinguer malgré les contraintes professionnelles qui surgissent de temps à autre.