Entre les textes de Ali Mosbah et ceux de Samia Amami, le public a voyagé rien qu'avec la voix des comédiens vers des univers créateurs. La troisième séance des lectures théâtrales, conduites par l'actrice Jalila Baccar et Sonia Zargayouna, a eu lieu mercredi dernier, 8 avril, dans la salle l'entr'acte au premier étage de la salle le quatrième art à Tunis. Ce rendez-vous, bimensuel, qui connaît de plus en plus de succès, a drainé un grand public, composé d'artistes, de jeunes activistes de la société civile, d'hommes de lettres et des médias mais aussi tout ceux qui s'intéressent à la littérature et au théâtre. On a proposé dans ce troisième rendez-vous des lectures de quelques extraits tirés d'œuvres de Samia Amami et Ali Mosbah.Mais avant tout, l'acteur et metteur en scène, Fethi Akkari, a pris la parole pour déclamer, à ceux qui étaient présents, un texte poétique en hommage à l'homme de théâtre Ezzeddine Gannoun, disparu il y a quelques jours. «C'est un texte que j'ai écrit en m'inspirant du grand Shakespeare et dans lequel je pleurais, avec les larmes du deuil, ce grand homme qu'on a perdu récemment .Quand je lis mon texte, d'ailleurs, je pensais à deux autres êtres chers à mon cœur. Il s'agit de Abdelwahab Jomli et Chokri Belaïd», annonce l'acteur avant de s'adonner à la lecture tout ému. Place à la lecture avec Sonia Zargayouna, Besma El Echi et Lobna Mlika qui ont lu un extrait de l'œuvre de Samia Amami intitulée «Sous X». En effet, Samia Amami est une auteur spécialisée dans l'écriture théâtrale mais aussi s'adonne à l'écriture de scénario de feuilletons pour la télé. En 2006,elle a publié son premier texte «El Moutawassitya». «Sous X» parlait donc d'une jeune orpheline, Nawras, (rôle incarné par Besma El Ech) qui, par hasard, rencontre Narjess, une cantatrice à succès. Elles deviennent, dès lors amies et nous dévoilent leurs vies pleines d'aventures douloureuses. Sonia Zargaouna, qui joue le rôle de la narratrice, nous précise le cadre temporel et spatial de la pièce. Ensemble, toutes les trois, nous narrent un récit rétrospectif, avec des histoires qui remontent à des dizaines d'années. Les trois protagonistes à la voix expressive nous déplacent dans le temps mais dans l'espace aussi et pointent du doigt une société injuste, où les relations homme-femme sont si complexes. La seconde partie de la rencontre a été consacrée à la présentation de Jalila Baccar, Bahram Aloui, Jamel Madani,Sonia Zargaouyan et Noômane Hamda d'un extrait tiré de la «Tour Du sel» du regretté Ali Mosbah. Diparu en 2005, ce dernier est considéré comme l'un des fondateurs du jeune théâtre national. Auteur de plusieurs pièces à l'instar de «taxi el gharam» et «L'été Carmen», il a aussi adapté des pièces mondiales comme «Caligula» d'Albert Camus et autres. «La tour de sel» est aussi une œuvre adaptée de «Quai Quest» de Bernard-Marie Koltès.On parlait dans la pièce d'un homme qui voulait à tout prix mourir: il décida donc de se jeter dans un fleuve, puis revenant sur sa décision, il se laissa conduire par une femme. L'extrait, bien bâti sur des dialogues en duo ou en trio, a été entrecoupé par des moments de silence et des pauses qui ravivent le dialogue et nourrissent le suspense... Un travail d'ensemble minutieux et soudé,sur les voix et sur l'intrigue, nous a plongés dans l'univers de ce mini extrait de la pièce. Les habitués des lectures pourront suivre la prochaine séance, le 22 avril, qui se consacrera à la lecture des extraits des œuvres de Ridha Boukadida et de Mohamed Driss.