Une rencontre, un message et de la création Comme partout dans le monde, tous les 27 mars, on célèbre la Journée mondiale du théâtre, une date qui a été fixée, en 1948, par l'Unesco, l'Institut international du théâtre et des personnalités du domaine théâtral pour célébrer le 4e Art. Le théâtre est une rencontre, une expérience qui se partage et la Journée mondiale du théâtre n'est pas que célébration de cet échange et cette communion entre les artistes créateurs et le spectateur; c'est aussi un stimulant pour encourager les relations internationales, une mise en œuvre de la pratique des arts de la scène et les différentes formes de créations artistiques A cette occasion, ici en Tunisie, les festivités de cette journée n'ont pas manqué. Le Théâtre national s'est bien préparé pour fêter le théâtre. Des activités et des pièces de théâtres, ont été proposées lors de cette journée et les jours qui les suivent. Dans l'après-midi du vendredi dernier donc, les fidèles du théâtre, intellectuels, acteurs professionnels et amateurs étaient là. Ils sont venus suivre la deuxième séance de lectures théâtrales conduites par la dramaturge et actrice tunisienne, Jalila Baccar, et la metteuse en scène Sonia Zarg Ayouna ainsi que d'autres jeunes acteurs. Des fragments de textes qui parlent du théâtre, le définissent, lui louent les vertus sur les esprits et mentalités ont été lus à tour de rôle par des voix expressives et touchantes. Des références à de grands auteurs tunisiens et étrangers qui ont marqué cet art, au fil des siècles par leurs réflexions et idées. La comédienne et dramaturge Jalila Baccar, n'a pas oublié de citer, au début de la rencontre, trois dates emblématiques qui ont marqué les hommes de théâtre et le théâtre tunisien. La première, quand on avait ignoré de célébrer la Journée nationale du théâtre fixée à l'époque le 07 novembre 1987, la seconde, datait de 2012, quand il y a eu l'attaque contre les artistes et intellectuels, un certain 25 mars et la dernière, le 27 mars 2015, quand le ministère de la Culture a choisi cette même date pour l'ouverture officielle de la foire du livre, ignorant la Journée mondiale du théâtre ! Les lectures se sont poursuivies, sautant à chaque fois d'une œuvre à une autre et d'une voix à une autre. On récitait des paragraphes extraits de plusieurs œuvres à l'instar de Brecht, Albert Camus, Moncef Charfeddine (Histoire du théâtre tunisien), Claude Régit, Federico Garcia Lorca, Marguerite Duras.... La rencontre a été entre autres animée par les voix jeunes de Lobna Mlika, Nejma Zghidi, Wissal Abidi, Mouna Hadj Zekri ... Le théâtre, école de la vie «Ces lectures ont pour principal objectif de se réunir ensemble, de partager, de chercher, se poser des questions....Pour moi c'est aller vers le spectateur, le titiller, l'intriguer, le pousser à réfléchir et à aimer le théâtre, à le faire rêver aussi. C'est de l'émotion qu'on dégage, à partir d'un mot, d'une réflexion, d'une idée...», nous a déclaré Lobna Mlika. Jalila Baccar, quant à elle, a espéré que toutes ces années perdues soient une véritable leçon de morale pour remédier aux problèmes du théâtre actuel... Cette initiative d'ailleurs, de lectures théâtrales, qui a été démarrée récemment, par Jalila Baccar, se veut comme un essai pour réconcilier le spectateur avec le théâtre et les arts de la scène, parce que le théâtre est avant tout, une pensée, un combat, une complémentarité entre le passé et le présent. La journée nous réservait encore des festivités. Pendant la soirée, ce fut autour du metteur en scène et acteur Ghazi Zoghbani de présenter en première au public la pièce de Théâtre intitulée «Plateau». Mais avant, le directeur du théâtre national, Fadhel Jaïbi, a partagé avec le public nombreux, le texte officiel de la Journée internationale du théâtre, un texte qui porte en lui beaucoup d'espoir et de propositions pour améliorer le secteur et rapprocher le spectateur du théâtre. Quant à «Plateau» produite par le Théâtre national et mise en scène par Ghazi Zoghbani c'est est une adaptation de la pièce du grand Jean Paul Sartre «Nekrassov». Jouée par une pléiade d'artistes tunisiens à l'instar de Fatma Saïdane, Najoua Zouhair et Mohamed Hassine Graïa, c'est une critique acerbe du traitement de l'information dans les médias tunisiens. S'inspirant des derniers événements qui se sont produits, on est face à une satire de la presse où l'on décrit les maux d'une société hypocrite et vicieuse, poussée par un esprit matérialiste sans aucun scrupule...La pièce reste aussi fidèle au texte de Sartre, elle reprend les mêmes événements et les mêmes personnages en les adaptant au contexte tunisien. Les festivités de la Journée mondiale ne s'arrêtent pas là, elles se poursuivent jusqu'au 31 mars avec des représentations, toujours dans la même salle du 4e Art. Quant à la pièce de Zoghbani, elle sera sur les planches prochainement dans un cycle de représentation les 10, 11 et 12 avril.