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«Ils ont essayé de nous enterrer, mais ils ne savaient pas que nous étions des graines» (Proverbe mexicain) Où sont passés les démocrates progressistes?
Nabil BEN AZOUZ C'est une question légitime à poser, tellement les démocrates progressistes paraissent presque absents du paysage politique. A croire qu'ils ne veulent pas ou n'osent pas gouverner ce pays ! Et dire qu'ils ont pourtant largement contribué par leur labeur, leur sueur et leur sang, à la construction de cette nation, de son histoire et de ses élites. Ont-ils à ce point honte de ce passé qui a priori ne passe pas ou sont-ils si polis et si modestes qu'ils ne veulent pas occuper les premières places et être ainsi sous les feux de la rampe? Mais, d'abord, qui sont ces démocrates progressistes? On y inclut les socialistes, les sociaux-démocrates, les communistes, les patriotes démocrates, les militants de la gauche indépendante, les modernistes, les laïques et tous ceux qui aiment ce pays sans avoir jamais été organisés dans une quelconque structure partisane mais qui sont contre toute forme d'intégrisme. A tous ces démocrates progressistes orphelins, qui ne se retrouvent pas entre deux partis dominants (l'un de droite de plus en plus ultralibérale et l'autre de droite conservatrice, voire extrémiste) et en face une gauche radicale sclérosée formant un patchwork intenable entre marxistes vieux jeu et nationalistes rêveurs, ils doivent penser à vite se retrouver en vue d'organiser les « Assises pour une refondation. Progressiste, démocratique, sociale et solidaire pour la Tunisie». Ils doivent le plus tôt possible combler ce vide sidéral, d'autant plus que les partis se disant du «centre» n'arrivent plus à réémerger. Ils doivent s'unir afin de lancer rapidement les Assises de ce «parti», alliance, front, alternative... ou autres. Le problème, actuellement, n'est pas dans la dénomination, car d'abord des préliminaires sont nécessaires et un état des lieux s'impose. Effectivement, une grande partie des citoyens tunisiens ayant une sensibilité sociale ne s'identifient plus à ces partis classiques, ce qui est dangereux, d'où la nécessité d'une nouvelle dynamique qui se proposera d'être : sociale, progressiste et démocratique, fière de son histoire et en rupture avec l'ancien système (Rcdiste et Troïkiste). Alliée mais en dehors du Front populaire avec qui ils pourront gouverner demain vu que cet allié naturel a, à notre avis, fait «le plein» des voix et ne peut espérer mieux. Enfin clairement antilibérale, donc le contraire du modèle Nida-Ennahdha-Afak-Upl. Cette alternative rassemblera tous ceux que nous appelons les «itama» (orphelins) de la mouvance progressiste, moderniste et modérée mais qui ne se retrouvent pas dans le Front populaire (mais prêts à faire du chemin avec lui), ne se reconnaissent pas dans Nida (pour lequel plusieurs d'entre nous ont voté), sont anti-Ennahdha aux idées très conservatrices, et qui hélas et avec amertume regardent hagards et tristes la «disparition» d'Al Massar et du Parti socialiste de Mohamed Kilani du paysage politique, en attendant l'explosion au vol du Front populaire. On y inclut aussi El Jomhouri de Najib Chabbi et Etakattol de Mustapha Ben Jaâfar (mais là, on parle des militants). Démocrates progressistes de mon pays, un boulevard s'ouvre devant vous... A vous de savoir comment faire. C'est même un devoir historique ! Pourquoi alors paraissez-vous si fatigués, si timorés, si inquiets et surtout si incapables de prendre des initiatives ? A priori, notre révolution encore inachevée paraît un habit lourd et ample à porter, tellement les bouleversements vous paraissent insaisissables, insurmontables et ardus. Vous devez, à notre humble avis, faire d'abord le bilan de nos échecs et de notre courte histoire post-indépendance afin de mieux comprendre d'où nous venons et où nous comptons aller, pour décider après des grandes priorités. Il est question de trois échecs : échec de l'autoritaire Bourguiba qui a réussi la reconstruction de la nation, mais a failli sur la question démocratique. Echec du dictateur Ben Ali qui a privatisé l'Etat et étatisé la société. Echec de l'islamisme politique de Ghannouchi qui a voulu détruire la Nation pour mieux la livrer à la Confrérie ikhwaniste. De la compréhension de ces échecs naîtra notre nouvelle nation... Les démocrates progressistes, qui n'ont jamais dirigé ce pays, doivent faire ce bilan et auront, s'ils le veulent ou s'ils le peuvent, un grand rôle à jouer pour réaliser la véritable alternative...encore introuvable ! Certes, la situation économique, politique, sociale, culturelle et sécuritaire du pays est des plus inquiétantes et on n'a toujours pas voté la loi antiterroriste (vote pourtant prévu depuis le 27 octobre 2014) et on n'a toujours pas trouvé les solutions idoines. En fait, le problème est en nous, car avant d'aller chercher des poux à l'impérialisme, au colonialisme, aux croisés, aux sionistes ou autres subterfuges, nous devons d'abord commencer par nous comprendre nous-mêmes, faire face ouvertement à tous les problèmes que nous vivons et surtout dire la vérité, toute la vérité et rien que la vérité à notre peuple, qui n'en peut, mais... Il est prêt à nous entendre ! Ne dit-on pas que pour soigner une maladie, il faut d'abord commencer par l'identifier ? Nous avons tous rêvé de «rupture» avec l'ancien système qui, hélas, tarde à venir. La tâche est certes immense et ardue, mais pas impossible à surmonter. Tout est question de volonté. Les vrais démocrates progressistes doivent assumer, être à la pointe du combat contre la déliquescence de notre pays, sortir du guet et surtout de leur tour d'ivoire pour espérer un jour gouverner le pays. Sinon qu'ils aillent à la pêche aux moules et se taisent à jamais... Jusqu'à quand allez-vous rester les adeptes du « on ne change pas une tactique qui perd»? Osez. Allez vers nos compatriotes et cessez de les mépriser en prétendant qu'ils sont ignorants et que la politique est une affaire tellement sérieuse qu'il ne faut pas la laisser aux gueux. «Le populisme du peuple n'est que la conséquence de l'élitisme des élites». Malgré cela nous disons quand même : citoyens, citoyennes, les démocrates progressistes de Tunisie n'ont jamais gouverné ce pays... donnez-leur cette chance !
