«Maseukeu», une exposition personnelle de Fatma Elouni (Tima) à l'Espace Aire Libre d'El Teatro : autant d'images qui se contemplent comme les séquences d'une fiction haut en couleur. D'une grande délicatesse, les tableaux de Fatma Elouni révèlent une parfaite maîtrise d'exécution, certainement pas étrangère, d'ailleurs, à la démarche artistique de l'artiste. Cette ancienne diplômée en architecture (Enau 2010) exposait en groupe depuis 2004. Elle a été primée lors du Printemps des arts de La Marsa en 2010. Pour cette première exposition personnelle «Maseukeu» ou Masque, elle présente des séries de petites toiles qui se contemplent comme les séquences d'une fiction haut en couleur. Inspirée par la culture asiatique et les loisirs créatifs, l'œuvre de Fatma Elouni (Tima) mêle onirisme, esthétique et objets du quotidien. Elle se focalise sur le thème des masques coréens qui font partie des traditions et de la culture coréennes. Les masques ont une symbolique importante dans l'histoire de la Corée : au moment des guerres, les soldats et les chevaux portaient des masques, à la mort d'un proche, on utilisait un masque dont les traits ressemblaient à ceux du défunt pour se souvenir de lui, les masques se portaient également dans le but de conjurer les mauvais esprits ou tout simplement pour danser et s'amuser. Aujourd'hui, ils sont essentiellement utilisés en tant qu'accessoires de théâtre, ou comme objets de décoration. A travers les œuvres de Fatma Elouni, on découvre donc, ce thème servi par une peinture figurative élaborée et précise. Elle représente des morceaux de réalité, qu'il s'agisse de portraits (Masques représentant divers visages réels ou fantasmés), de fragments du corps, de moments intimes ou d'objets qu'elle met en scène de manière théâtrale. Il y a donc comme une double représentation : celle des objets ou des visages et celle qui se joue dans la toile même, qui devient alors un espace où semblent se jouer d'étranges scènes, pas aussi simples qu'elles n'y paraissent. En effet, on s'interroge sur les liens qui unissent les objets et les personnages, au-delà des apparences. L'artiste joue avec les effets de contrastes entre les choses et les figures qu'elle représente et les décors sur lesquels elles se découpent de manière très nette. La couleur joue un rôle important pour délimiter les différentes zones picturales leur conférant un caractère quelquefois abstrait et intemporel. S'organise ainsi un jeu sur la forme et le fond, le cadre et la fenêtre, la perspective et le plan : l'espace pictural et l'espace théâtral se trouvent alors intimement mêlés visuellement et le spectateur peut se laisser aller à imaginer, à inventer des histoires où les protagonistes jouent un jeu qui ne laisse pas indifférent. Les références à l'art coréen, la culture et même le cinéma sud-coréen qui est également évoqué, permettent d'établir des connivences avec le visiteur «à travers ces masques figés, intrigants, ces scènes simples et complexes à la fois, ces atmosphères épurées, sensuelles, spécifiques, je partage avec vous ces moments de la nouvelle vague du cinéma sud-coréen qui vous transportent vers un monde inconnu...je deviens l'auteur, les acteurs, c'est vous-mêmes», écrit l'artiste à propos de son travail. Des œuvres qui ne manquent guère d'originalité ni de subtilité ; à voir de près jusqu'au 18 mai prochain.