Par Samira DAMI C'est demain que débute le 16e Festival arabe de la radio et de la télévision (du 11 au 16 mai à Hammamet) qui, cette année, s'ouvrira sur les chaînes privées, les sociétés de production et les professionnels des médias entre créateurs, producteurs, réalisateurs, techniciens et distributeurs. Cela outre les chaînes étrangères de radio et de télé émettant en langue arabe. Voilà une ouverture qui montre que les parties organisatrices, en l'occurrence l'Union de radiodiffusion des Etats arabes ou ASBU (Arab States Broadcasting Union), avec la contribution des établissements publics tunisiens de radio et de télé et en partenariat avec Arabsat, sont désormais conscientes que le paysage audiovisuel arabe s'est complètement transformé avec l'irruption d'une kyrielle de chaînes arabes privées et d'autres étrangères ciblant le public arabe et la multiplication des sociétés de production privées. Car limiter cette fête aux chaînes publiques, c'est non seulement être déconnecté de la réalité du paysage audiovisuel arabe mais afficher aussi une vision réductrice qui exclurait éventuellement des professionnels méritants et pourquoi pas de réels talents entre réalisateurs, créateurs et techniciens. C'est pourquoi l'on suppose que le festival, qui était bisannuel, adoptera désormais une fréquence annuelle tant il existe un foisonnement d'émissions de tous genres. Il est normal, donc, que cette ouverture sur les chaînes privées s'accompagne d'un grand marché des productions de fiction et de documentaire. Et c'est là l'enjeu capital de cette manifestation. Car, outre la compétition entre les divers genres d'émissions d'information (reportages, débats, journaux télévisés), de fiction et autres, le festival doit avoir la vocation d'un marché où les professionnels se rencontrent pour visionner, échanger, négocier des coproductions de fiction, vendre et acheter des droits de feuilletons, téléfilms, pièces dramaturgiques, etc., afin d'ancrer une véritable industrie de production de fictions télévisées et radiophoniques arabes. Plus de visibilité Mais qu'en sera-t-il des productions de fiction tunisienne, lesquelles sont, dit-on, handicapées par la langue dialectale utilisée ? C'est ce qu'avancent, en tout cas, notamment les Egyptiens, justement pour ne pas acquérir les fictions tunisiennes. Or, cela n'est qu'un faux prétexte car à l'instar du public tunisien, ceux des pays du Moyen-orient et du Golfe peuvent faire l'effort de comprendre notre dialecte. Il est vrai que les chaînes locales publiques et privées de radio et de télé devraient également produire des fictions en arabe littéraire à la portée afin de s'imposer et d'arracher une place dans le marché de la fiction arabe et avoir, enfin, une visibilité dans le monde arabe. Car avec la floraison de chaînes publiques et privées arabes, les fictions tunisiennes ne peuvent rester éternellement en marge sans débouchés, ni marché. Ce qui est évident, c'est que le marché du festival arabe de la radio et de la télé devrait constituer une opportunité pour les opérateurs arabes qui œuvrent dans le domaine de l'audiovisuel pour tisser et raffermir les liens pour l'émergence d'une réelle industrie de productions radio et télé, notamment de fiction, dans un environnement compétitif sain afin de booster et d'améliorer les produits, et de favoriser la révélation de réels talents dans ce domaine.