Un constat qui en dit long sur la dégradation de l'enseignement public Plus de 40 mille élèves du primaire sont inscrits dans des écoles privées. Un constat qui en dit long sur la dégradation de l'enseignement public et la défaillance du niveau de scolarité qui poussent les parents à se rabattre sur le privé. C'est ainsi qu'un système concurrentiel a pris place, opposant un système éducatif décadent et un autre privé plus compétitif. Vaut-il mieux inscrire son enfant dans une école privée pour lui assurer toutes les chances de réussite dans ses études ? On a relevé qu'un élève du privé parle couramment une deuxième langue, en l'occurrence le français, ce qui est loin d'être le cas pour un élève relevant de l'école publique. Les défaillances du public Les problèmes dans lesquels se débattent les écoles publiques ont eu un impact négatif sur le niveau de scolarité des élèves. L'investissement sur l'éducation est une priorité pour les parents dont nombreux d'entre eux sont décidés à placer leurs enfants dans des écoles privées pour leur garantir une bonne scolarité, même si cela revient cher. Les familles aux revenus moyens consentent d'énormes sacrifices pour inscrire leurs progénitures dans le privé parce qu'ils ont perdu confiance dans l'enseignement public, et ce, sans compter les dépenses supplémentaires en garderies, cantines, fournitures, manuels parascolaires, etc. Outre la qualité de l'enseignement proposée par le privé, parmi les facteurs qui poussent les parents à s'orienter vers l'enseignement privé, des classes plus aérées. Le sureffectif des classes dans les écoles publiques qui dépassent parfois les 30 élèves rend difficile la gestion du cours par l'enseignant. Alors que dans les écoles privées, le nombre que compte une classe ne dépasse pas 20 élèves. Parmi les défaillances du système public, les revendications sociales des enseignants provoquant des grèves à répétition ainsi que le manque de qualification de certains instituteurs ont contribué aussi à la dégradation qualitative de l'enseignement public et les parents lorgnent de plus en plus vers le privé comme alternative à une meilleure éducation possible pour leurs enfants. Il y a aussi l'insalubrité des établissements scolaires publics (sanitaires désuets, toits en mauvais état, cour non aménagée pour les élèves) qui constitue un autre motif de désaffection du public. Il est à noter que le ministère de l'Education Nationale a d'ores et déjà entamé les travaux d'aménagement de ces établissements, moyennant un budget de l'ordre de 114 millions de dinars alloué au titre de 2015. 48% d'élèves dans le privé Selon le Pr Karim Ben Kahla, auteur de « Le système éducatif peut être défini comme le lieu où l'on enseigne et où l'on pratique l'art de la rencontre », Albert Jacquard, «Mon utopie», p.163, Stock, 2006) «Ces ratés qui se sont lentement accumulés faisant de beaucoup de nos jeunes des têtes mal faites et assez vides, des proies faciles à l'endoctrinement. Une école qui vit par et pour le diplôme, devenu alibi pour la reproduction et l'aggravation des inégalités sociales, une caserne qui se rêve en usine efficace de production d'autre chose que de chômeurs et qui passe à côté de son rôle d'institution centrale de la République et de préparation à la citoyenneté». Par ailleurs et pour rappel, au cours de la saison scolaire 2008-2009, le nombre d'élèves dans les écoles privées était de 18.556. Les établissements privés sont passés de 84 entre 2008-2009 à 191 en 2014. Il en est de même du nombre des enseignants dans les écoles primaires privées. Il est passé de 1.363 enseignants à 3.351. Le nombre d'élèves scolarisés en première année primaire a augmenté de 10% en 5 ans (2009/2013) dans le dispositif public, contre 48% dans l'enseignement privé.