Comme à l'accoutumée, parents et enseignants se rencontrent après chaque trimestre pour discuter des différentes questions relatives à la scolarité des élèves (collégiens et lycéens). La semaine qui suit les vacances est généralement réservée à la tenue des différents conseils des classes, après quoi, les bulletins de notes seront envoyés aux parents d'élèves qui seront invités par la même occasion à se présenter à l'établissement le jour convenu en vue de rencontrer les professeurs de leurs enfants. Cette rencontre qui se tient deux fois par an, (la première après le 1er trimestre, la seconde après le 2è trimestre) est devenue une tradition qu'on doit encourager et consolider tant qu'elle constitue une occasion favorable au dialogue. Cependant, l'expérience a montré que la plupart des parents qui se présentent à cette réunion sont ceux dont les enfants sont d'excellents ou de bons élèves. Par contre, ceux des élèves moins bons (médiocres, paresseux, cancres et turbulents) ne se manifestent que rarement. Pourtant, c'est de ces derniers que les profs ont surtout besoin pour discuter ensemble des défaillances de leurs enfants et des moyens susceptibles de les racheter. Car ce sont ces élèves qui posent des problèmes de comportement : ils sont souvent trop bruyants, distraits, insolents, agressifs... Ce qui influe négativement sur leur rendement scolaire. L'absence de ces parents à cette réunion trimestrielle s'explique par le fait que certains enfants reçoivent le bulletin des notes directement du facteur et s'arrangent de sorte à le cacher à leurs parents pour échapper aux réprimandes et aux critiques. C'est que les bulletins ne sont pas envoyés aux parents par lettre recommandée, c'est pour cela qu'ils tombent facilement dans les mains des enfants, alors qu'ils sont adressés strictement au parent ou au tuteur de l'élève. Pourtant, l'élève est censé avoir apporté lors de son inscription cinq enveloppes timbrées dont deux sont affranchies d'un timbre de la valeur d'une lettre recommandée ! Allez savoir pourquoi l'administration de l'école n'effectue pas d'envois recommandés pour que les parents puissent recevoir les bulletins à temps et en mains propres ! Mais il y a des parents, non satisfaits des résultats de leur enfant, qui s'abstiennent de venir à cette réunion, sachant que de telles rencontres ne changent pas grand-chose tellement il n'a plus confiance ni en son enfant ni en l'institution scolaire en tant que telle !
Responsabilités diluées Il est normal que la plupart des parents viennent parler des notes et des moyennes que leurs enfants ont obtenues dans les différentes disciplines et les profs sont là pour répondre aux différentes questions scolaires qui préoccupent ces parents et essaient avec eux de trouver les remèdes nécessaires à tel ou tel problème. Et, en général, les solutions sont vite trouvées quant il s'agit de parents compréhensifs et coopératifs. Mais la plus grosse difficulté tient à la mauvaise communication avec certains parents qui portent des préjugés sur l'institution scolaire et sur le cadre enseignant et qui mettent en cause tout le système éducatif pour la simple raison que leur fils ou fille n'a pas eu de bonnes moyennes ! C'est avec cette mentalité que certains parents gèrent l'échec ou le succès de leurs enfants ; si nos enfants réussissent, c'est grâce à leurs parents, s'ils échouent, c'est à cause de ces profs qui ne font pas bien leur boulot ! Sans parler des conciliabules qui se tiennent entre parents d'élèves pour montrer tel ou tel prof du doigt ! Le pire est que certains parents s'immiscent parfois dans la pratique et dans les spécificités du métier de l'enseignant qu'ils ne connaissent pas vraiment ! Et c'est ainsi qu'enseignants et parents se mettent à se renvoyer la balle: « les parents n'exercent plus leur pouvoir sur leurs enfants », vous diront les uns. « Ce sont les profs qui n'ont plus d'autorité sur leurs élèves », vous diront les autres. Des accusations de part et d'autres qu'il faut absolument éviter parce qu'elles sont inutiles. Cependant, il faut bien comprendre les uns et les autres : les enseignants ont beaucoup d'élèves à gérer et ce n'est pas toujours facile de faire avancer tout le monde de la même façon pour diverses raisons (classes hétérogènes, conditions de travail...) ; les parents, eux, ne sont plus toujours disponibles à superviser régulièrement la scolarité de leurs enfants en raison des contraintes sociales et professionnelles souvent très lourdes. Quel parent ne souhaite pas, malgré tout, de meilleurs résultats pour son enfant et surtout un grand succès à l'école ? Quel prof ne cherche pas à assurer la bonne formation et la réussite à tous ses élèves ? Il y va de sa compétence et de son estime au sein de son établissement, auprès de ses élèves et aux yeux de leurs parents. Et puis, les enseignants auraient tout intérêt à réaliser qu'après tout les parents ne sont pas leurs ennemis. Tant que les bonnes intentions existent des deux côtés (parents-enseignants), pourquoi ne conjugue-t-on pas les efforts de tous pour le bien de l'élève, au lieu de passer son temps à des accusations réciproques qui ne sont bonnes qu'à envenimer la situation?
Solutions immédiates Cette réunion de fin de trimestre constitue un forum très intéressant dont peuvent profiter parents et enseignants pour débattre de l'avenir des enfants et de l'institution scolaire en général. Plus les parents et les enseignants se parlent et mieux c'est pour les enfants. Pensons donc ensemble aux multitudes problèmes dont souffre le système éducatif et qui exigent des solutions immédiates. Il est grand temps de se pencher sur les difficultés scolaires rencontrées par un grand nombre d'élèves au collège comme au lycée. Le rôle de l'enseignant ne consiste pas seulement à présenter aux parents un mauvais rapport concernant ces élèves en difficultés. Les « c'est un mauvais élève, nul et paresseux ! » sont des jugements que les parents se lassent d'entendre ; c'est comme si un médecin se contentait de vous signaler la maladie, sans vous inscrire le médicament pour la guérir ! Les parents ont besoin plutôt d'être éclairés sur les mesures qu'ils devraient prendre, ils ont besoin de solutions palpables pour sauver leurs enfants en détresse ! Ce sont les profs qui sont en mesure, plus que d'autres, de les conseiller et ce, en fonction des capacités et des prédispositions des enfants en question. A quoi bon perdre son temps à faire des études au collège ou au lycée sans jamais pouvoir obtenir sa moyenne ? A quoi bon servir de rester toujours menacé de redoublement ou d'exclusion ? Pourquoi faut-il être toujours à la merci d'un rachat pour passer d'un niveau à un autre supérieur ? Dans tous ces cas ou d'autres plus désespérés, en tant que profs, ils peuvent convaincre les parents de la nécessité d'orienter leurs enfants vers des branches techniques et professionnelles, peut-être qu'ils y trouveront mieux leur vocation ! La nouvelle version des écoles préparatoires techniques qui ont ouvert leurs portes depuis l'année dernière leur conviendrait peut-être mieux. Une campagne menée au sein des écoles pourrait encourager tant d'élèves, peu ou non disposés à suivre leurs études dans des filières longues, à opter pour l'une des dizaines de spécialités proposées par ces nouvelles écoles techniques professionnelles. Notre pays a vraiment besoin de ces petits métiers !