«La famille Bélier» réalisé par Eric Lartigau, sorti en 2014 avec Louane Emera (César du meilleur espoir féminin) à L'Agora. Un film qu'on aura vu et... aimé. Documentaires, comédies, blockbusters, hommages, conférences et débats... L'espace L'Agora, cet agréable lieu d'échange et de culture, continue à offrir au public une programmation alléchante et variée afin de répondre à tous les goûts. Côté cinéma, et après avoir été reporté la semaine dernière pour des raisons techniques, le film franco-belge «La famille Bélier» tant attendu dans nos salles a été projeté dimanche dernier au grand plaisir des cinéphiles. Le film est une surprise, par son sujet, d'abord, qui est la surdité rarement évoquée dans le cinéma. Par sa forme, ensuite, qui, même si elle convoque un peu une atmosphère particulière, évite la représentation-cliché, généralement associée au handicap. Et, enfin, par son casting : «Paula campée par la jeune française Louane Emera repérée dans l'émission The Voice, et en laquelle le réalisateur Eric Lartigau semble avoir trouvé l'interprète parfaite pour le rôle». Ancienne participante de la version française de l'émission The Voice, Louane Emera pétille au cœur de ce film. Son rôle d'adolescente qui, devant s'occuper de ses parents et son frère sourds, concilier travail à la ferme familiale, école et surtout son rêve de chanter, lui a valu le César du Meilleur espoir féminin en février 2014. Le film est donc basé sur le portrait d'une adolescente tiraillée entre le quotidien des jeunes de son âge (les amours, les rêves, les angoisses...) et les responsabilités qu'elle doit assumer pour aider ses parents (magnifiques Karin Viard et François Damiens) et son frère (Luca Gelberg) tous sourds-muets (elle gère les appels téléphoniques professionnels, échange avec les clients au marché du village, etc.). Néanmoins, le film offre une bonne dose d'humour servie par le caractère direct du langage des signes qui nous offrent des séquences et des situations comiques et divertissantes. Cependant, dotée d'une belle voix jusque-là inexplorée, Paula se passionne pour le chant (le film rend hommage à Michel Sardou), qui, dès lors, marque son exclusion du groupe familial. Mise de côté par ses parents qui ne comprennent pas son engagement et rejettent l'idée qu'elle puisse les quitter pour aller étudier le chant dans un conservatoire à Paris, l'adolescente doit finalement faire le cheminement de l'acceptation de sa différence. On assiste, alors, à de troublantes confessions, comme celle où la mère sourde exprime son dégoût des «entendants», la colère du père qui voit en cette nouvelle passion de sa fille et son départ du domicile familial une sorte de trahison. L'histoire est touchante et les rebondissements sont inattendus. Le film sera visible encore une fois le 25 mai à partir de 19 heures.