Ces Tunisiens sont décidément incorrigibles. En octobre 2011, ils ont voté en masse, pensant que l'assemblée et le gouvernement qui en seront issus seront en mesure de résoudre leurs problèmes. Ils en furent pour leurs frais. Aujourd'hui, ils se passionnent pour ce fameux remaniement, espérant que le nouveau gouvernement aura la main plus heureuse que le précédent. On saura faire appel aux meilleurs pour résoudre les problèmes du pays, pensent-ils. Cela fait quatre mois qu'on attend et pourtant, on ne voit rien venir. Tels les mirages du désert, les remaniements à la tunisienne s'éloignent à mesure qu'on avance. La nouvelle formation du gouvernement devait être annoncée avant la fin de l'année. Elle a dû être repoussée pour des raisons techniques au « début de l'année 2013 », pour être ensuite reportée d'une semaine. Finalement, c'est le chef d'Ennahdha qui viendra nous annoncer un nouveau report pour le 22, c'est-à-dire ce mardi. A 24 heures de l'expiration de cette échéance, voilà qu'on nous annonce un énième report en raison de « la poursuite des négociations avec les différents acteurs politiques concernés ». C'est le Chef du gouvernement en personne qui le dit.« Je continue de recevoir les réponses des différentes parties politiques concernées par les concertations et procèderai, au cours de cette semaine, à l'annonce, "en toute transparence » des réponses reçues et des résultats des concertations », a-t-il expliqué. Ce qu'il ne faut pas confondre par l'annonce de la nouvelle formation. Interrogé sur l'apport des ministres susceptibles d'intégrer le gouvernement au cas où les élections sont organisées en juin, M. Jebali a soutenu que : « si pour être efficace, le gouvernement requiert des changements, cela se fera indépendamment du temps qui reste à l'actuel gouvernement ». Il y fort à parier que ce gouvernement ne verra pas le jour avant la fin du mois. Et surtout, il ne faudra pas en attendre des miracles. Ce sera au mieux un gouvernement plus ramassé, histoire de donner le change, mais qui sera une réplique de l'ancien avec les mêmes têtes aux postes-clés, avec le même souci de partager le gâteau entre une troika sans doute ouverte à quelques indépendants, avec les mêmes objectifs et les mêmes travers parer au plus pressé en attendant les élections.