Marrakech – De notre envoyé spécial ? La Tunisie officielle tourne-t-elle le dos au continent africain en dépit des discours enflammés de ses dirigeants de renouer avec l'Afrique sub-saharienne. Après Addis Abéba, où la Tunisie a brillé le weekend dernier par une très faible représentation au 50éme anniversaire de l'Union Africaine, c'est aussi à Marrakech où se sont ouvertes ce lundi les48èmes assemblées annuelles de la Banque africaine de développement (BAD) et ses multiples activités parallèles. Pas de 2800 participants, représentant, 72 pays membres (ministres, hauts fonctionnaires et banquiers), et dirigeants de grandes organisations, institutions financières et compagnies, se trouvent déjà à pied d'œuvre au Palais des congrès, dans cette magnifique palmeraie. Dans les salles de séminaires, comme dans les salons des hôtels avoisinants ou en réunions fermées, contacts, échanges, discussions et négociations s'engagent intensivement. Où sont les représentants officiels de la Tunisie ? La délégation qui sera conduite par le ministre du Développement régional et de la coopération internationale, Lamine Doghri, ne comprend en outre que deux membres. Le ministre est annoncé à Marrakech, en milieu de semaine, juste pour les réunions des Gouverneurs, jeudi et l'assemblée générale, vendredi. Quant à ses deux collaborateurs, ils seront seuls pour couvrir tant de manifestations aussi importantes, les unes que les autres. u'on s'estime heureux, nous signale-t-on. L'année dernières, lors des assises d'Arusha (Tanzanie), la délégation tunisienne ne comprenait qu'un secrétaire d'Etat (Alaya Bettaieb) et une haute fonctionnaire. Des entretiens fructueux Kabéruka - Laarayedh Cette attitude est d'autant plus surprenante que le président de la BAD, Dr Donald Kabéruka, avait été chaleureusement reçu, la semaine dernière à la Kasbah par le chef du gouvernement Ali Laarayedh, et avait été invité la veille à déjeuner par le ministre des Finances, Elyès Fakhfakh et le gouverneur de la Banque centrale, Chedly Ayari (Lamine Doghri était au Takajistan où se tenaient les réunions de la Banque Islamique). Les entretiens, apprend Leaders étaient aussi cordiaux qu'approfondis. Laareyedh avait laissé au président de la BAD une image très positive, très bien briefé et très tenace sur les attentes de la Tunisie. Fakhfakh et Ayari aussi.
Les enjeux pour la Tunisie ne manquent pas. Les Gouverneurs de la BAD auront à statuer jeudi à Marrakech sur les dispositions finales relatives au retour de la BAD à son siège à Abidjan » Dans cette dernière ligne droite, beaucoup se joue encore à Marrakech. Mais, il n'y a pas que cet aspect, quasi- ficelé. La présentation de différents rapports, les ateliers thématiques organisées et les panels de discussion avec de grands décisionnaires et d'éminents experts offrent une précieuse opportunité pour tirer meilleur profit de la BAD et de ses partenaires. La composition du nouvel index de croissance inclusive, les nouveaux mécanismes de soutien au développement du secteur privé, les perspectives de l'économie verte, l'état du développement économique du continent africain, l'implication des TICs dans l'éducation, et bien d'autres thèmes qui rivalisent d'intérêt pratique. Quel dommage de ne voir aucun de nos officiels y prendre part cependant. Une seule consolation, la participation, à titre personnel, de certains consultants et experts tunisiens.
Taooufik Habaieb
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