Après quatre grandes manifestations historiques au Bardo depuis le 6 août, la dernière samedi, l'opposition, résolue à faire partir le gouvernement de la Troïka, accentue sa pression. Dès ce lundi, un sit-in marqué par une grève de la faim de quatre Constituants au moins commencera à la Kasbah, sous les fenêtres du chef du gouvernement. Hamma Hammami promet au nom du Front Populaire une montée en puissance encore plus forte avec la mobilisation des régions. Quant à Samir Bettaieb, élu d'Al Massar et l'un des principaux leaders du sit-in au Bardo, il réitère que ses collègues et lui ne lâcheront pas prise tant que le gouvernement d'Ali Laarayedh ne présente pas sa démission pour permettre d'amorcer le dialogue avec la Troïka sur l'ensemble des autres points. Cette accentuation intervient alors que les concertations menées par l'UGTT et ses partenaires avec les deux camps ont avoué leur échec total, après plusieurs rounds infructueux et au moment où la présidence de la Républqiue se mure dans un profond silence.
Face à ce blocage, en raison essentiellement d'une crise de confiance profondément mutuelle, Houssine Abbassi, a annoncé que le quartet formé par les deux centrales syndicale et patronale, la LTDH et l'Ordre des Avocats sera amené à formuler une proposition d'ensemble à soumettre aux différentes parties concernées. Un exercice bien difficile auquel peu ont accepté de se hasarder. Le président de la République provisoire, Moncef Marzouki, avait promis de s'y mettre à l'issue des entretiens qu'il avait engagés fin juillet. Malgré l'urgence de la situation, il avait indiqué à ses visiteurs qu'il réunira les chefs de partis, juste au lendemain de l'Aïd pour leur présenter une proposition de compromis. Rien de tel n'a été fait à ce jour, Carthage ne semble pas depuis lors prendre la moindre initiative. L'habilité d'Ennahdha Mais, quarante jours après l'assassinat de Mohamed Brahmi, mais aussi des 8 militaires sauvagement tués au Chaambi, l'onde de choc provoquée par ces meurtres ne semble pas avoir été suffisante pour amener la coalition au pouvoir à en tirer les enseignements qui s'imposent. Dès le 29 juillet dernier, l'UGTT et l'UTICA ont fait de la désignation d'un gouvernement de compétences nationales une principale revendication, assortie de la limitation du mandat et des compétences de l'Assemblée nationale constituante, la fixation de la date des élections, la révision de toutes les nominations décidées, etc.
Rejointes en cela par la LTDH et l'Ordre des Avocats, mais aussi nombre de partis de l'opposition, ces deux puissantes centrales qui se trouvent pour la première fois de leur histoire en totale convergence qui plus est contre le gouvernement en place, devaient faire aboutir ces revendications. Rapidement et en toute habilité, Ennahdha au lieu de négocier directement de ce quarter, en a fait un médiateur avec l'opposition. Jusqu'où peuvent aller l'UGTT et l'UTICA? Maintenant, le blocage de cette médiation laisse tout le monde le dos au mur. Quelle marge manœuvre reste effet à l'UGTT et l'UTICA' La première n'ira pas pour une grève générale et la seconde n'annoncera pas une rupture avec le gouvernement en place. L'opposition qui doit cependant sceller sa solidarité durcit le ton avec ce sit-in à la Kasbah, mais en jouant contre la rue, la partie risque de se prolonger davantage sans trancher rapidement contre Ennahdha. Quant à la Troïka, elle ne perd pas de vue la date fatidique du 23 octobre prochain et cherche, surtout sa composante Ennahdha, sur « les conseils de nombreux amis étrangers », une sortie honorable.
« Derrière les déclarations enflammées et les positions extrémistes se cache en effet un processus de négociations en coulisse à la recherche d'arrangements globaux acceptables de part et d'autre », révèle à Leaders une source généralement bien informée. Espérons-le, ça sera le meilleur scénario pour éviter la confrontation et une escalade de la violence.
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