•Aujourd'hui, une autre réunion entre les médiateurs et la Troïka Les acteurs du dialogue national ne brusquent pas les choses et ne se hasardent pas à s'engager prestement dans un processus qui sauverait le pays. Les organisations nationales, l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), l'Union Tunisienne de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat (UTICA), la Ligue Tunisienne de Défense des Droits de l'Homme (LTDH) et le Conseil National de l'Ordre des Avocats, parrainant le dialogue national poursuivent inlassablement leur rôle de médiateur pour concilier et rapprocher autant que possible les antagonistes de la Troïka au pouvoir et l'opposition, à la recherche d'une solution à la crise politique qui ne cesse de perdurer depuis l'assassinat du martyr Mohamed Brahmi, le 25 juillet dernier. Ces organisations ont tenu, hier matin, une réunion au siège de l'Union des Syndicats du Maghreb Arabe (USMA), avec les principales composantes de l'opposition. Le Front populaire y était représenté par son porte-parole Hamma Hammami et Mohamed Jemour, secrétaire général adjoint du parti des Patriotes Démocrates Unifié(PPDU). L'Union pour la Tunisie y était représentée par Taïeb Baccouche, ancien secrétaire général de l'UGTT et actuel secrétaire général de Nida Tounès, Samir Taïeb, porte-parole d'Al-Massar et Ahmed Néjib Chebbi, président de la Haute Instance politique du parti Al-Joumhouri. L'Alliance Démocratique y participait par la personne de son secrétaire général Mohamed Hamdi. Au sortir de la réunion, les participants étaient avares de déclarations. La consigne était à la discrétion. Les contre-propositions de l'opposition seront soumises aujourd'hui, à la Troïka. Un dimanche déterminant dans l'issue de la crise. Mohamed Jemour, secrétaire général adjoint du PPDU, a précisé au Temps, que les organisations parrainant le dialogue national ont présenté les propositions de la Troïka. L'opposition a formulé sa position et avancé des propositions concrètes. « Nous avons formulé des propositions concrètes dans le cadre de l'initiative de l'Union Générale Tunisienne du Travail que nous avons acceptée. Reste à l'autre partie de faire de même. Nous avons été positifs et avons montré que nous ne voulons pas que la crise se poursuive ». Les propositions de la Troïka ressemblent à celles du discours d'Ali Laârayedh. Me Boubaker Bethabet secrétaire général du Conseil de l'Ordre des Avocats confirme au Temps que la réunion a rassemblé les partis qui représentent la plus grande frange de l'opposition, le Front de Salut et l'Alliance Démocratique. Les propositions de la Troïka y ont été examinées. Elles ont été considérées comme ne répondant pas aux exigences de l'initiative de l'UGTT. De nouvelles propositions ont été formulées. Elles seront transmises à la Troïka. « En dépit des difficultés des négociations, on commence à se rapprocher. Espérons que tout le monde soit à la hauteur des responsabilités et de l'évènement », dit-il. Me Abdessattar Ben Moussa, président de la Ligue Tunisienne de Défense des Droits de l'Homme (LTDH) a quitté la réunion avec le sentiment que les positions de la Troïka et de l'opposition sont encore éloignées les unes des autres. « Les choses avancent lentement. Nous avons entendu les remarques et les contre-propositions de l'opposition. Nous les transmettrons à la Troïka ». Ce marathon de discussions séparées va-t-il s'éterniser ? Certains milieux proches des négociateurs ne sont pas très optimistes. Toutefois, Ennahdha peut à la dernière seconde consentir les concessions salutaires. Le plus grand problème est celui de la démission du Gouvernement. La Troïka veut la reporter dans le temps. Ali Laârayedh avait parlé de la date du 23 octobre. Dans la dernière proposition de la Troïka parle du 29 septembre. La pression de la Rue, à l'instar de la chaîne humaine qui a relié hier la Place de La Kasbah à celle du Bardo, pourrait produire son effet. Pour beaucoup d'observateurs Ennahdha mise sur l'essoufflement des mouvements de contestation. Avec l'absence d'horizons clairs, certains commencent à désespérer des négociations. Les sitinneurs ne voient pas d'issue rassurante. Pour le président de la LTDH, « le plus important est que nous œuvrons pour trouver un consensus. La situation du pays est très grave. Sans consensus, elle ne fera qu'empirer ». Le déficit de confiance se pose encore entre les différents protagonistes. Hamma Hammami déclarait avant-hier à la chaîne NessmaTv, que la proposition de la Troïka vise à torpiller l'initiative de l'UGTT. La Troïka avait proposé 4 points à savoir : engagement solennel du gouvernement à démissionner le 29 septembre 2013 ; démarrage du dialogue national, la semaine prochaine, pour se poursuivre pour une durée de 3 à 4 semaines au plus tard avec un consensus sur une personnalité nationale à la tête du gouvernement et ses membres ; reprise des travaux de l'ANC avec le démarrage du Dialogue national et engagement d'approbation de la Constitution au plus tard au 29 septembre 2013, date d'annonce du nouveau gouvernement et enfin concentrer les travaux de l'ANC uniquement sur l'élaboration de la Constitution, la Commission électorale, la loi électorale et la fin des travaux de l'ANC le 23 octobre 2013. Finira-t-on par trouver une synthèse qui mettra d'accord tous les protagonistes de la scène politique ? Les prochains jours le diront.