Les Tunisiens n'ont pas fini de manger leur pain noir. Les élections qu'ils attendaient pourraient bien ne pas avoir lieu. Dans une interview à la chaîne Nessma diffusée lundi soir, le président de Nidaa Tounès, Béji Caid Essebsi a accusé Ennahdha et Ettakattol de vouloir éliminer leurs adversaires politiques en reprenant dans la loi électorale les dispositions de la loi N°15 de 2011 sur l'inéligibilité de toutes les personnes qui avaient occupé un poste de responsabilité au sein de l'ex RCD ou occupé un poste ministériel sous Ben Ali. «Si cet article passe en plénière, il n'y aura probablement pas d'élections» a prévenu M. Caid Essebsi. «Quand on veut organiser des élections démocratiques, il faut éviter tout ostracisme et laisser le peuple se prononcer en toute liberté sans rien lui imposer». Prié de dire s'il est candidat aux élections présidentielles, le président de Nidaa Tounès s'est contenté de répondre: «êtes-vous sûr que les élections vont avoir lieu?».
Nous voilà donc revenus à la case départ. En cas de boycott par Nidaa, que vaudraient ces élections en l'absence de l'un des deux principaux partis du pays Il est vrai que par leur empressement à faire passer cette loi d'exclusion, alors que celle de la justice transitionnelle ne demandait qu'à être activée, les partis de l'ex majorité auxquels les sondages n'accordent que 2 ou 3 % des intentions de vote ne pouvaient que donner prise aux accusations de «Si Béji». Curieusement, BCE a qualifié ses relations avec Rached Ghannouchi de «civilisées» et de «cordiales» et blanchi Ennahdha de toute connivence avec la confrérie des Frères musulmans.