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Walid Bel Hadj Amor: Gouvernement cherche boussole (Vidéo)
Publié dans Leaders le 28 - 09 - 2015

Le gouvernement avance sur l'élaboration de la note d'orientation stratégique du plan 2016-2020, qui est parue dans sa version provisoire. On peut s'étonner du délai pris pour la préparation de cette note, alors que les partis de la coalition gouvernementale sont supposés avoir fait ce travail dans le cadre de la campagne des législatives.
Mais, depuis, les équipes ont été appelées à d'autres charges, à moins que ce document ne se réclame d'une autre légitimité que ceux préparés par les partis.
Dans une première lecture, le gouvernement propose le passage d'un modèle économique qui a conduit à fabriquer de l'exclusion à un modèle inclusif et durable. Résumée ainsi, la proposition qui en découle est pour le moins prometteuse. Toutefois, on peut relever que ce document, d'une portée éminemment politique, est resté très technique à en devenir, parfois, lourd et indigeste. En effet, le document se transforme très vite en un catalogue d'objectifs, et finit par ressembler à un programme de campagne électorale. A vouloir être exhaustif, il est difficile d'éviter de se noyer dans le superficiel.
Pourtant, l'expérience montre qu'un gouvernement, quel qu'il soit, est rarement en mesure de mener plus d'une grande réforme par an. Une réforme est un vaste chantier de transformation d'un secteur, qui englobe plusieurs révisions législatives et institutionnelles, nécessitant ordonnancement et planification. Il aurait fallu se fixer un cap au-delà de 2020, un cap politique à plus long terme, pour être crédible, tant les besoins sont lourds.
La note d'orientation a le mérite de poser la question du rôle de l'Etat dans le cadre de ce nouveau modèle économique, et propose d'évoluer d'un Etat fortement interventionniste à un Etat stratège et régulateur sur le plan économique et protecteur sur le plan social. Mais sommes-nous tous d'accord sur le sens de cette formulation ? Un Etat stratège et régulateur n'est pas un Etat opérateur-producteur, cela suppose donc que l'Etat se désengagerait petit à petit, au cours des quatre prochaines années, des activités d'opération et de production dans les secteurs économiques non stratégiques. J'ai certains doutes sur le sens réel de telles propositions qui seront nécessairement entendues différemment par les uns et les autres.
De même lorsqu'on propose de passer d'une économie low cost basée sur les bas salaires vers une économie basée sur la valeur ajoutée et l'innovation. Tout le monde ne peut qu'applaudir à une telle transformation promise. Mais dans le même temps, il faut intégrer le fait que plus on monte en gamme, et moins on crée d'emplois non qualifiés. Alors disons-le, cette orientation de notre économie ne permettra pas de créer autant d'emplois que nécessaire, et surtout les chômeurs non diplômés, actuellement sur le carreau, pourront difficilement être intégrés dans ce schéma de développement.
Enfin, le projet propose la diversification de notre économie, alors même que les exemples des économies émergentes et même des économies développées ont démontré que la réussite est dans le ciblage économique et sectoriel. Aucun pays n'a la dimension ni la capacité d'être avancé dans tous les secteurs. Chaque pays doit faire des choix, pour focaliser ses ressources et ses moyens, toujours limités, dans le développement des secteurs dans lesquels il dispose d'avantages compétitifs. Un choix que nous sommes incapables de faire depuis des années, et cela persiste manifestement.
Cette note d'orientation commence donc par le diagnostic chiffré de la situation économique du pays, sans aucune mise en perspective régionale ou mondiale, mais surtout sans nous dire où nous voulons aller avec ce plan. Certes, il est important de savoir où nous en sommes, mais il est plus important de savoir où nous voulons aller. Si la note commence par un diagnostic chiffré, elle se termine par quelques données macroéconomiques prévisionnelles selon trois scénarios, dont on saisit mal les déterminants. Les chiffres proposés, peu ambitieux, sont en total décalage avec la masse des transformations envisagées, on ne manque pas de se dire: «Tout ça pour ça ?». Le diagnostic est élaboré sur la base de l'évolution d'un certain nombre d'indicateurs, bien loin des méthodes plus récentes et néanmoins éprouvées d'évaluation de l'impact des politiques publiques. Une politique qui ne donne pas les résultats escomptés n'est pas nécessairement une mauvaise politique, cela dépend d'une multitude de facteurs endogènes et exogènes. Une mauvaise politique est souvent une politique figée, que l'on n'adapte pas au fur et à mesure des évolutions et des contextes.
Il n'y a rien d'étonnant à tout cela, dans la mesure où le document en question n'a pas été élaboré par le pouvoir politique mais par l'administration, il ne peut donc s'agir que d'un document technique, le politique étant totalement absent. Le plus absurde dans l'histoire est qu'il va, maintenant, être soumis à un débat à un niveau politique, alors qu'il n'y a dans ce document aucun contenu politique.
L'absence d'une conceptualisation politique amène le gouvernement à traiter des différents sujets et dossiers sur un plan purement économique et technique, alors que le fondement même d'un plan de développement doit être politique et conceptuel. Une note d'orientation est censée être une boussole, mais là malheureusement, on s'y perd.
Cela démontre l'incapacité du gouvernement à conceptualiser son projet, pour, in fine, proposer au pays une voie pour la Tunisie 2050 et non un plan pour 2020. Une voie qui serait ensuite tracée par des jalons principaux de transformation et de réformes. Une démarche qui permettrait de faire la différence entre ce qui est profond et de long terme, de ce qui est urgent et de court terme.
Depuis quelques années, on entend, ici et là, à répétition —c'est devenu une sorte de litanie— qu'il n'y a plus d'idéologie, et qu'aujourd'hui il faut faire preuve de pragmatisme. Cela rejoint, en quelque sorte, le débat sur le choix d'un gouvernement politique ou technocrate. Pourtant, si on peut s'accorder sur le fait que les idéologies politiques classiques et historiques ont perdu de leur influence dans le monde aujourd'hui et que les idéologies alternatives récentes n'ont pas réussi à s'imposer, il n'en reste pas moins qu'on ne peut faire de politique sans idéologie. L'idéologie, c'est d'abord et avant tout le concept, et la puissance des idéologies historiques réside dans la force de leur concept. Toute construction nécessite une architecture, mais l'architecte a d'abord besoin de s'appuyer sur un concept.
Une idéologie n'est rien de plus que la conceptualisation d'une politique économique et sociale, une proposition de contrat de société, mettant en avant les principaux déterminants de cette politique et ses objectifs à moyen et long terme, non pas en termes chiffrés mais en termes d'équilibre au sein de la société. Ainsi, peu importe l'absence d'idéologie, ce qui compte c'est la présence du concept. Le concept en politique, c'est ce qui permet d'intégrer l'ensemble des convictions dans une approche cohérente qui elle-même transforme un fatras d'idées en une vision globale. Car ce qui rassemble ce ne sont pas les idées mais bien le concept. Un projet politique est un concept général dont la déclinaison permet ensuite d'élaborer un programme d'action cohérent et structuré.
Henri Bergson disait «La science antique portait sur des concepts, tandis que la science moderne cherche des lois». Cela s'applique aussi à la politique moderne, qui oublie les concepts pour se concentrer sur les idées de lois.
La conceptualisation est la clé de voûte du passage entre la théorie et la pratique, entre le politique et le technique, entre le gouvernement et le citoyen, entre l'Etat et son administration. Elle est garante du passage à la formalisation du projet avant son opérationnalisation. Sans clé, point de voûte et sans voûte, point de passage.
Peut-être que c'est justement faute de ne pas savoir où aller que certains choisissent de faire du surplace. Convenons qu'il y a moins de risques.


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