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Le parc du Belvédère bientôt mutilé?
Publié dans Leaders le 31 - 03 - 2016

Menace sur le Belvédère. Le plan d'aménagement urbain de la commune de Tunis prévoit une voie express large de 40m au sein du parc. Son objectif : fluidifier la circulation sur les routes qui l'entourent, souvent encombrées aux heures de pointe.
Depuis quelque temps, le parc du Belvédère est au cœur d'une polémique entre la municipalité de Tunis et les Tunisois, pour qui il représente une flopée de souvenirs d'enfance autant que de rituels culturels qui continuent de s'ancrer dans le présent. Visé par le plan d'aménagement urbain (PAU) de la commune de Tunis, qui a pour objet, entre autres, d'implanter une voie express de 40 à 50m de large en son sein, le Belvédère a mobilisé des milliers de personnes en quelques jours. Cette prise de conscience de la menace, les riverains la doivent à la pétition lancée en ligne par l'Association des amis du Belvédère (AAB). Celle-ci a la ferme intention de «tuer» le projet dans l'œuf afin de préserver l'intégrité écologique de ce parc comptant parmi les plus spacieux d'Afrique du Nord (il s'étend sur 113 hectares) et vieux de plus d'un siècle.
«Patrimoine en danger !»
Fermement opposée à ce projet, qui a vu le jour en 1989 – il sera sans cesse révisé depuis –et dont l'objectif est de fluidifier le trafic routier qui entoure le parc aux heures de pointe, l'association s'inquiète que cette initiative, si elle était adoptée, ne finisse par le défigurer. Elle tente depuis lors d'instaurer un débat autour de la nécessité d'envisager des alternatives qui ne l'amputeraient pas de son espace historique ni ne perturberaient son écosystème. «Ce projet exhumé détruira des composantes végétales et architecturales de ce patrimoine, isolera les populations [celles dont le lieu d'habitation se situe aux confins du parc et qui s'y rendent régulièrement, Ndlr], menacera la sécurité des usagers et altérera la mémoire collective des Tunisiens !», peut-on lire dans le texte de la pétition.
«C'est une destruction écologique et un patrimoine en danger !», s'alarme de son côté Aïcha Ibrahim, membre du bureau de l'AAB. L'historienne et ex-professeur de littérature française à l'Université du 9 Avril fait remarquer que «ce patrimoine immatériel, paysagiste et architectural est le premier à avoir été ouvert au public et doit absolument être préservé pour les générations futures».
Conçu par le ministère de l'Equipement, de l'Habitat et de l'Aménagement du territoire, le PAU prévoit d'«amorcer la route au niveau du carrefour situé en face de l'hôtel Sheraton, sur les hauteurs du quartier Notre-Dame », explique à Leaders Boubaker Houman, président de l'AAB, enseignant à la faculté des Sciences et militant en faveur du développement durable. Son tracé couvre une partie du parc actuellement boisé d'arbres centenaires et de clairières. La voie express affectera également les équipements sportifs de la ville de Tunis et «amputera une partie de la pépinière et du futur jardin des plantes. Une bande du zoo et la mythique première porte en ferronnerie seront également emportées», s'indigne-t-il. Pour l'AAB, le bitume n'a pas vocation à venir couvrir les allées touffues et rafraîchies par la hauteur des pins et des palmiers : c'est au milieu d'elles que les promeneurs aiment à s'échapper des nuisances sonores et du stress étouffant de la ville. Par ailleurs, l'introduction de la route et le fractionnement du site qui en découlera irrémédiablement auront pour effet de dissuader les piétons de traverser le parc dans son flanc ouest.
«Pas à l'ordre du jour»
A la municipalité de Tunis, engagée depuis plus de deux ans au côté de l'AAB dans le processus de classement du parc comme site culturel, conformément au Code du patrimoine, on se montre plus mesuré. C'est que le ministère de l'Equipement a également émis un appel à participation à un projet de restauration du parc et de son patrimoine architectural. Le ministère avait pris cette initiative suite à une demande qui lui a été adressée par le ministère de la Culture en vue d'entreprendre des démarches pour que le Belvédère soit définitivement classé.
Par ailleurs, la concrétisation du projet de construction de la route en question n'est en aucun cas à l'ordre du jour ; la municipalité —qui aura le dernier mot sur l'adoption ou non du projet— n'y voit qu'une initiative parmi d'autres. Celles-ci ne manqueront pas de faire surface lorsque des ingénieurs, des urbanistes et des paysagistes auront pris connaissance du PAU le temps de son affichage (jusqu'à fin mars). Interrogé par Leaders, le maire de Tunis, Seifallah Lasram, assure que quiconque se sentirait lésé par le plan de réaménagement peut présenter une réclamation en se rendant à la mairie. Les citoyens sont également appelés à suggérer des solutions alternatives s'ils le désirent. «La position officielle adoptée par la municipalité de Tunis va à l'encontre de l'élaboration d'un tel réaménagement et est au diapason de celle du milieu associatif, explique-t-il. Nous insistons par ailleurs sur le fait que le projet n'est en aucun cas en mesure d'être appliqué en l'état et dans l'immédiat mais qu'il est soumis à la réflexion et aux propositions de tous.» Celles-ci seraient, selon lui, discutées en conseil municipal, qui révisera le projet si des solutions réalisables pouvant régler le problème de la circulation émergent, avant de le soumettre de nouveau à l'avis des citoyens.
Impulser un regard prospectif
Problème : l'AAB estime que le mal est déjà fait. Elle reproche au ministère de l'Equipement à la fois le lancement de l'appel d'offres et la conception du plan de la route, censés avoir été collectivement discutés dans le cadre d'un débat inclusif. «Ces démarches n'ont associé que les autorités centrales – les ministères – sans impliquer les représentants de la société civile», proteste M. Houman. Car au-delà de la démarche consistant à venir en aide à la population qui pâtit des embouteillages, c'est tout le concept de démocratie locale et participative qui est en train d'être éprouvé. «Pourquoi une étude d'impact n'a-t-elle pas été mise en place pour mesurer les effets du projet sur le parc ?», s'interroge Boubaker Houman. «Il n'est pas normal qu'un tel plan puisse avoir été élaboré sans la contribution de la population. Cela est contraire à l'article 139 de la Constitution qui stipule que tout projet d'aménagement doit gagner l'assentiment de la société civile».
La controverse issue de la divulgation de ce PAU aura en tout cas eu le mérite d'ouvrir un débat plus large sur la nécessité de désengorger les artères de la capitale dans son entier afin d'éviter d'en sacrifier les sites les plus précieux. Surtout lorsque ceux-ci sont dotés d'une symbolique forte aux yeux des Tunisiens. En somme, cette situation pourrait accoucher d'un processus de réflexion qui s'inscrirait dans le long terme et qui tracerait les ébauches d'un projet urbanistique plus global.
D'autant que pour le président de l'AAB, ce ne sont pas les idées alternatives qui manquent. Sensibilisation de la population autour des bienfaits environnementaux de la limitation de l'usage de la voiture, conduite alternée entre jours pairs et impairs ou encore recours aux transports en commun… Autant de possibilités viables qui ne porteraient pas préjudice à l'environnement. L'AAB devait, à ce titre, organiser un débat citoyen samedi 19 mars et faire intervenir des spécialistes de tous horizons afin que des idées soient mises sur la table. Parmi eux, des ingénieurs et des urbanistes invités à esquisser des suggestions de construction de routes s'étendant à toute la capitale et comprenant aussi bien des tunnels que des ponts. Une initiative que soutient le maire de Tunis: «Compte tenu de la configuration architecturale de la ville, un élargissement des routes n'est pas envisageable. Restent en effet deux options: la construction de ponts ou de tunnels, seules solutions applicables.» Seifallah Lasram dit regretter que la conception de la ville n'ait pas prévu la possibilité d'élargir ses artères. Il rappelle également que les viaducs construits depuis lors n'ont pas été intégrés dans un projet plus global incluant par exemple une possibilité d'expansion des zones desservies par le métro. Quant à l'initiative de la construction de ponts et de tunnels, elle est, selon lui, tributaire du fonctionnement organique des institutions locales. «Une plus grande décentralisation qui transfèrerait aux municipalités un pouvoir de gestion plus étendu rendrait plus aisément réalisables de tels projets», estime-t-il. Actuellement, la réalisation de plans de réaménagement de cette envergure reste sous la tutelle du gouvernement. Reste donc à savoir quand et comment une telle réorganisation des pouvoirs pourra voir le jour. A en croire M. Lasram, c'est suite aux prochaines élections municipales qui se tiendront avant la fin de l'année que le processus de décentralisation graduelle devrait pouvoir être mis en place.


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