Parlement : séance plénière lundi pour sur la situation environnementale à Gabès    Alerte météo : orages et pluies ce soir sur le nord et le centre, avec des vents forts !    Quatre vies sauvées grâce à un seul donneur en Tunisie    Sfax-Kerkennah : perturbation des horaires à cause des intempéries    Kharbga City, un festival créatif pour les enfants et adolescents à Tunis    Douz : coup d'envoi de la neuvième édition du semi-marathon international ' »Pour Mathieu »    Le Japon, la Chine, Taïwan et la Malaisie offrent des bourses entièrement financées aux étudiants tunisiens    USBG : Succès impératif    JSK : Réaction obligatoire    Baisse de 3% du déficit de la balance commerciale énergétique    Tunisie : vers une route à double sens moderne entre Djerba et Zarzis    Tunisie : Soupçons de pratiques anticoncurrentielles dans le secteur oléicole    Bande de Gaza: ouverture du poste-frontière de Rafah la semaine prochaine    Djerba : bientôt un nouveau bac et un système de billetterie modernisé    Kais Saïed : des solutions urgentes pour la crise environnementale à Gabès    Le Président de la République prend en charge le traitement d'un jeune blessé lors des événements à Gabès    Kais Saied : le projet de loi de finances 2026 au service de la justice sociale et du citoyen    TTI ELECSA TN : Retour sur une participation réussie au Salon ELEK ENER 2025    BTE au Salon de l'Economie Verte : Feriel Chabrak souligne le rôle des banques dans la transition écologique    Tunisie face au vieillissement de sa population : une question nationale urgente    BH Leasing au Salon du Développement Durable : un soutien concret pour les entrepreneurs tunisiens    Ridha Bergaoui: Le dromadaire, un précieux allié contre le réchauffement climatique    Plus de 20 000 Tunisiens ont obtenu un visa pour l'Italie cette année    Programme alimentaire mondial : 560 tonnes d'aide entrent quotidiennement à Gaza    Huawei et ses partenaires au service de l'énergie solaire en Tunisie    L'église Saint Croix à la Médina de Tunis abrite l'exposition "Nouveaux langages dans les arts entre les deux rives"    Tunis fait vibrer le monde au rythme du rock et du métal    Pérou : vastes manifestations dans les rues et état d'urgence décrété    Le Festival National du Théâtre Tunisien 'Les Saisons de la Création' se déroule dans son édition 2025 à Tozeur et Tunis    Météo en Tunisie : températures entre 23 et 28 degrés    Pr Riadh Gouider élu Premier Vice-Président de la Fédération Mondiale de Neurologie : une première en Afrique et dans le monde arabe    Riadh Zghal: L'appropriation de la technologie et la demande sociale pour la science    Tunisie : « The Voice of Hind Rajab » dans la shortlist des European Film Awards 2026    Rebirth : l'exposition 100 % féminine qui célèbre la renaissance    Décès de l'acteur tunisien Ali Farsi, une grande perte pour le milieu artistique    La Tunisie entre dans l'histoire : qualification mondiale sans encaisser un seul but !    Tunisie vs Brésil : Le choc amical à ne pas manquer !    L'or explose et dépasse les 4 200 dollars l'once, un sommet historique    Habib Touhami: La confrérie doublement "maudite" des orphelins    Hassna Jiballah veut faire des sociétés communautaires la nouvelle locomotive sociale    Nouveau classement des passeports les plus puissants au monde... Singapour en tête    Pétrole russe : Pékin dénonce les “intimidations” de Trump et défend ses achats “légitimes”    L'« Engagement patriote » face au silence du régime et à la moquerie    Etats-Unis : la Cour suprême pourrait restreindre les protections électorales des minorités    Le SNJT rend hommage aux journalistes tunisiens de la flottille Al Soumoud    Cristiano Ronaldo devient le roi des qualifications pour la Coupe du Monde    Tunisie vs Namibie : Où regarder le dernier match qualificatif pour la coupe du monde 2026 du 13 octobre    Tunisie vs Sao Tomé-et-Principe : où regarder le match éliminatoire de la Coupe du Monde 2026    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Nabli : Sauver l'indépendance de la Banque Centrale de Tunisie en la protégeant des abus
Publié dans Leaders le 14 - 08 - 2016

Par Mustapha Kamel Nabli - L'affaire est grave. Elle n'est pas grave seulement parce qu'elle pose la question de confiance dans les institutions publiques et de la probité des responsables publics, surtout dans un contexte de difficultés économiques pour le citoyen moyen. Elle est grave aussi parce qu'elle risque de remettre en cause le principe de l'indépendance de la Banque Centrale de Tunisie (BCT), un acquis fondamental depuis la Révolution. Il fait partie des acquis démocratiques, en renforçant une moindre concentration du pouvoir.
En quoi consiste l'affaire ? Le Conseil d'Administration de la BCT nouvellement constitué depuis l'approbation de la nouvelle loi No 2016-35 d'Avril 2016 concernant cette institution a considéré, délibéré et approuvé le principe d'une augmentation énorme des salaires des plus hauts responsables : Gouverneur, Vice-Gouverneur et Secrétaire Général. Ces salaires auraient été multipliés par cinq ou plus. Ils dépasseraient de loin les salaires de presque tous les hauts responsables publics, y compris ceux du Président de la République et du Chef du Gouvernement, sans parler des Ministres ou des autres chefs d'organismes et autorités de régulation.

C'est au nom du principe d'indépendance de la BCT que cette loi a prévu que les rémunérations des hauts responsables de cette Institution seront fixées par le Conseil d'Administration (article 55). La composition de ce Conseil a été déterminée de manière à permettre le maximum d'indépendance par rapport à l'Exécutif.

Rappelons que l'indépendance de la Banque Centrale a pour objectif essentiel de permettre à cette institution de conduire la politique monétaire du pays sans interférence des intérêts politiques immédiats, qui ne sont pas nécessairement compatibles avec l'intérêt à moyen et long terme du pays en matière de stabilité monétaire et financière. L'autonomie de la BCT en termes de rémunération, comme le mandat fixe des hauts responsables, est destinée à protéger ces responsables de la pression politique.

Il est alors facile, et pour la plupart même évident, de conclure que l'effet immédiat, et peut être le seul concrètement, de ce statut d'indépendance de la BCT a été de permettre des augmentations exagérées, sinon irresponsables, de la rémunération de ses dirigeants. Il en découlerait presque automatiquement une remise en cause du principe d'indépendance de la BCT, qui est autrement plus fondamental que la rémunération des responsables.

Il est naturel que le Conseil d'Administration se saisisse de la question, comme prévu par la Loi, et de délibérer sur la rémunération des hauts responsables. Il est même compréhensible qu'il considère que ces rémunérations sont faibles, et de proposer de les ajuster. Il est à noter que d'après la loi le Conseil d'Administration délibère sur ces questions de rémunérations en l'absence des personnes concernées.

Mais la défaillance grave du Conseil est dans la manière dont il a posé le problème et répondu à ces questions. En effet les membres du Conseil auraient pris la rémunération des premiers responsables des banques publiques commerciales comme référence et jugé que les premiers responsables de la BCT doivent être rémunérés de manière similaire ou bien aussi avantageuse. En suivant cette logique les membres du Conseil d'Administration ont failli à leur rôle et montré un manque flagrant de jugement de la chose publique. Ils ont d'abord comparé la BCT à une institution commerciale (publique ou privée), ce qui constitue une erreur de taille. La BCT est avant tout une autorité monétaire publique, et ne peut en aucune manière être assimilée à une entreprise commerciale. Ensuite ils ont assimilé des responsables d'une autorité publique à des dirigeants d'une entreprise commerciale. Les hauts responsables de la BCT sont avant tout des responsables publics régis par les principes et les règles du secteur public. Ils peuvent se différencier, selon des critères et des modalités à déterminer, mais leur cadre de référence est clair. Ce principe doit continuer à s'appliquer même dans le cadre de l'indépendance de l'Institut d'Emission.

Cette erreur, cette faute, du Conseil d'Administration ne doit pas être utilisée pour remettre en question l'indépendance de la BCT, qui doit être maintenue et protégée. Mais cette faute doit être sanctionnée, afin de montrer qu'indépendance ne veut pas dire irresponsabilité et « non-accountability ». C'est dans ce cadre que je propose deux actions.

La première est la démission collective et immédiate de tout le Conseil d'Administration, qui a démontré une incapacité manifeste à apprécier judicieusement l'intérêt public.

La deuxième est que la Commission des Finances de l'ARP auditionne le plus tôt possible le Gouverneur et le Vice-Gouverneur à propos de cette affaire afin de déterminer leur rôle et responsabilités. D'ailleurs il est étonnant que l'ARP ne se soit pas déjà saisie de la question !

C'est à ce prix que l'on pourra consolider le principe de l'indépendance de la BCT tout en la protégeant des excès et abus.

C'est après une longue hésitation, que j'ai décidé en tant qu'ancien Gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie, de m'exprimer sur cette affaire. J'estime que je ne suis pas tenu par l'obligation de réserve pour une telle question d'intérêt public. Ma plus grande crainte est que cet évènement soit utilisé pour remettre en cause le principe de l'indépendance de la BCT. J'estime que c'est par des actions fortes contre les abus que l'on peut protéger la BCT et son indépendance. L'enjeu est d'importance !


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.