Jusqu'à la dernière minute, ses amis et camarades l'adjuraient de faire partie du nouveau gouvernement. Rym Mahjoub, «la tigresse d'Afek Tounès» a fait de la résistance. Pressée de toutes parts, jusqu'à son entrée jeudi à 11 heures avec Yassine Brahim à Dar Dhiafa pour une ultime rencontre avec Youssef Chahed, elle a continué à afficher son air serein et désintéressé. « On n'a pas demandé ma main, chahute-t-elle, alors comment voulez-vous que je dise oui. Mon nom n'a pas été présenté par mon parti et le chef du gouvernement désigné ne m'a pas sollicité, ponctue-t-elle avec son large sourire». Médecin radiologue, 50 ans, cette ancienne tenniswoman et toujours grande sportive a arraché aux poignets son siège à l'Assemblée constituante en 2011, puis à l'ARP en 2014. Rym Mahjoub a été de toutes les luttes au Bardo, sous la Coupole, mais aussi durant l'été 2013, lors du sit-in sur la grande place publique. Son rôle a été déterminant dans tous les grands débats et surtout lors de l'élaboration de la Constitution et son adoption. L'un de ses mérites aura été de fédérer, dans les moments cruciaux, toutes les femmes députées démocrates, de Salma Baccar à Sémia Abbou, ralliant à leur cause des députés modernistes et progressistes.
Après près de cinq ans maintenant au Bardo, pourquoi Rym Mahjoub ne veut pas accomplir son parcours par une expérience de ministre ? « Je continue à croire qu'il y a encore un rôle important à jouer à l'Assemblée et beaucoup de travail à faire au sein d'Afek Tounès », confie-t-elle. Ses amis ne perdent pas espoir de la convaincre d'une pause parlementaire pour un « service national » ministériel...
