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Un prince chez les montagnards khroumirs: La rébellion du prince El Adel Bey en 1867
Publié dans Leaders le 07 - 01 - 2017

S'il est une période particulièrement noire de l'histoire moderne de la Tunisie c'est, sans conteste, les années 1860. En apparence, la décennie s'annonçait sous d'heureux auspices : en 1861, était promulgué le Qanoun, première constitution du monde arabe et islamique dans la foulée de la charte libérale de Ahd El Amen ou Pacte fondamental de 1857.
Un ensemble d'institutions consultatives, d'administration et de police était créé tandis que des tribunaux de diverses instances étaient constitués à Tunis et dans les grandes villes mettant théoriquement fin à la justice exercée par le Bey en personne. Mais tout cela n'était qu'illusion. Hormis une poignée de dignitaires du Bardo et de rares oulémas imbus de l'esprit réformiste, le monarque lui-même et l'essentiel de la classe politique et des lettrés restaient crispés sur un modèle despotique oriental.
La société, frappée de plein fouet par la crise de pans entiers de l'activité économique, la rapacité d'un pouvoir en faillite et une série de calamités naturelles, ne voyait dans toutes ces innovations qu'une inutile et dangereuse imitation de l'étranger. Ni exigence réformatrice du souverain ni doléance «civique» de la population, ces réformes étaient en réalité l'expression de l'ingérence des puissances européennes dans les affaires tunisiennes. Malgré ses oripeaux « modernes », l'Etat n'apparaissait plus aux yeux des populations citadines, sédentaires et nomades que sous sa forme la plus détestable : celle d'un appareil entièrement voué à « faire suer le burnous » avec d'autant plus de rapacité que ses caisses étaient vides. En 1864, l'impôt de capitation (el majba), déjà lourd à supporter à 36 piastres, était doublé à 72. C'en était trop. Une révolte partie de la région ouest éclata en avril à l'initiative d'un homme de la tribu des Majer, du nom d'Ali Ben Ghedahem. La révolte prit rapidement l'ampleur d'un soulèvement général contre le doublement de l'impôt bien sûr mais aussi contre toutes les réformes. On réclamait la suppression des nouvelles cours de justice, lentes et à la procédure compliquée, et le retour à la justice traditionnelle des caïds et du bey. Surtout, les dignitaires mamelouks et en particulier le puissant grand vizir Mustapha Khaznadar (1837-1875) furent accusés de tous les maux. Contexte précolonial oblige, les consuls européens à Tunis ne manquèrent pas d'exploiter la crise pour accroître leur emprise sur l'Etat tunisien. Le rôle du consul de France, de Beauval, fut, en cette occasion, particulièrement retors. Les témoignages du temps affirment qu'il établit des contacts secrets avec les insurgés et réussit à infiltrer leurs rangs par ses espions qui attisaient le feu de l'insurrection par des attaques en règle contre les ministres mamelouks et en particulier Mustapha Khaznadar que la France n'aimait pas car il était du «parti» anglais, rival des intérêts français en Tunisie.

Une fois les tribus et villes insurgées vaincues en juillet 1864, une répression féroce s'abattit sur les populations. Outre les exactions, familières en pays d'Orient, elle fut l'occasion de dépouiller les rares catégories sociales qui étaient encore en possession de quelque patrimoine. La plupart des tribus furent rançonnées sans pitié. On confisqua, nous dit le chroniqueur Ben Dhiaf, le cheptel, les réserves alimentaires et jusqu'aux tentes elles-mêmes. La constitution fut suspendue, les tribunaux issus des réformes dissous.
Cet épisode révolutionnaire et son épilogue tragique sont généralement connus des Tunisiens. Ce qu'ils savent moins, c'est que le mécontentement ne fut pas seulement le fait de la masse (al ‘Amma, comme on disait à l'époque) mais qu'il avait aussi gagné les milieux aristocratiques. Et cela pour différentes raisons et en particulier les difficultés financières consécutives aux dépenses vertigineuses d'une élite sociale séduite par le luxe à l'européenne et l'hostilité au Vizir, accusé d'avoir incité le bey à recourir à la confiscation des fortunes pour renflouer les caisses de l'Etat. Le 11 septembre 1867, le bey fut informé que son demi-frère le prince El Adel, alors âgé d'une trentaine d'années, prétextant un déplacement au Bardo, avait quitté subrepticement son palais de La Marsa et s'était réfugié chez les montagnards de Khroumirie, eux-mêmes en insurrection depuis plusieurs mois. Il était accompagné de quelques compagnons et notamment d'un membre de l'illustre famille Djellouli, Mahmoud, petit-fils et homonyme du puissant Mahmoud (voir Leaders, mai 2016).
Indice de l'ampleur du mécontentement dans le milieu des dignitaires politiques, et des contrecoups de la terrible année 1864, El Adel semble avoir pris cette périlleuse décision en coordination avec l'héritier présomptif lui-même, Ali Bey, lui aussi frère de Sadok, qui aurait promis de rejoindre la révolte. Désigné à la tête de la colonne chargée de ramener El Adel et de châtier ses compagnons, il aurait changé d'avis en cours de route, et arrivé en Khroumirie, il fit arrêter tout le monde. Mahmoud Djellouli, avec un courage salué par les contemporains, ne manqua pas de lui en faire le reproche et il fut décapité sur-le-champ et sa tête expédiée au Bardo où elle roula aux pieds du pacha en présence des frères du supplicié. Un autre compagnon d'El Adel, Ahmed b. Taïeb El Fillali, fut exécuté. Au Bardo même, deux très hauts dignitaires mamelouks, Ismaïl Saheb Ettabaâ dit El Sunni et le général Réchid, héros de Crimée, tous deux en disgrâce depuis 1865, furent étranglés sans autre forme de procès le 4 octobre, le jour même où El Adel, ayant fait sa soumission à son frère Ali, donna sa version des faits. Etaient-ils de mèche avec El Adel ou bien ont-ils été victimes d'une inimitié du Khaznadar ou d'une rancœur cachée du bey? Nous ne le saurons jamais comme jadis le bey lui-même qui ordonna leur exécution sans même les avoir interrogés…Plusieurs arrestations eurent lieu dans les rangs des officiers du Bardo. D'autres officiers et des notables de l'intérieur comme le vice-gouverneur (kahia) de Djendouba, Youssouf Ben Bishr, son fils et son frère furent menacés et ne durent leur salut que dans la fuite à Alexandrie.
Sur les objectifs de la révolte d'El Adel, la correspondance du consul du Danemark à Tunis, Charles Cubisol, étudiée et publiée par Ali Chénoufi (Khéredine et ses contemporains, Tunis 1990), nous donne en la matière un éclairage intéressant. Voici ce qu'écrit le consul à son ministre des Affaires étrangères à Copenhague dans un rapport daté du 19 octobre relatif à l'interrogatoire des révoltés par Ali, le bey du Camp : «Lorsqu'arriva le tour de si Mahmoud Gellouly, celui-ci dit à Sidi Aly Bey : ceux qui viennent de déposer ne peuvent rien vous avoir dit de vrai, car ils sont tous dans l'ignorance complète de tout ce qui s'est passé. C'est moi seul qui ai amené le prince Sidy El Adel à la montagne, mais je ne l'ai engagé à cela que lorsque j'ai eu son assurance qu'il était entendu avec vous d'aviser aux moyens de faire disparaître de la Cour de notre maître (…) le Grec Khaznadar qui est cause de sa ruine et celle de la Régence.» Cubisol poursuit : «En élucidant toutes les particularités qui se rattachent à l'allée du prince(…) à la montagne et à son arrestation, il est permis de conclure que tous les princes étaient d'accord pour faire disparaître le khaznadar de l'administration et qu'un coup d'Etat était préparé par eux pour cela. Mais que voyant dans le départ spontané de Sidy El Adel ainsi que dans les effets qu'avait produit sa présence au milieu des insurgés, une certaine nuance d'ambition personnelle qui pouvait réussir surtout étant sous la direction de Si Mahmoud Gellouly dont l'intelligence était bien connue, ils aient voulu en paralyser les conséquences par son arrestation ainsi que celle des personnes qui par leur influence auraient pu mener les affaires dans le sens qu'ils avaient lieu de redouter.»
A l'occasion de l'exécution tragiquement spectaculaire des généraux Ismaïl et Réchid, les consuls de France et de Grande-Bretagne, ravis de donner au monarque une leçon d'équité et de modernité, lui adressèrent des lettres au ton comminatoire. Le vice-consul d'Angleterre, insinuant dans une lettre datée du 8 octobre et reproduite par Ben Dhiaf dans le tome VI de sa chronique que le bey n'avait pas intérêt à persister dans cette antique tradition des exécutions sommaires, lui rappelait que la Tunisie étant «proche de l'Europe», il n'y avait pas d'autre solution pour l'Etat beylical que d'adopter les mœurs politiques du temps sinon celles-ci finiraient par s'imposer à lui. Quant au consul de France de Botmiliau, il suggérait carrément à son ministre à Paris une occupation de la Tunisie, «annexion définitive à l'Algérie ou occupation temporaire à titre de gage.» (Jean Ganiage, Les origines du protectorat français en Tunisie, Paris 1959, p.311).
Le prince El Adel, que les conditions de séjour chez ses pauvres hôtes avaient éprouvé, fut ramené en berline à Tunis en octobre. Son arrestation semble avoir été le résultat d'un guet-apens rendu possible par quelques chefs khroumirs insurgés qui, trahissant leur hôte, s'étaient ralliés à Ali Bey en échange de la promesse - toujours faite et jamais tenue en pays d'Orient -, d'une vie sauve (al amân). Ils vinrent tout contents au palais du bey, mais, nous dit Ben Dhiaf, ils furent battus à mort en guise de récompense et de pardon.
El Adel Bey, claquemuré au Bardo, mourut le 5 novembre, un peu plus d'un mois après qu'Ali Ben Ghedhahem, le chef de l'insurrection populaire de 1864, mourut en captivité au bagne de La Goulette. La rumeur courut que l'un comme l'autre avaient été empoisonnés.
Ainsi prit fin cette révolte où l'on vit un prince, que rien ne prédestinait à prendre la tête de montagnards insurgés, se réfugier dans les forêts de Khroumirie. La tentative tourna court mais elle donna une idée de l'ampleur des bouleversements qui affectaient la Tunisie depuis la révolte de 1864. Elle mit en relief aussi le désarroi des populations et la crise qui couvait au sein de l'élite au pouvoir. La protestation ne visa jamais Sadok Bey et le trône de ses ancêtres qui gardèrent aux yeux des insurgés de 1864, comme des révoltés de 1867, toute leur légitimité mais le système despotique qu'on persistait à réduire – assez injustement, il faut le dire - aux dignitaires mamelouks les plus influents.
Parmi les causes de l'échec de la révolte princière, il convient de mentionner la misère quasi-générale. Témoin des événements, Ben Dhiaf rapporte que la soumission des rebelles ralliés aux princes n'avait été possible que parce que les populations, victimes des exactions consécutives à la répression de l'insurrection de Ben Ghedhahem et à la disette, mouraient littéralement de faim.Une fois la révolte réduite, le bey crut que les choses reprendraient leur cours. Il ne tira aucune leçon ni de la révolte de 1864 ni de celle de 1867. Politiquement, Le Bardo continua d'être soumis à l'autorité de Mustapha Khaznadar.
Socialement, la situation était effroyable. Poussées par la misère, les populations rurales venaient en ville mourir de faim, de froid et de maladie. Ceux des leurs qui étaient restés dans leur territoire n'avaient plus rien à manger sinon des herbes, des racines ou des charognes. La seule mesure prise par le Bey fut de confier à des notables de Tunis de procéder à des distributions de mauvais pain. Face à l'ampleur du désastre (les cadavres jonchaient les venelles de la médina), ces malheureux furent conduits au cours de l'année 1868 jusqu'aux ruines du palais de la Mohammédia, à une trentaine de kilomètres de Tunis, où ils furent parqués. Cette épouvantable famine eut pour résultat un exode rural massif, le premier dans la Tunisie moderne et contemporaine, avant les grandes vagues d'émigration du XXe siècle.
La révolte du prince El Adel fut une autre expression tragique de la déliquescence de l'Etat et de la rupture définitive de l'équilibre traditionnel entre le pouvoir et la société. La révolution de 1864 avait consommé la rupture du milieu tribal non point avec le Bey, dont la personne et le trône de ses ancêtres gardaient toute leur légitimité mais avec la «caste « des dirigeants mamelouks.

La révolte d'El Adel Bey était aussi l'expression du mécontentement des plus riches, princes beylicaux et fils de grandes familles du Makhzen, ruinés par un train de vie dispendieux, endettés auprès de créanciers européens ou rançonnés par un Etat financièrement aux abois (la famille Djellouli, entre autres, toujours loyale, connut les affres de ces mutations sociales et de la rapacité du pouvoir après avoir naguère joui des avantages liés à sa proximité du pouvoir ; d'où sans doute la rébellion du jeune Mahmoud).
Le drame est que les réformes initiées à partir de 1857 – et censées engager la Tunisie sur la voie du modernisme - étaient venues se superposer à une société en crise, à une économie frappée de plein fouet par la concurrence étrangère. Aussi furent-elles perçues comme une aggravation du caractère prédateur et inique du pouvoir et de ses agents en même temps que la manifestation d'une influence de plus en plus forte, de plus en plus arrogante des représentants des puissances européennes accréditées à Tunis.
A la veille de la conquête française, le pays était en piteux état. La violence des années 1860 avait été telle qu'à un degré ou à un autre, chacun, à quelque milieu qu'il appartînt, avait un grief à l'égard du Bardo. A telle enseigne que, et après une période de résistance héroïque et désespérée (1881-1883) face à une armée française à la puissance redoutable, le protectorat (régime, rappelons-le, beaucoup moins agressif que celui mis en place par la France en Algérie) a sans doute été vécu, à ses débuts, comme un étrange et dramatique soulagement par une population exsangue et abasourdie par tant de tragiques bouleversements.
L'échec de l'entrée dans l'ère moderne par nos propres moyens nous infligea de nous adapter au monde dans l'humiliation de l'occupation étrangère. Paradoxalement, le Trône beylical, débarrassé de son caractère prédateur qui l'avait mis en péril en 1864 et en 1867, apparut durant toute la période coloniale, aux yeux de tous, comme un repère familier et rassurant. Sa légitimité, jamais contestée, en fut ainsi prolongée jusqu'en 1957.
Mohamed-El Aziz Ben Achour


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