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Exceptionnel : un reportage sur trente ans d'occupation israélienne (journalistes israéliens)
Publié dans Leaders le 12 - 07 - 2017

Aucun doute n'est permis. Israël ne fait qu'entasser les malheurs les uns sur les autres pour les Palestiniens dans l'espoir de s'en débarrasser pour réaliser l'Etat Juif ! Albert Camus disait : « Mal nommer une chose, c'est ajouter aux malheurs du monde.»
Gideon Levy et son photographe Alex Levac commencent leur terrible rapport par cet avertissement qui vérifie Camus: « l'occupation a son idiome propre : un Arabe est « un terroriste », détention sans procès devient « détention administrative », la puissance occupante est, pour l'éternité, la victime et écrire sur ses crimes constitue une trahison. » (Haaretz, 3 juin 2017)
Récemment, le chef du Mossad, Tamir Pardo, est parti à la retraite après avoir fait couler des fleuves de sang et de larmes. Il a cependant tenu à déclarer au terme de cette carrière : « Israël n'a qu'une seule et unique menace existentielle. C'est une bombe à retardement. » Le journaliste Bradley Burston déchiffre le message de l'espion : « Ce n'est pas l'Iran, ni le Hamas ni Hezbollah mais l'occupation. » Cette bombe qui fait tic-tac au sein d'Israël, c'est l'occupation imposée à un peuple. Elle finira par exploser.
Les larges extraits de l'article de Levy et Levac qui suivent éclairent parfaitement les choses. Dans l'air du temps, certains regardent ailleurs oublieux qu'Israël est la quatrième puissance militaire du monde : ses sous-marins patrouillent partout et ses bombes atomiques (merci à l'Afrique du Sud de l'apartheid) menacent toute notre aire géopolitique ! Souvenons-nous : le pasteur Martin Luther King, après Montesquieu, disait : « Une injustice commise quelque part est une menace pour la justice dans le monde entier. » Oublié Hammam Chott, oublié Mohamed Zouari ?
Il y a terrorisme et terrorisme
La Palestinienne Maria Amana a récemment exposé ses œuvres à Tel Aviv. Une première pour cet artiste de 15 ans. Elle est sur un fauteuil roulant, incapable de bouger une partie quelconque de son corps excepté le visage. Elle est incapable de se tenir debout. Elle est sur un fauteuil roulant et ne peut respirer qu'avec un ventilateur. Elle peint avec la bouche.
L'état de la pauvre Maria est l'œuvre de l'armée israélienne. Maria avait quatre ans quand un missile intelligent israélien a frappé, en 2006, à Gaza, la voiture que sa famille venait juste d'acheter. Elle dansait sur les genoux de sa grand'mère quand Israël décida de mettre fin à une vie normale pour cette enfant. Seuls survivants de ce massacre, elle, son jeune frère et son père.
Levy et Levac notent : « L'armée n'a jamais eu l'idée de s'excuser. L'identité du pilote n'a jamais été divulguée…Les Israéliens, comme de coutume, ont été insensibles au fait qu'un missile de plus a pratiquement détruit une famille innocente de plus. En Israël, le missile qui a si sévèrement blessé Maria n'est pas considéré comme un acte de terrorisme. Le pilote qui a déclenché le missile n'est pas considéré comme un terroriste. Cinquante années durant, Israël n'a jamais intentionnellement voulu cela. C'est comme si l'occupation lui a été apparemment imposé, contre sa volonté. Cinquante années durant lesquelles tout était bien intentionné, avec de bonnes intentions morales et éthiques. C'est uniquement la situation cruelle –ou bien devrions-nous dire les Palestiniens- qui nous a imposé cet état de choses lamentable. Une œuvre de Maria comporte trois arbres – évocation des trois membres de sa famille- et une voiture calcinée. Il y a aussi une peinture représentant de sa mère au paradis. Sa famille a été tuée « par erreur ». Aman est paralysée « par erreur ». Israël n'a jamais voulu faire du mal à une innocente jeune fille. Comme il n'a jamais voulu faire du mal à plus de 500 enfants tués au cours de l'été 2014 à Gaza. Ou aux 250 femmes tuées lors de la même offensive cet été là, certaines en présence de leurs enfants, parfois ensemble avec toute leur famille. Pour Israël, le chemin conduisant à l'enfer était toujours pavé de bonnes intentions. Du moins, aux yeux d'Israël lui-même….
Au cours de ces trente années durant lesquelles j'ai couvert l'occupation, nous avons rendu visite à des centaines de victimes, peu de temps après la tragédie qui les avait frappés. Elles nous ont ouvert leur porte et leur cœur, à nous, hôtes israéliens…Il n'est pas difficile d'imaginer le cas inverse : un journaliste palestinien rendant visite à une victime israélienne du terrorisme le lendemain de l'attaque…… »
Oser comparer ?
Gidéon Lévy écrit : « J'ai commencé à écrire sur l'occupation presque par hasard, après avoir été soumis, comme tous les Israéliens, au lavage de cerveau, des années durant. J'étais convaincu de la justesse de notre cause. J'étais certain que nous étions David et qu'ils étaient Goliath. Je savais que les Arabes n'aiment pas leurs enfants – si jamais ils les aiment-comme nous aimons les nôtres. Contrairement à nous, ils étaient nés pour tuer. Un député du camp de la paix (Ratz) m'a invité à aller voir le verger d'un vieux Palestinien de Cisjordanie dont les oliviers avaient été déracinés…Ce fut le début - graduel et non planifié- de la couverture des crimes de l'occupation durant trois décennies. La plupart des Israéliens ne voulaient pas en entendre parler et continuent à refuser d'en entendre parler. Aux yeux de nombreux citoyens, le simple fait de couvrir un tel sujet dans les médias est une transgression.
Traiter les Palestiniens en tant que victimes et dire que les crimes perpétrés à leur égard sont des crimes relève de la haute trahison. En Israël, décrire les Palestiniens comme des êtres humains est pris pour une provocation….Je me souviens de ces soldats à un check point à Jénine qui m'ont menacé avec leurs armes chargées. Je leur avais demandé ce qu'ils auraient fait si leurs pères étaient en train de mourir et évacués par une ambulance palestinienne alors que des militaires jouant au backgammon sous une tente voisine retenaient cette ambulance depuis des heures. Comment osais-je comparer ? Comment oser comparer leurs pères à un Palestinien dans une ambulance ?
A l'été 1967, j'ai visité les territoires occupés…Cela m'a fait quelque chose ! … J'ai ainsi participé à l'orgie religieuse et nationaliste qui a commencé à ce moment et qui n'a pas encore fini. Il a fallu vingt ans pour que je m'en remette.
La majorité des Israéliens ne veut rien savoir de l'occupation.….
Seule une minorité d'Israéliens est heureuse de l'existence de l'occupation mais, au moins, la majorité n'est pas et n'en est pas perturbé. Il y a des gens qui disent que les choses demeureront en l'état. Il y a ceux qui protègent la majorité silencieuse et indifférente et lui permettent de se sentir à l'aise, guère troublée par les doutes ou les scrupules moraux, convaincus qu'ils sont que leur armée et leur pays sont les plus moraux du monde. Ils croient que le monde entier n'est là que pour annihiler Israël. Même quand, dans notre arrière-cour, très près de nos maisons, l'obscurité plane et que sous son couvert toutes ces horreurs sont commises nuit et jour. A nos propres yeux, nous demeurons toujours beaux.
Car il n'y a pas un jour ou une nuit sans que des crimes ne soient commis à faibles distances des maisons israéliennes. Il n'y a pas de jour sans crimes. Il n'y a pas de nuit calme. Et nous n'avons rien dit de l'occupation en tant que telle. Ce qui est criminel par définition. Au cours du temps, l'occupation a subi des transmutations…mais elle demeure une occupation. Et toujours, les Israéliens sont restés de marbre à son sujet.
La propagande et ses canaux
Pour dissimuler ses crimes, l'occupation a besoin d'une propagande diffusée à travers des médias qui trahissent leur honnête mission. Elle a besoin d'un système éducatif formaté à cet effet, d'organes de sécurité malhonnêtes et fourbes, de politiciens sans conscience et d'une société civile sans repères. Un nouveau système de valeurs devait être développé dans lequel le culte de la sécurité permet, justifie et blanchit toute chose. Un système dans lequel le messianisme devient une référence pour la population laïque. De plus, un sens de la victimisation est au service de la dissimulation. Il était aussi nécessaire de se mettre à la novlangue, la langue de l'occupant. Dans cet idiome, par exemple, arrestation sans procès se dit « détention administrative » et le gouvernement militaire est connu sous le vocable d' « Administration civile ». Dans la langue de l'occupant, chaque enfant muni d'une paire de ciseaux est « un terroriste », chaque individu entre les mains des forces de sécurité est « un assassin » et chaque personne désespérée qui essaie de nourrir sa famille à tout prix est « présente illégalement en Israël ». Ainsi sont créés un langage et un mode de vie qui font que tout Palestinien devient un objet suspect. Sans un tel secours – que l'appareil de sécurité nous fournit via des médias flexibles, la réalité se serait révélée plutôt inquiétante. Malheureusement, Israël possède une multitude d'appuis. Les cinquante premières années ont été témoins d'améliorations rapides dans le lavage de cerveau, dans le déni des réalités, dans la répression et l'auto-aveuglement. Grâce aux médias, au système éducatif, aux politiciens, aux généraux et à l'immense armée de propagandistes, Israël est une société du déni, délibérément coupée de la réalité. C'est probablement un cas unique dans un monde du refus réfléchi de voir les choses comme elles sont.
Pathologie et maladie mentales
Le rideau est tombé. Au cours des vingt dernières années, l'occupation a disparu de l'agenda du public israélien. Les campagnes électorales vont et viennent sans que soit discutée la question fatidique pour l'avenir d'Israël. Le nombre d'aides puéricultrices dans les jardins d'enfants est une question brûlante. L'occupation ne l'est pas. Au début, c'était un thème presque toujours présent à la table du dîner de samedi. En 1970, d'amères discussions avaient lieu sur ce qu'on devait faire « des territoires ». Aujourd'hui, un nombre croissant d'Israéliens nient l'existence même de l'occupation. « Il n'y a pas d'occupation » est le dernier buzz, le grotesque rejeton de la ridicule déclaration de Golda Meir qui soutenait : « Les Palestiniens, cela n'existe pas ». Quand on prétend qu'il n'y a pas d'occupation, ou que les Palestiniens n'existent pas, on perd effectivement contact avec la réalité. Seul le recours à la terminologie en usage en pathologie et en santé mentales peut expliquer cette attitude. Aujourd'hui, Israël en est là !
La situation occupant-occupé est présenté aux Israéliens comme « complexe ». Le despotisme militaire dans notre arrière-cour est présenté comme une réalité incontournable dans l'unique démocratie du Moyen-Orient, la conséquence d'une guerre inévitable pour la survie d'Israël. Le refus d'Israël de mettre un terme à l'occupation, devient entre les mains de la machine de propagande un slogan : « il n'y a pas de partenaire.» C'est un cas historique rare : l'occupant est la victime. La justice est exclusivement du côté de l'occupant. La guerre en cours est faite pour assurer sa sécurité et son existence. Pareille situation a-t-elle jamais existé ?
Et, au-dessus de tout çà plane le mensonge du temporaire. Israël a réussi à se mentir à lui-même et au monde que l'occupation est un phénomène transitoire….Laissons les Palestiniens se conduire correctement et l'occupation disparaîtra. Sa fin est juste au coin de la rue. Depuis cinquante ans, elle attend là.
Il n'y a pas plus gros mensonge.
Israël n'a jamais eu l'intention de mettre fin à l'occupation. Même pas pour une minute. La preuve : jamais Israël n'a arrêté la colonisation. Ceux qui ont construit un cabanon au-delà de la Ligne Verte n'ont nullement l'intention de l'évacuer.
L'occupation est là pour durer.
Qui a changé au cours de ces 50 années ? Tout et rien. Israël a changé tout comme les Palestiniens. L'occupation reste la même occupation mais elle est devenue plus brutale…comme cela arrive pour toute occupation. Si, en 1996, les Israéliens ont été légèrement choqués par l'histoire de la première Palestinienne qui a perdu son nouveau-né parce que les soldats de trois check points l'ont empêchée d'atteindre l'hôpital, les cas suivants n'ont intéressé personne.
On a reproché aux journalistes rapportant d'autres cas de parturientes perdant leurs bébés aux check point de se répéter. Comme si ce n'était pas l'occupation qui récidivait, se répétant elle-même. L'occupation est passée par des périodes tumultueuses et mortelles et d'autres plus calmes. Il y eu des mois au cours desquels le sang a coulé à flot. Il y a eu des mois où le journaliste a traité des vergers rasés, de maisons démolies, des habitants expulsés et de personnes détenues sans procès.
Entretemps, la terre a été recouverte de colonies et des centaines de milliers de colons se sont établis….Les Accords d'Oslo ont doublé voire triplé le nombre de colons. Ehoud Barak, le gars qui a failli faire la paix, est le plus grand constructeur de colonies. D'ailleurs, même aujourd'hui, vous pouvez être partisan de la solution a deux Etats et continuer à construire dans les territoires.
Israël a tué plus de 10 000 Palestiniens et mis en prison 800 000 autres au cours de ce demi-siècle d'occupation. Tout incompréhensibles que soient ces chiffres, ils sont acceptés comme une routine, inévitables, évidents en soi et bien entendu parfaitement justes. La faute incombe entièrement à ceux qui ont été tués et à ceux qui sont derrière les barreaux. Israël croit de toutes ses forces en l'armée, au service de sécurité Shin Bet et dans le système de justice militaire. Tous ces organes ont toujours des excuses pour toute chose et ils n'ont jamais admis quoi que ce soit même quand leurs mensonges tordus sont révélés au grand jour. Jeter le doute sur ces organes est indéfendable. Dans la plupart des langues cela s'appelle aveuglement, refus de voir la vérité. »
Nos auteurs relèvent qu'il y a bien plus de drapeaux israéliens que de drapeaux palestiniens en Cisjordanie et même bien plus qu'en Israël. Pourtant, la majorité absolue des habitants est palestinienne. On rencontre très peu d'indications routières pour les villes et les villages palestiniens. Quand elles existent, elles sont recouvertes avec de la peinture noire. Les colonies, par contre, sont bien indiquées. Il n'en demeure pas moins que l'insécurité est si répandue chez les colons qu'ils croient qu'en effaçant les noms des communautés palestiniennes, ils les feraient disparaître comme par enchantement.
Pas un seul premier ministre pour mettre fin à l'occupation
Ce qui a été effacé, c'est la Ligne Verte. La seule séparation qui existe en Israël est une séparation ethnique et non géographique. Israël est un seul Etat s'étendant de la mer au Jourdain. Sans frontières et avec deux régimes différents pour deux peuples. Il en a été ainsi au cours des 50 dernières années et aucun plan n'existe pour changer les choses. Israël, ce sont les colons et l'occupation, c'est encore Israël. Les deux sont devenus inséparables….Tous les Israéliens sont partie prenante dans cette situation….croire qu'il y a deux entités- Israël et les territoires occupés- est un distinguo aussi faux qu'artificiel.
Les journalistes insistent sur le fait que « les pères fondateurs » sont issus du mouvement travailliste et que le général Moshe Dayan est autant à blâmer que l'actuel ministre extrémiste de la Défense Avigdor Lieberman ou Shimon Peres.
Et ces journalistes de poursuivre : « Il n'y a jamais eu un Premier Ministre qui voyait en les Palestiniens des êtres humains ou une nation aux droits égaux. Aucun Premier Ministre n'a jamais voulu mettre sérieusement fin à l'occupation. Pas un seul » Le discours sur les deux Etats a permis de gagner du temps. Le processus de paix a fourni au monde une feuille de vigne pour rester silencieux et assurer l'occupation. Tous les plans de paix en train de se couvrir de poussières dans les tiroirs exhibent une étonnante ressemblance et partagent le même sort : ils ont tous été rejetés par Israël. Ici encore, Israël a continué intentionnellement à se mentir en disant qu'il voulait la paix. La liste des mensonges au sujet de l'occupation n'arrête pas de s'allonger.
Les morts-vivants
Les parents endeuillés ont pris de l'âge, les jeunes qui ont pris part à la première Intifada sont les gens d'âge moyen en 2017 et ceux de la deuxième Intifada sont des morts-vivants.
Les journalistes veulent partager avec leurs lecteurs des images qui marquent leur mémoire en ce jubilé de l'occupation.
« Voici une rangée de jeunes amputés en fauteuil roulant à l'hôpital Chifa de Gaza. Ce sont les victimes du bombardement des champs de fraises de Beit Lahia qui ont exterminé une famille entière.
Voici maintenant les enfants survivants de l'attaque qui a permis d'assassiner un chef du Hamas Salah Chehada. Initialement, l'armée israélienne avait prétendu qu'elle avait liquidé Chehada dans un appentis inhabité. Il y a aussi la femme que nous avons rencontrée et qui est morte d'un cancer parce qu'Israël ne l'a autorisée que tardivement à venir se faire soigner à Tel Aviv. Et cet enfant de Bethléem qui a été condamné à six mois de prison :un mois pour chaque pierre qu'il avait lancée et dont aucune n'a atteint sa cible ni causé de dégâts….Il y a aussi le futur marié tué le jour de son mariage, il y a ce père du camp de réfugiés de Qalandia qui a perdu deux fils en l'espace de quarante jours alors qu'un autre fils avait été tué auparavant par le commandant de la Brigade Binyamin de l'armée israélienne. Ce dernier lui avait tiré dans le dos alors qu'il se sauvait. Comment oublier cette mère paralysée dont la fille unique a été tuée dans ses bras quand un missile a éventré sa maison à Gaza ? Et ses gosses du jardin d'enfants Indira Ghandi à Gaza qui ont vu mourir sous leurs yeux leur institutrice, il y près de dix ans ? Reviennent à l'esprit le directeur du département d'architecture de l'Université Bir Zeit torturé par le Shin Bet et ce médecin de Tulkarem assassiné par l'armée.
Dans la chambre 602 de l'hôpital Chifa de Gaza, je revois, en juin 1994, ce père qui a perdu une main et ses deux jambes et cette fille du camp de Chaboura près de Rafah qui est morte dix ans après que des soldats lui aient logé une balle dans la tête, les trois hommes du camp de réfugiés de Deheisha près de Béthléem qui ont perdu la vie…les garçons munis de couteaux et les filles brandissant des ciseaux qui ont été tués sans raison aux checkpoints récemment. Ce qui est arrivé au jeune menuisier Bara Kanaan de Beit Rima, près de Ramallah, qui est maintenant chauve après avoir été torturé par l'armée israélienne qui lui a arraché les cheveux pour avoir manifesté –pacifiquement à Nabi Saleh comme toujours-contre le mur de l'apartheid en mai dernier. Il y a deux, trois, quatre décennies, de nombreux Palestiniens ont vécu pareils martyrologues.
L'armée israélienne, la police des frontières et l'Administration Civile ont constamment justifié, soutenu, trouver des raisons d'excuser et ont souvent carrément menti lorsqu'elles débitent leurs réponses automatiques. Jamais, au grand jamais, elles ne se sont excusées ou admis avoir fait erreur. Elles ont rarement exprimé des regrets et bien entendu, n'ont jamais offert de compensations financières. A les en croire – ainsi que la plupart des Israéliens- tout a été fait dans les règles.
Retour à l'exposition de Maria
L'exposition des œuvres de Maria Aman est symbolique. Son père s'est battu comme un lion des années durant. Des milliers d'autres victimes n'ont pas eu cette chance .
A Tel Aviv, les quelques Israéliens qui étaient dans la galerie et qui ont vu Maria, ses peintures et son père savent, eux, qu'entre 1967 et 2017, tout n'a pas été fait suivant les règles.
Durant ces 50 premières années, l'occupation n'a été qu'un long chapelet d'atrocités.


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