Berlin – De l'envoyé spécial de Leaders, Taoufik Habaieb. L'entretien était très attendu et fort suivi tant à Washington DC qu'à Tunis. En demandant à s'entretenir avec le président Caïd Essebsi, en marge du G20 Compacta with Africa à Berlin, la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), avait sans doute plus d'une question en tête. Elle voulait sans doute apprendre de la bouche même du chef de l'Etat l'évolution de la situation sécuritaire, économique et financière en Tunisie. Mais aussi, comprendre les raisons qui ont conduit le gouvernement tunisien à signer la semaine dernière l'accord avec l'UGTT, stipulant notamment une augmentation salariale et la non-privatisation d'entreprises publiques. Depuis le siège du FMI dans la capitale fédérale américaine, tous les collaborateurs concernés de Mme Lagarde pressaient leur directrice générale d'interpeller les autorités tunisiennes supérieures sur ces questions majeures, s'interrogeant sur la valeur de crédibilité des engagements pris par la Tunisie vis-à-vis du Fonds. Ces engagements contractuels portent sur le gel des salaires, l'allégement significatif des effectifs de l'Administration publique et la cession d'entreprises publiques. L'accord signé avec la centrale syndicale ne pouvait alors que susciter du moins que leur étonnement. D'où l'importance de l'entretien Lagarde – Caïd Essebsi, que beaucoup redoutaient à Tunis et même au sein de la délégation qui l'accompagne à Berlin. ''Circonstances atténuantes'' Pour ce tête-à-tête qui durera plus de 40 minutes, Christine Lagarde choisira le bon moment, juste mardi soir à la Chancellerie, juste avant le dîner officiel offert par Mme Merkel aux chefs d'Etat et de gouvernement. « Avec son habileté habituelle, elle saura trouver les mots qu'il faut pour poser ses questions, lâche à Leaders, une source diplomatique. Le président Caïd Essebsi, qui s'y attendait et avait bien affuté ses réponses, poursuit notre source. Là, il a endossé sa robe d'avocat pour défendre un dossier bien difficile, mais bien légitime. Après avoir rassuré la directrice générale du FMI sur la situation sécuritaire, mettant dans son contexte le récent attentat-suicide d'une jeune maîtrisarde, issue d'une zone rurale défavorisée et confrontée au chômage, il évoquera les conditions sociales en Tunisie. « Tour-à-tour, ajoute la même source, il mentionnera la précarité qui vaut pour de larges franges de la population, la flambée des prix et l'érosion du pouvoir d'achat ce qui rend nécessaire la prise en compte des revendications sociales et salariales. Il ne manquera pas d'ailleurs de saluer le patriotisme de l'UGTT et de l'UTICA qui ont fait preuve de compréhension. Le président Caïd Essebsi soulignera que le contexte spécifique que vit la Tunisie échappe aux schémas classiques et recommande des solutions pragmatiques appropriées qui tiennent compte de la réalité dans le pays. » Me Caïd Essebsi a ainsi plaidé ‘'circonstances atténuantes''. Utile Le deuxième volet était consacré au redressement des finances publiques et l'avancement des réformes. Le président Caïd Essebsi ne manquera pas de souligner les avancées accomplies, sans pour autant omettre de mentionner les difficultés rencontrées. « Ce n'est guère facile, répètera-t-il à Mme Merkel, tant les impondérables sont nombreux. Mais, nous nous employons de toute notre détermination. » « Cette rencontre a été utile, estime un membre de la délégation tunisienne. Ces résultats bénéfiques ne tarderont pas à poindre », ajoutera-t-il. Lire aussi Caïd Essebsi à Berlin : Aucune entreprise étrangère d'envergure n'a quitté la Tunisie, mieux, elles ont renforcé leur production (Photos et Vidéo) Leoni hisse la Tunisie au podium de Berlin des champions des investissements allemands
Les enjeux de la visite de Caïd Essebsi à Merkel ce lundi à Berlin lors du G20 Compact with Africa
Le geste spécial de la Chancelière Merkel à l'égard de la Tunisie (Vidéo)