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Habib Touhami: le niveau «culturel» des Tunisiens et ses impacts sur les élections
Publié dans Leaders le 09 - 11 - 2019

Une frange influente de l'intelligentsia nationale n'hésite pas à expliquer les résultats de l'élection présidentielle par «l'inculture» des électeurs tunisiens. Assertion quelque peu condescendante, d'autant plus simplificatrice qu'elle confond niveau d'instruction et culture générale, culture générale et culture politique, culture politique et conscience politique. Une personne bardée de diplômes n'a nécessairement pas une grande culture générale ou politique et un ouvrier autodidacte militant dans le syndicalisme n'est nécessairement pas un abruti dénué de toute culture générale ou politique. Au surplus, il n'existe pas de lien établi entre conscience politique et enracinement politique. En la matière, le terrain est miné ou mouvant. Quand bien même les électeurs tunisiens seraient-ils incultes, il serait incongru d'oublier qu'en démocratie, la voix d'un inculte vaut celle d'un érudit. Mais à supposer que cette frange ait raison en partie, à qui la faute ?
Si on analyse les choses avec un minimum de lucidité, on constate que les intellectuels en général, l'intelligentsia médiatisée en particulier, ont contribué largement à l'inculture politique des Tunisiens. Jamais depuis le 14 janvier 2011 ils n'ont donné l'exemple de la rigueur et de la rationalité. Face à une population longtemps sevrée de débats politiques contradictoires et dans l'incapacité de déchiffrer la masse de données qui lui est soudainement proposée, il aurait fallu qu'ils séparent le bon grain de l'ivraie et qu'ils initient leurs compatriotes au discernement et à l'analyse critique. Ils ne l'ont pas fait, ajoutant de la confusion à la confusion, de l'approximation à l'approximation. Jamais ils n'ont réussi à marquer leur territoire par rapport aux politiciens et aux journalistes. Les débats politiques à la télévision auxquels ils participent avec gourmandise ne sont pas conçus pour éclairer l'opinion publique mais pour accroitre les recettes publicitaires des chaînes qui ont transformé ces débats en simple «produit d'appel».
Le système éducatif tunisien n'est évidemment pas exempt de reproche. Outre sa léthargie face à la baisse continue et inquiétante du niveau général, le système a privilégié de façon exagérée et systématique l'enseignement des sciences exactes au détriment des sciences sociales et humaines. C'et ainsi qu'il n'a pas formé des citoyens doués de raison et de sens critique mais des « soldats » prêts à tout embrigadement. En effet, les sciences exactes prédisposent à la modélisation abrupte alors que les sciences sociales et humaines préparent à la critique distanciée. Ce n'est pas par hasard si l'extrémisme et l'obscurantisme recrutent avec quelque succès parmi les ingénieurs, les maîtrisards en MPC et les diplômés des IUT, peu parmi les diplômés en sociologie, démographie, économie ou histoire. Un prix Nobel de chimie, homme honorable en tout point, Frédéric Joliot-Curie, justifiait ainsi son engagement inconditionnel au PCF (Parti communiste français) : «C'est si bien d'être du parti, on n'a plus besoin de penser».
La société tunisienne est conservatrice dans l'ensemble, donc sceptique à l'égard de la raison (ce trait s'accentuera dans le futur du fait du vieillissement de la population et du profil des migrations extérieures). Elle est scandalisée par l'incurie et la moralité douteuse de ses dirigeants et de ses élus, donc encline à les rejeter. Elle est inquiète et désemparée, donc mûre pour s'accrocher à n'importe quelle planche de salut. C'est la combinaison de ces facteurs qui explique le vote des Tunisiens. Toutefois, la donne électorale aurait été autre si les partis politiques tunisiens avaient rempli correctement leur mission en démocratie. Ailleurs, les partis politiques réussissent à jouer leur rôle d'intermédiaire entre pouvoir et citoyens, d'animateur du débat public et de lieu de formation à l'exercice du pouvoir. En Tunisie, ils se révèlent inconsistants et inaptes à concourir à l'expression du suffrage universel. Aucune démocratie n'est viable sans partis politiques, c'est vrai, mais quand les partis politiques sont constitués par des coquilles vides ou des officines d'abêtissement des foules, ils deviennent un danger mortel pour la démocratie.


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