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La lutte contre la déscolarisation est la mère de toutes les batailles !
Publié dans Business News le 14 - 09 - 2016


Par Nabil Ben Azouz*
Un jour, Bourguiba dit à Gueddafi : « Pourquoi achetez-vous tant d'armes au lieu de créer des écoles ? » Gueddafi, étonné et courroucé, lui répond : « C'est pour éviter qu'ils ne se révoltent contre moi ». La réponse de ce grand-petit homme n'a pas tardé à fuser : « Il vaut mieux que vous ayez un peuple éduqué et cultivé qui se révolte contre vous, qu'un peuple non éduqué et inculte ». On sait tous ce qu'il est advenu de Gueddafi. Torturé, violé même, et liquidé par ses propres concitoyens. Quelle fin de règne ! Qui a dit que la culture et l'éducation ne sont pas le meilleur moyen pour lutter contre l'ignorance, l'inculture, la délinquance et le terrorisme ?

Si notre Révolution se déroule tant bien que mal et plus ou moins pacifiquement par rapport à la Libye, l'Egypte, le Yémen et surtout la Syrie, c'est bien grâce à cette lame de fond qui est toujours là (éducation, école publique, libération de la femme…), et cela, malgré les graves reculades vécues depuis le temps de la Troïka et son attaque en règle contre tout ce qui fait notre fierté.

Remarques préliminaires et parlons simplement. Loin de nous l'idée de posséder la vérité, de faire un tour complet de cette sensible question, ou d'être négatif et uniquement critique vis-à-vis du premier chargé de cette question. Le ministre de l'Education, Néji Jalloul est d'abord, et pour que ce soit clair, un ami, un ancien collègue, mais avant tout, un battant, un militant, un homme tenace qui agit, qui réalise des choses, au verbe haut et à la plume tenace. Une chose que l'on ne peut pas nier, c'est que les Tunisiens le lui rendent bien. Sauf que nous ne sommes pas de la même famille politique. Et pour que ce soit également limpide pour tous, certes je m'intéresse à la politique car tout est politique, mais jamais je ne ferai de politique… surtout la politicienne !

Néji Jalloul est conscient de tout ce que je vais dire, et même plus. Sauf que le temps presse et le temps chez nous est une notion dilatée, et on sent que ce temps commence a priori, à lui échapper, embourbé qu'il est dans les luttes partisanes. D'ailleurs, on constate qu'il commence à gaffer et surtout à être critiqué, parfois violemment, par ceux-là même qui l'ont élevé, il n'y a pas si longtemps que ça, aux cieux et en ont même fait leur star. Ce qu'ils lui reprochent aujourd'hui, c'est d'avoir entre autres supprimé les vacances de décembre. Je ne vais pas jusqu'à vous dire, monsieur le ministre, comme certains aigris et de très mauvaises langues, que c'est votre clin d'œil aux islamistes pour avoir leur bénédiction, vu que ces vacances tombent le jour de l'an et de noël, comme vous l'avez si méchamment insinué, mais je pense que ce changement va nuire au tourisme local et à notre ouverture sur le monde, car ces familles qui t'aiment tant, ont pris l'habitude de prendre leurs vacances durant cette période. A mon explication, mon fils m'aurait sûrement dit : « Lol » !

Alors quel état des lieux (en flashs, sachant que chaque point mériterait à lui seul plusieurs analyses) pouvons-nous faire de cette problématique ?

- Les chiffres parlent de presque cent mille élèves qui quittent l'école chaque année. C'est énorme et inquiétant. Où vont finir tous ces jeunes, ces Tunisiens de demain ? Dans l'oisiveté du chômage, la délinquance, l'émigration clandestine et mourir bêtement en pleine méditerranée, la violence et surtout devenir une proie facile à manipuler par les terroristes. Plusieurs jeunes Tunisiens et Tunisiennes vont noyer leurs échecs en Syrie, en Lybie, en France et même ici. Dans leur propre pays. Quel désespoir !

- De plus en plus d'élèves quittent l'école publique pour l'école privée (on parle pour cette année d'une augmentation de 25% d'élèves dans le privé). Pourquoi ? Cela prouve que l'école publique, l'école de la justice et de l'égalité, n'attire plus et donc qu'elle a un grave problème à résoudre.

-Le niveau culturel et linguistique de nos élèves est de plus en plus catastrophique. Ils sont incultes (j'exagère un peu exprès la chose, quoi que !) et en français, et en arabe ! Que dire de leur intérêt de plus en plus faible pour les sciences humaines, essentielles pour le savoir, la réflexion et le développement de l'esprit critique ? Monsieur le ministre, la première des réformes à faire, c'est de revoir les coefficients. J'étais estomaqué d'apprendre par des amis enseignants que ces coefficients qui privilégient les sciences exactes au dépens des sciences humaines, étaient pratiqués dès l'entrée des élèves au collège ! Dans les démocraties, les coefficients sont les mêmes pour toutes les disciplines. Les élèves n'ont pas à choisir et à privilégier des matières par rapport à d'autres et cela jusqu'à deux ans avant le bac, c'est-à-dire à partir de l'année de leur orientation définitive. Ce qui est plus logique. Le sport forme autant le citoyen de demain que les mathématiques. Idem pour toutes les autres disciplines jugées mineures par rapport à la physique-chimie ou aux SVT ! N'est-ce pas aussi le meilleur moyen pour lutter efficacement contre les cours particuliers et le diktat des professeurs des sciences exactes ?

Quelles sont les causes principales de cette déscolarisation ?

- La cause incontestable de la déscolarisation est la pauvreté. Surtout dans les zones rurales. L'enseignement est selon notre Constitution obligatoire et gratuit, mais cela demande quand même des fournitures scolaires, des habits neufs, des ordinateurs, des transports... Hélas, beaucoup de familles n'ont pas les moyens financiers pour faire face à ces dépenses. Personnellement, j'étais témoin de certains cas où les élèves et leurs familles, n'ont même pas de quoi acheter le timbre fiscal pour passer les concours. Cela sans parler de l'école qui se trouve parfois à plusieurs kilomètres du lieu de résidence de l'élève avec en plus des routes non asphaltées, boueuses, isolées et dangereuses !

- Parlons justement de ces écoles délabrées, moches, sans âmes, sans Histoire et livrées à tous les vents et toutes les pluies ! Comment voulez-vous dans ce cas, que l'élève aime l'école, se l'accapare et s'y sente chez lui ? On sait, monsieur le ministre, ce que vous faites pour y remédier. Mais, encore un effort camarade.

- Les mentalités ont changé. L'émancipation sociale n'est plus liée au degré de l'enseignement. Les enfants savent aujourd'hui que l'éducation ne mène pas à la vie confortable à laquelle ils aspirent. L'école ne joue plus son rôle d'ascenseur social. Les feuilletons, la starisation, le football… sont devenus, hélas, le rêve indépassable de tous les jeunes.

-Les horizons fermés de l'enseignement. Quand les élèves voient le nombre de chômeurs qui ont des diplômes universitaires, il y a de quoi les désespérer et leur faire détester l'école !

-L'échec scolaire. Certains élèves refont l'année plusieurs fois et finissent par abandonner. Il faut rapidement trouver une solution à ce fléau destructeur.

- Les filles des zones rurales sont les plus touchées par ce phénomène de déscolarisation. Cela s'explique par la mentalité archaïque qui pense que la place de la femme est au foyer pour aider aux tâches ménagères ou pour travailler dans les champs.

- On a de plus en plus l'impression (vu la politisation à outrance de ce secteur), que l'élève n'est plus au centre de l'éducation. On se chamaille et chacun y va de ses calculs bassement politiques. Et dans ce brouhaha, on ferme les écoles professionnelles et les centres de formation pour les filières courtes.

- On doit également définitivement saisir que les élèves (et là il faut parler de la pression négative des parents qui doit changer) ne vont pas tous devenir médecins, pilotes ou avocats (rêves légitimes des parents). Certains élèves, et on doit le comprendre, l'accepter et y trouver des solutions, ne peuvent pas et surtout, ne veulent pas d'un enseignement long. Ils sont plus manuels et veulent rapidement acquérir un métier et accéder au plus vite au marché du travail. Mais que leur a-t-on préparé ?

-Peut-on parler de « déscolarisation » des élèves sans parler, et excusez ce néologisme, de « déprofesseurisation ». Je ne vais pas m'étaler sur cette question que vous connaissez tous. Mais, le rapide constat qu'on peut faire, c'est que le professeur doit autant se remettre lui-même en question (sa méthode de travail, sa formation continue, ses rapports avec les élèves…), que retrouver également et impérativement sa place centrale dans le système éducatif.


Le prince des poètes arabes, Ahmed Chawki n'a-t-il pas magnifiquement dit : «9oum lilmou3allimi waffihi at-tabjila, kada al mou3allimou an yakouna rassoula » (Lève-toi par respect au maître et fais-lui honneur. Le maître a bien failli être un véritable prophète). Nous en sommes hélas, loin !


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