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Covid 19: politiques migratoires menaçantes... de l'exception vers la norme
Publié dans Leaders le 24 - 08 - 2020

Par Haïfa Hubert - Le 17 avril 2020 le Secrétaire général des Nations Unies a déclaré que la pandémie de la Covid 19 était une crise sanitaire mondiale sans précédent et que nous sommes tous vulnérables face à ce virus. Il est vrai que le virus ne choisit pas ses victimes et qu'il n'a pas de caractère discriminatoire en fonction de l'âge, de la nationalité, de la couleur de peau ou d'une situation régulière ou pas dans un pays donné. En revanche, l'impact du virus sur des personnes vulnérables, les pauvres, les demandeurs d'asile, les réfugiés, les personnes déplacées est lui, discriminatoire, puisque ces personnes vivent dans des conditions qui ne leur permettent pas de respecter les distances de sécurité, d'avoir des masques et de les changer régulièrement, de disposer d'eau potable, bref de disposer des conditions sanitaires préconisées. Le 24 juillet 2020, face à l'ampleur dévastatrice du Covid, et en tirant les conséquences de l'effet du virus sur les personnes les plus vulnérables, le Secrétaire général de l'ONU déclare lors de la Conférence Nelson Mandela 2020, que « La pandémie du Covid-19 a braqué les projecteurs sur cette injustice » comparée à une radiographie, cette pandémie « révélerait des fractures dans le fragile squelette des sociétés que nous avons construites.
Elle fait ressortir les aberrations et les contre-vérités que l'on entend partout:
Le mensonge selon lequel le libre-échange peut permettre de fournir des soins de santé à toutes et à tous;
La fiction selon laquelle le travail non rémunéré qui consiste à apporter des soins à autrui n'est pas un travail;
L'illusion de croire que nous vivons dans un monde post-raciste;
Le mythe selon lequel nous sommes tous dans le même bateau.
Car si nous naviguons tous dans les mêmes eaux, il est clair que certains sont dans des mégayachts
tandis que d'autres s'accrochent aux débris qui dérivent »1.
Quand nous regardons de près les politiques migratoires depuis la Covid-19, et son impact sur la fermeture des frontières pour les réfugiés, nous remarquons que la sécurité des citoyens été privilégié au détriment de la sécurité des réfugiés. La menace de la Covid a touché tout le monde en revanche, les réfugiés qui vivent une menace permanente: (menace de persécution, menace de noyade lors de a traversée, menace d'agression, …) se voient refuser de l'aide internationale, se retrouvent également face à la menace de la Covid-19. Les politiques et mesures de restriction au niveau des frontières ne se sont pas assouplies mais bien au contraire elles ont conduit à une intensification de la stratégie d'urgence « sécuritaire » qui tend à devenir permanente: fermer les frontières pour prévenir d'une menace (pandémie, terrorisme, …).
La nature extraordinaire de la phase que nous traversons est incontestable et pourtant, la manière dont elle a conditionné la mobilité humaine, la vie des immigrés et les politiques migratoires, loin d'être marquée par l'exceptionnalisme, trace une ligne de continuité des politiques migratoires drastiques, avec pour résultat une nouvelle discrimination des migrants et augmentation des inégalités en leur fermant les frontières, en privant les enfants d'accéder à l'éducation, aux soins, à la sécurité.
Alors que nous nous apprêtons à célébrer le 50 ème anniversaire de la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés, les normes juridiques qui sous-entendent la protection des personnes vulnérables, la signature du Pacte de Marrakech de 2018 ont été remises en question alors même que des millions de personnes ont besoin d'une protection internationale. Le Pacte Mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières a été accepté par la communauté internationale en 2018, un Pacte qui a été un appel à la solidarité mondiale et à la gouvernance internationale de la crise de la migration, au partage des responsabilités, semble aujourd'hui tombé dans les oubliettes.
En cette période de la Covid 19, nous assistons à une fermeture des frontières, à une gouvernance unilatérale…à une solidarité caduque. Qui aurait pu imaginer que les principes et les engagements pris par rapport à ce Pacte seront modifiés si profondément et si rapidement à cause d'une pandémie?
Suite à la pandémie, d'après le HCR, 167 pays ont fermé totalement ou partiellement leurs frontières pour contenir la propagation du virus. La fermeture des frontières s'est alors accompagnée de mesures restrictives d'accès aux procédures d'asile pour pouvoir faire une demande de réfugié et d'avoir accès aux services de protection essentiels.
Les chiffres alarmants du nombre de personnes disparues en Méditerranée nous a tous interpellés voire choquée (1090, disparus en novembre 2019, 20260 en janvier 2018 d'après le HCR).
Récemment, plus de 400 enfants demandeurs d'asile se sont vu refuser l'accès à un port, et plus de 30 personnes sont mortes de faim, de déshydratation.
Il est connu depuis longtemps que les demandeurs d'asile ont le droit de demander des protections à ces frontières puisqu'ils fuient une menace, une persécution et que ces causes ont. été reconnues par la convention des droits de l'homme, par les pactes, les Conférences internationales, protégeant le droit des réfugiés.
Par ailleurs et d'après le HCR, un autre problème juridique se pose qui est celui de l'externalisation des responsabilités juridiques vers des pays tiers qui sont souvent des pays pauvres, avec des procédures d'asile inexistantes et des systèmes de santé fragile.
Certes un Etat souverain a le devoir de protéger ses citoyens d'une pandémie mais il a également l'obligation de protéger les réfugiés: ces deux idées ne doivent pas s'exclure et être perçues comme antagonistes mais bien au contraire, il existe des moyens qui peuvent assurer la protection des citoyens et des réfugiés. Les tests, la mise en quarantaine sont des procédures nouvelles qui peuvent garantir une protection des citoyens et des réfugiés.
Les entretiens à la préfecture peuvent être remplacés par des entretiens à distance et ainsi assurer la continuité des procédures et non son arrêt. Une politique basée sur l'inclusion ne serait-elle pas plus efficace qu'une politique basée sur l'exclusion? Qu'en est-il des valeurs du Pacte de Marrakech basées sur l'intégration?
En cette période de la Covid, le droit des réfugiés est plus que jamais menacé car ces meures restrictives risquent de s'enraciner et l'exception peut devenir la règle. Une fois la crise passera, il y a un risque que certains pays continuent à maintenir des politiques ni protectrices ni respectueuses des droits de l'homme.
Nous ne disposons pas de chiffres exactes, mais nous savons que le confinement a engendré une perte de revenus, a conduit à une flambée de la violence d'une manière générale chez les populations à travers le monde. Les enfants des réfugiés ont été particulièrement touchés et la fermeture des écoles n'a pas aidé à les intégrer au sein de la société, et à leur assurer l'éducation qui est la clé de l'intégration. Il est indispensable aujourd'hui, de communiquer sur ce sujet et de repousser l'idée qu'un réfugié pourrait être un vecteur de la coronavirus.
Il est indispensable et urgent de se réaligner aux Pactes signés et à la Convention des Droits de l'homme, d'adopter des moyens inclusifs, non discriminatoires afin de garantir l'accès aux services sociaux, aux soutiens psychosociaux, à la sécurité à toutes les personnes. Il est vital et dans l'intérêt de tous de revenir à la solidarité internationale, à l'esprit de partage véhiculé par les Pactes et conventions relatifs aux droits des réfugiés aux droits de l'homme et plaider en faveur des normes juridiques internationales de protection.
Haïfa Hubert
Professeure de Géopolitique et de langue à ESSEC Business School Paris
1) Antonio Guterres , « Lutter contre la pandémie d'inégalités: un nouveau contrat social pour une nouvelle ère », Conférence Nelson Mandela 2020, https://www.un.org/fr/coronavirus/tacklinginequality-new-social-contract-new-era, visité le 10 août 2020


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