«Les journalistes sont les partenaires de terrain», estiment les responsables de l'Unhcr Face à l'afflux des migrants, l'Europe a beau appeler à repenser les politiques de gestion migratoire d'où proviennent ces migrants, le phénomène n'est plus à portée de la main, étant donné qu'il y a, jusqu'alors, confusion des concepts juridiques relatifs à des statuts particuliers qui rentrent dans l'état des faits migratoires. Migrants irréguliers, réfugiés ou demandeurs d'asile, le statut n'est pas le même, d'autant que les raisons des déplacements au-delà des frontières limitées sont aussi bien multiples que complexes. Cette fine ligne de démarcation a fait la différence, d'où la sensibilisation à l'usage des termes en couverture médiatique. C'est là l'objectif du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (Unhcr) qui vient de tenir, hier à Hammamet, un atelier de travail sur « le traitement objectif de la situation des demandeurs d'asile et des réfugiés », destiné aux journalistes tunisiens. Réfugié, un concept juridique On recommande de faire la part des choses et de tenir compte de la convention de Genève de 1951 et des protocoles internationaux ratifiés, quelques années plus tard, en 1969 portant identification des catégories des personnes relevant de la compétence de l'Unhcr et qui ont besoin de protection internationale. Surtout que la Tunisie en est membre signataire, ayant connu, maintes fois par le passé, des flux migratoires mixtes. Tout migrant n'est pas forcément un réfugié, alors que ce dernier est censé être un migrant forcé pour des raisons sécuritaires, politiques ou confessionnelles. Selon l'Unhcr, « les réfugiés sont les personnes qui, craignant avec raison d'être persécutées du fait de leur race, religion, nationalité, de leur appartenance à un certain groupe social ou de leurs opinions politiques, se trouvent hors du pays dont ils ont la nationalité et qui ne peuvent ou, du fait de cette crainte, ne veulent se réclamer de la protection de ce pays ». Ces derniers ont plein droit à la protection internationale. Cela relève, bien entendu, du mandat de l'Unhcr dont la mission est leur fournir l'assistance requise, mais aussi leur apporter des « solutions durables », en étroite coordination avec ses partenaires exécutifs (gouvernements en place, société civile, croissant rouge...). Cependant, certains demandeurs d'asile n'ont pas droit au statut de réfugiés, faute de critères valables. Un millier de cas en suspens Statistiques à l'appui, l'on recense, actuellement, sous nos cieux, quelque 1.024 réfugiés et demandeurs d'asile dont les cas sont encore en suspens, faute d'une loi sur la question. Elle est, plutôt, en gestation, comme l'indique M. Iyadh Bousselmi, administrateur de protection associé au bureau de l'Unhcr de Tunis. L'absence d'un tel mécanisme législatif a créé un vide juridique non sans impact sur la gestion du phénomène. Faute de quoi, la décision revient à l'instance onusienne concernée qu'est l‘Unhcr. Cette dernière est, déjà, en train de préparer un draft sur son programme d'intervention en état d'alerte précoce. Et là, son représentant régional pour le Maghreb, M. Mustapha Djemmali, n'a pas manqué de faire valoir le rôle des médias dans pareilles crises de grande affluence des migrants. Rôle des médias Le responsable a fait état d'un apport médiatique considérable lors de la guerre d'Irak en 1990, de l'embargo imposé à la Libye au début des années 90 et des flux massifs d'Algériens en Tunisie fuyant les persécutions islamistes dans leur pays. C'étaient, toujours, des cas de réfugiés qui n'avaient pas, à l'époque, échappé à l'observation des médias. « Les journalistes sont, entre autres, nos partenaires du terrain qui attirent notre attention sur un constat d'état pareil», a-t-il encore avoué. Leur rôle est important dans la protection internationale des réfugiés. Intervenant comme professionnel facilitateur, M. Maher Abderrahmane s'est focalisé sur le respect des principes fondamentaux du métier. Quant à M. Djemmali, il a affirmé que tous les dossiers des réfugiés en Tunisie sont à l'étude et les procédures sont en cours pour en venir à bout. De son côté, M. Naoufel Tounsi (liaison officier) a abordé les aspects pratiques des activités du bureau de l'Unhcr en Tunisie. Dans cet ordre d'idées, il a passé en revue les différentes phases préparatoires à la fermeture définitive du camp de Choucha en juin 2013.