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Tunisie: Que répondre à l'enthousiasme des foules qui exultent?
Publié dans Leaders le 14 - 09 - 2021

Par Riadh Zghal - Combien de Tunisiens ont sauté au toit à l'annonce du gel du parlement ? C'est que ce dernier a été une source de honte pour le citoyen moyen tant l'image des manigances de son président et celle du comportement de certains de ses membres sont répugnantes et révoltantes. Une chambre dite de représentants du peuple, qui dispose d'un pouvoir immense, mais au lieu d'en faire usage pour sauver un pays qui croule sous une crise multidimensionnelle dont celle de la santé, se braque sur des luttes partisanes sans fin.
Alors que les Tunisiens meurent par centaines tous les jours du Covid-19, que la menace de faillite guette l'Etat, que l'économie est en berne et que le peuple glisse sur une pente inexorable d'appauvrissement, des députés hommes d'obédience islamiste agressent physiquement des députées femmes ! Tout se passe comme s'ils prenaient leur revanche du fait que les manifestations populaires en 2013 les avaient empêchés d'inscrire dans la constitution que la femme n'était qu'un «complément de l'homme», autrement dit un sous-être qui n'existe pas par lui-même. Evidemment, l'idée de réciprocité, que l'homme serait le complément de la femme, n'effleurait pas l'esprit de leur secte.
L'euphorie populaire de mise à bas du pouvoir islamiste n'est pas sans rappeler celle du 14 janvier 2011 à l'annonce du départ du président Ben Ali. Voilà trois semaines que cette jubilation n'est pas tombée associée à un saut de la popularité du Président de la République. Un sondage d'opinion publié le 17 de ce mois révèle que 91,9% des voix iraient à Kaïs Saïed si des élections présidentielles étaient organisées.
Mais combien va durer cette vague d'enthousiasme ? Et comment entretenir ce sentiment de libération qui a fait la puissance du peuple sorti le 25 juillet, poussant le Président à passer enfin à l'action?
On sait combien a duré l'enthousiasme des foules en 2011 et l'on connaît la suite: une assemblée constitutive, une constitution, des élections puis la descente aux enfers des crises sur tous les plans politique, économique, social, culturel, sanitaire... Pas un secteur de la vie sociale n'a été épargné sauf les économies de rente et celle informelle qui se renforcent mutuellement et qui alimentent l'avidité insatiable de ceux qui sont venus réclamer des «compensations» pour leur militantisme islamiste en plus de ce que leur accès au pouvoir leur a permis de puiser dans les caisses de l'Etat.
S'il y a des conclusions et une leçon à tirer de cette décennie de désespérance, c'est qu'il faut cesser de se fier au juridisme comme moteur de transition vers la démocratie. Tous les efforts d'après 2011 ont été consacrés à traiter de questions juridiques et institutionnelles sans trop regarder à la manière dont fonctionnent la société et l'économie. On a ainsi trahi ceux qui se sont révoltés pour cause de chômage, d'exclusion et d'humiliation par un régime autoritaire et policier. Ceux qui ont saisi le pouvoir ont répondu au mouvement des foules par la création d'institutions. A ce propos, Gustave Le Bon avait écrit dans son livre «Psychologie des foules» publié en 1895 : «Les peuples restent gouvernés par leur caractère, et toutes les institutions qui ne sont pas intimement moulées sur ce caractère ne représentent qu'un vêtement d'emprunt, un déguisement transitoire.». Lui qui était médecin et anthropologue avait avancé comme argument l'exemple de la constitution anglo-saxonne qui restait fonctionnelle malgré la monarchie, et celles des «douzaines de constitutions mortes dans les convulsions des peuples latins de l'Europe et de l'Amérique». Ces dernières n'étaient pas générées par l'expérience sociale et politique. Même fondées sur «la raison pure», elles n'étaient pas exemptes de contradictions, d'ambiguïtés, voire d'absurdités, en comparaison des sociétés auxquelles elles étaient supposées s'appliquer.
Répondre au soulèvement par des élections n'est pas non plus la panacée si l'on ne dispose pas de moyens suffisants pour contrôler, puis pour sanctionner les dérives diverses de trucage des résultats. C'est ce qui s'est passé chez nous. Le soulèvement du peuple le 25 juillet était contre des élus d'une institution supposée les représenter. L'incapacité des élus à satisfaire les attentes de ceux qui les ont élus rend ces derniers prêts pour toutes les révolutions même derrière des chefs imprévisibles, en l'absence de leaders et de buts précis et réalisables.
En attendant la constitution d'un gouvernement, ce qui est à l'œuvre actuellement, alors que tous les pouvoirs sont aux mains d'un seul homme, on parle de réforme de la constitution, voire de l'écriture d'une nouvelle constitution, de la réforme du système électoral. C'est à se demander si c'est cela l'urgence ? Si on ne retombe pas dans le même piège du juridisme de gestion de l'Etat au sommet ?
Si le cadre institutionnel existe et permet l'action du gouvernement, sa réforme est moins urgente que celle du traitement de bien d'autres questions. Il y a la lutte contre la corruption qui semble bien partie. Il y a aussi la restructuration de la gestion de l'administration publique par la digitalisation, le nettoyage de l'arsenal juridique qui bloque l'initiative, la productivité et la rémunération du mérite. Il y a l'instauration d'une véritable gestion administrative décentralisée. Il y a la relance de l'économie.
Les réformes institutionnelles et celle du système électoral peuvent suivre, d'autant qu'il faut attendre que reviennent la stabilité politique et une sérénité générale pour se lancer dans un référendum ou des élections.
Il ne s'agit plus du «business politique as usual» mais un pressant besoin d'innover et de sortir des sentiers battus. Cela serait possible si davantage de jeunes, les plus concernés par l'avenir qui est le leur et celui de leurs enfants, sont présents au pouvoir de décision et de gestion des affaires publiques au sommet, dans les régions et les localités.
Le risque c'est, comme l'écrivait Edgar Morin en 2011 dans La Voie, lorsque «la crise du politique est aggravée par l'incapacité à penser et à affronter la nouveauté, l'ampleur et la complexité des problèmes.» Ce risque est d'autant plus menaçant que règne un déficit d'écoute, de compétence avérée et d'engagement effectif envers le bien du plus grand nombre de citoyens.


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