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Slaheddine Dchicha: Un spectre hante l'Europe...
Publié dans Leaders le 06 - 10 - 2022

Un spectre hante l'Europe… mais pas celui du communisme, comme le pensaient Karl Marx et Friedrich Engels en 1948 dans «Le Manifeste du parti communiste». Différentes expressions ont été proposées pour désigner ce spectre: droite populiste, droite radicale, extrême droite, post-fascisme… mais afin de bien nommer le mal, il faudrait dire Fascisme comme le préconisait en 2018 déjà, le sociologue Ugo Palheta*, d'autant que la plupart des formations visées ont eu un passé fasciste ou nazi sans parler de leurs valeurs et de leur programme.
Ainsi le parti de Giorgia Meloni, qui ne cache pas son admiration de Mussolini, est issu du MSI, le parti Fasciste de Giorgio Almirante, tandis que celui des dits «Démocrates de Suède» a été fondé par des groupes néo-nazis, à la fin des années 1980. Cependant dans ce qui suit, par commodité, il sera fait usage de l'expression «extrême droite».
En fait, «ce mal» courait depuis longtemps, bien avant les «Fratelli d'Italia» (Frères d'Italie dont l'appellation n'est ni fortuite, ni surprenante puisqu'elle perpétue une tradition fasciste italienne) le parti post-fasciste de Giorgia Meloni qui vient d'arriver en tête des élections législatives italiennes organisées le dimanche 25 septembre dernier en recueillant 26 % des suffrages et bien avant les récentes élections suédoises du 11 septembre 2022 qui ont vu «Les Démocrates de Suède» (Sverigedemokraterna), le parti d'extrême droite de Jimmie Åkesson arriver en deuxième position avec 20,6% des voix et 73 députés.
La prolifération
Le retour sur les deux dernières décennies permettra d'avoir une idée assez précise de l'émergence de l'extrême droite sur la scène politique européenne:
Autriche: «le Parti libéral d'Autriche» (Freiheitliche Partei Österreichs, FPÖ) sous la direction de Jörg Haider a obtenu aux législatives de 1999, 27 % des suffrages, ce qui lui a permis de participer au gouvernement de coalition en 2000. Il reviendra au pouvoir de 2017 à 2019.
Hongrie: le parti de Viktor Orbán, le «Fidesz-Union civique hongroise» (Fidesz-Magyar Polgári Szövetség) dispose de 59% des sièges au parlement et exerce le pouvoir depuis 2010.
Pologne: le parti «Droit et justice» (Prawo i Sprawiedliwość) des frères jumeaux Kaczyński exerce le pouvoir depuis 2015.
Norvège: «Le Parti du progrès» (Fremskrittspartiet, FrP) 3ème parti norvégien a participé au gouvernement de 2013 à 2020
Allemagne: «L'Alternative pour l'Allemagne» (Alternative für Deutschland, AFD) lors des élections fédérales, il a obtenu 12,6 en 2012 et en 2021 il est descendu à 11 %.
Espagne: «Vox», la formation d'extrême droite, dirigée par Santiago Abascal, détient environ 15 % des sièges au parlement et dirige depuis cette année en coalition avec la droite classique, la communauté autonome de Castille-et-León.
Belgique: «le parti nationaliste flamand», Le Vlaams Belang («Intérêt flamand») de Karel Dillen pèse actuellement 12 %.
La France: avec ses 89 députés élus aux Législatives de 2022, «le Rassemblement National» (RN) de Marine Le Pen, est devenu le premier parti de l'opposition de droite.
Les racines du mal
On le voit, plusieurs pays aussi bien du Nord, du Centre que du Sud de l'Europe sont en proie à cette contagion plus qu'inquiétante et même si chacun d'eux a des spécificités et des raisons particulières qui expliquent le succès de l'extrême droite, certaines raisons sont communes et partagées quelle que soit la société considérée.
L'économie
Le capitalisme européen, après avoir, tout au long du XXe siècle et plus particulièrement après la seconde guerre mondiale, attiré les travailleurs dont il avait besoin essentiellement des pays du Sud: Maghreb et Afrique sub-saharienne, a connu une grande la mutation. Dans sa recherche effrénée du profit, boosté par une mondialisation accélérée, par la chute du Mur de Berlin et l'effondrement de l'Union soviétique, au lieu de continuer à faire venir la force de travail, il s'est mis à déplacer ses moyens de productions et sa technologie vers une main d'œuvre qualifiée, docile et bon marché. Cette délocalisation vers les pays asiatiques a entrainé le démantèlement des usines européennes, provoquant un chômage de masse et donc la paupérisation et le déclassement des ouvriers et de leurs familles. Tel est le prix à payer au néo-libéralisme et à la liberté du marché !
La fabrication de l'ennemi
Le travail devenant rare, une concurrence s'est instaurée entre les travailleurs européens et leurs collègues immigrés, de telle sorte que ces derniers sont devenus les bouc-émissaires responsables de la crise et du chômage et l'extrême droite, xénophobe dans son ADN, n'a pas eu beaucoup de mal à instrumentaliser la situation. C'est ainsi qu'elle a ajouté d'autres accusations: après le 11 septembre 2001 et surtout après les attentats commis par les islamistes sur le sol européen, l'immigré, après avoir été l'Arabe, le Maghrébin…, est devenu le Musulman à qui sont attribuées la délinquance et l'insécurité et qui par son «communautarisme» et par son mode de vie et ses valeurs si «particuliers» non seulement menacerait l'Europe dans son identité mais projetterait le «remplacement» de sa population!
Triangulation et diversion
Ces thèmes agités et répétés ab nauseam par l'extrême droite lui ont valu les succès électoraux que l'on sait. Du coup, les socio-démocrates et la gauche de gouvernement, impuissants face au pouvoir économique de plus en plus financiarisé et apatride, afin de faire oublier leurs échecs à résoudre la crise, à faire baisser le chômage et à améliorer la vie de leurs concitoyens,… bref incapable de réformer le capitalisme ou tout du moins de modérer son penchant ultra-libéral, ont emboité le pas à l'extrême droite et se sont mis, par opportunisme électoraliste, à «trianguler» ses thèmes allant jusqu'à adopte, dans quelques pays, des lois iniques qui font fi des valeurs humanistes sans cesse revendiquées par le Vieux continent. …Toutes ces lois par exemple sur le port du voile, le communautarisme, l'aide aux immigrés clandestins…, destinées en réalité à faire diversion et à distraire les populations des vraies difficultés qu'elles affrontent, ont contribué pour une grande part à la «banalisation» et à la «dédiabolisation» des partis et formations d'extrême droite.
Cependant, malgré ces concessions et ces renoncements, au vu des scores électoraux de plus en plus importants d'une extrême droite légitimée, courtisée par les média et intégrée dans le jeu démocratique, il faut croire que les électeurs «préfèrent l'original à la copie» pour pasticher les dires de Jean-Marie Le Pen.
Slaheddine Dchicha
* Ugo Palheta, La possibilité du fascisme. France, la trajectoire du désastre, La Découverte, Paris, 2018, 270 p., 17€.


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