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Quand la presse se défait de ses chaînes
Publié dans Leaders le 18 - 01 - 2011

Martyrisée, muselée et finalement libérée : la presse tunisienne s'est défaite de ses chaînes après un long combat dont -il faut bien leur reconnaître ce mérite - la presse d'opposition a été le fer de lance. La presse est enfin libre, Une liberté non pas octroyée par le prince et qui peut être retirée au gré de ses caprices, mais une liberté totale arrachée au prix de luttes et de sacrifices. Car la liberté de la presse est la mère de toutes les libertés. Elle doit être irréversible, inscrite dans la constitution. Nos gouvernants sont allergiques de nature à la critique ? Ils doivent s'y habituer, car «sans la liberté de blâmer, il n'est pas d'éloge flatteur ».
Il faut dire que l'histoire de la presse tunisienne est un raccourci de tout ce que le pays a connu d'atteintes aux libertés fondamentales, d'arbitraire et de répression en cinquante quatre ans d'indépendance. La différence entre les années Bourguiba et les années de plomb de la période 1989-2010, étant plus de degré que de nature. La répression était plus "soft", sous Bourguiba, mais la presse était aussi muselée que sous son successeur. En un demi siècle, la presse avait eu tout au plus droit à une dizaine d'années de semi-liberté : d'abord, les cinq années qui suivirent l'indépendance avec l'existence de journaux comme l'Action et de son avatar Afrique-Action, de Béchir Ben Yahmed et du seul journal d'opposition, «la Tribune du Progrès », organe du parti communiste ; ensuite, en 1970, lors de la consultation nationale qui avait suivi l'échec de la collectivisation. Cela avait duré quelque mois. Une simple parenthèse que Bourguiba s'était empressé de fermer, jugeant que « la plaisanterie avait trop duré », lorsque le débat risquait de déborder le cadre qui lui avait été fixé pour évoquer des sujets comme la séparation Etat/parti. En 1981, après la nomination de Mohamed Mzali comme Premier Ministre et l'institution du pluripartisme, la récréation durera une année, jusqu'à ce que Bourguiba en siffle la fin après l'organisation des premières élections législatives pluralistes, et enfin les années 87-89. Depuis, c'est une chape de plomb qui s'est abattue sur tout ce qui pense, écrit ou même réfléchit en partie à cause d'un homme dont on ne dira jamais assez tout le mal qu'il a fait au pays et à la presse et auprès duquel Jdanov ferait figure de grand libéral. Lorsque des confrères étrangers critiquaient devant moi la presse tunisienne, je les renvoyais aussitôt au livre de George Orwell, « 1984 », décrivant la vie d'un pays imaginaire (qui présente bien de ressemblances avec notre pauvre pays) dirigé par un dictateur, le fameux Big Brother qui ressemble étrangement à celui dont on vient de se débarrasser. Et du coup, ils cessaient leurs sarcasmes estimant sans doute que nous étions beaucoup plus à plaindre qu'à blâmer.
Ce qu'on a fait de la presse et des journalistes en Tunisie surtout pendant « la période du Changement » doit être assimilé à un crime. Savez-vous que notre presse occupe aujourd'hui la 144ème place dans le monde juste devant la Corée du Nord. Savez-vous que nous sommes exclus de la FIEJ (fédération des éditeurs de presse), de la FIJ (fédération des journalistes)? Savez-vous que la Tunisie est considérée comme l'une des pires ennemies de l'internet ? En matière de libertés, on ne pouvait pas faire pire. Résultat : nous avons une presse médiocre, alors que nos journalistes font les beaux jours des médias arabes. Au fait, dans un pays où les libertés sont foulées aux pieds, la presse ne peut être que médiocre.
Quand on parle des journalistes tunisiens, on a trop souvent tendance à les traîter de « tous pourris» C'est injuste. A côté des zélateurs et des stipendiés et ils sont nombreux, Il existe quelques héros et une masse de journalistes anonymes, patriotes qui ont résisté comme ils ont pu, préférant faire profil bas, écrire sur des sujets où la critique est moins vigilante, collaborer en catimini dans des journaux de l'opposition, jouer au chat et à la souris avec la censure ou s'emmurer dans le silence le plus total, en attendant des jours meilleurs.
Les régimes qui se sont succédé dans notre pays de Bourguiba à Ben Ali ont fait des journalistes des schizophrènes, des aigris, mal dans leur peau, des marginaux, des complexés vis à vis de leurs confrères étrangers et même arabes ; des frustrés d'avoir manqué tant de scoops, raté tant de reportages qui auraient pu leur conférer une plus grande visibilité (en audience et en crédibilité), d'avoir été mal encadrés par des aînés qui se souciaient comme de l'an 40 de leur formation alors que (pour certains) leurs condisciples étrangers étaient devenus des célébrités chez eux parce qu'ils avaient eu la chance d'avoir appris leur métier auprès de journalistes qui avaient une autre idée de leur métier ; d'être des incompris par leurs lecteurs qui leur reprochaient leur frilosité, leur silence coupable et méprisés par les gouvernants, pour lesquels, ils étaient de simples caisses de résonance.
Aujourd'hui, tout cela va changer. La Tunisie a tout pour devenir un modèle pour les pays arabes et africains en matière de liberté de presse, de libertés tout court...J'ai fait un rêve : enfin débarrassés du carcan où on les avait enfermés pendant plus d'un demi siècle, rompant définitivement avec la culture des « ta'alimet »,(les directives) , nos journaux vont pouvoir aborder tous les sujets, y compris ceux qui fâchent. En toute liberté, sans autocensure, avec pour seule ligne rouge, le respect des règles de déontologie. Nos journalistes ne seront plus obligés de s'expatrier jusqu'en Chine pour exercer leurs talents. Big Brother ne sera plus là pour brider les journalistes et leur dicter ses oukases. On n'aura plus à rougir de notre presse. Nos cafés retrouveront leur animation des années 60 et 70. Ils redeviendront ces espaces de discussion et de liberté où on ne se contentera plus d'y fûmer la chicha, ni d'y discuter de sujets sérieux à voix basse, tout en jetant des regards furtifs alentour. de peur d'être repéré... Tunis redeviendra Tunis.
Mais revenons sur terre : le mouvement se prouve en marchant. La liberté de la presse se prouvera à son plein exercice. Comme le rappelle fort opportunément, un journal satirique français, chaque mercredi « la liberté de la presse ne s'use que si l'on ne s'en sert pas ».


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