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IA et travail: Opportunité ou menace
Publié dans Leaders le 09 - 04 - 2025

Par Maledh Marrakchi - L'intelligence artificielle (IA) redessine le paysage économique mondial, impactant tous les secteurs, du commerce à l'éducation, en passant par la santé, l'industrie et le transport. Elle est souvent perçue comme une révolution réservée aux pays riches, mais elle touche aussi les pays en développement et à revenu intermédiaire comme la Tunisie.
IA n'est plus une projection futuriste : elle est déjà omniprésente. Des chatbots (robots conversationnels intelligents) aux algorithmes prédictifs, en passant par l'automatisation des processus, les entreprises adoptent ces technologies pour améliorer leur efficacité. L'année 2025 est déjà marquée par un développement spectaculaire de l'IA agentique (Agents IA capables d'effectuer des tâches plus ou moins complexes de façon autonome).
Pour les pays en développement comme la Tunisie, cette transformation suscite des interrogations majeures : l'IA est-elle un levier de croissance et d'emploi, une opportunité pour rattraper le retard technologique, ou bien une menace qui risque d'accroître le chômage et les inégalités ?
Certains pensent que l'IA représente une opportunité inédite pour ces économies. Elle permet notamment d'automatiser des tâches répétitives, libérant ainsi du temps pour des activités à plus forte valeur ajoutée. Elle accompagne l'humain et l'assiste pour lui permettre de prendre des décisions plus éclairées. L'IA est une technologie qui permet aux employés d'effectuer leur travail plus rapidement et plus efficacement en analysant rapidement les données, en prédisant la réponse du marché, en aidant à identifier les sources de financement possibles et en réduisant le coût de l'activité. L'essor des start-ups spécialisées en IA, la digitalisation des services publics et l'externalisation des tâches liées à l'IA par les grandes entreprises étrangères offrent une opportunité pour l'emploi. Au cours de la dernière décennie, l'utilisation de l'IA dans la prise de décision a connu une croissance exponentielle, plusieurs secteurs tels que la finance, la sécurité nationale, la santé, la justice pénale et les transports l'ayant adoptée.
Certains, au contraire, pensent que l'IA crée de nouveaux emplois, mais elle détruit aussi beaucoup plus qu'elle n'en génère. Différentes études ont projeté que l'avènement de l'IA pourrait rendre superflus des millions de postes d'emploi d'ici à 2030, mais en même temps, créer un nombre significativement élevé de nouveaux emplois nécessitant des compétences techniques. Une enquête du Forum économique mondial publiée le 30 avril 2023 estime que quelque 14 millions d'emplois seraient perdus dans le monde d'ici à 2027.Une autre interrogation fondamentale concerne l'impact de l'IA sur les capacités humaines. Loin de simplement remplacer certaines tâches, elle influence aussi la manière dont nous pensons et agissons. Pour les partisans de « l'homme augmenté », l'IA représente un formidable outil d'optimisation. Elle nous permet d'analyser des données à une échelle jamais atteinte, d'optimiser des processus complexes et d'améliorer notre prise de décision. Cela signifie par exemple que les médecins pourront mieux diagnostiquer, que les agriculteurs optimiseront leurs récoltes et que les entreprises accroîtront leur productivité. À l'opposé, d'autres mettent en garde contre une dépendance excessive qui pourrait affaiblir les compétences humaines. Si nous déléguons trop de décisions aux algorithmes, nous risquons de perdre des compétences essentielles. Cette dépendance de l'IA pourrait ralentir l'émergence d'une expertise locale et renforcer la domination des grandes puissances technologiques.
Un rapport de l'Organisation internationale du travail(*), à propos de l'effet de l'IA générative sur les emplois, montre que seule la profession du travail administratif est fortement exposée à la technologie, avec 24 % des tâches administratives considérées comme fortement exposées et 58 % supplémentaires comme moyennement exposées. Pour les autres groupes professionnels, la part la plus importante des tâches fortement exposées oscille entre 1 et 4 %, et les tâches moyennement exposées ne dépassent pas 25 %. Par conséquent, l'impact le plus important de la technologie est probablement « l'augmentation du travail » – l'automatisation de certaines tâches au sein d'une profession tout en laissant du temps pour d'autres tâches – par opposition à l'automatisation complète des professions.
Les effets potentiels sur l'emploi, qu'il s'agisse d'augmentation ou d'automatisation, varient considérablement selon les groupes de revenus des pays, en raison des différentes structures professionnelles. Ces effets ne tiennent pas compte des contraintes d'infrastructure, qui entraveront son utilisation dans les pays à faible revenu et creuseront probablement l'écart de productivité.
D'après cette même étude, la Tunisie, en tant que pays à revenu moyen inférieur, ne serait concernée par l'automatisation par l'IA qu'à hauteur de 1 à 2% des métiers. En contrepartie, l'augmentation par l'IA pourrait toucher 13% des emplois. Ainsi les secteurs employant une main-d'œuvre nombreuse exposée à l'effet d'automatisation, comme les centres d'appels, le service à la clientèle, le secrétariat, les commis comptables et bancaires, le codage informatique, l'art graphique, … risquent d'être fortement impactés par le développement des agents intelligents.
Bien que la Tunisie ne soit pas encore fortement exposée aux conséquences négatives potentielles sur l'emploi par l'automatisation par l'IA, en partie en raison du retard pris dans la digitalisation qui constitue un préalable incontournable à l'exploitation du large potentiel de l'IA, il n'en demeure pas moins que le risque de perte de compétitivité et de productivité est bien présent, par rapport à d'autres marchés où l'usage de l'IA est bien plus mature.
Malgré ces défis, l'IA offre des opportunités uniques pour des pays comme la Tunisie, à condition qu'elle soit utilisée pour augmenter les capacités humaines plutôt que de les remplacer. L'IA peut contribuer à moderniser le secteur manufacturier tunisien en améliorant la productivité sans supprimer des emplois. Elle peut présenter des solutions à certaines difficultés du système de santé tunisien, notamment dans les zones rurales, tout en apportant des solutions à certaines difficultés du secteur de l'éducation, de l'enseignement supérieur et de la formation professionnelle. La Tunisie, avec son bassin de jeunes diplômés en ingénierie, pourrait devenir un hub régional pour les services IA.
La clé réside dans une politique proactive et agile avec de bonnes stratégies pour transformer les défis en opportunités et faire de l'IA un moteur de croissance inclusive.
L'élément humain étant au centre des préoccupations dans cette transformation, il est impératif d'investir massivement dans la formation et à différents niveaux dont notamment:
• L'alphabétisation numérique : une des sources majeures d'exclusion, et donc de marginalisation aujourd'hui, réside dans le manque de préparation aux outils et technologies numériques. Un programme national massif doit être mené.
• L'acculturation avec l'IA et notamment l'IA générative : un programme national d'initiation à l'IA et son utilisation de façon responsable doit être conduit auprès des travailleurs, du grand public, des apprenants dans différentes disciplines et dans l'enseignement secondaire. Certains pays comme la Chine ont intégré ce type de formation dans les programmes de l'enseignement primaire.
• L'intégration de l'IA et la data science dans les cursus de formation professionnelle et encourager les formations courtes et flexibles pour reconvertir les travailleurs dont les métiers risquent de disparaître ou les demandeurs d'emploi.
• Le renforcement de la formation de spécialistes en IA afin de constituer un vivier de compétences nationales à même de contribuer aux développements des technologies de l'IA pour les besoins nationaux et internationaux et consolider le potentiel de la Tunisie pour devenir un hub régional en IA, voire continental.
• La révision des contenus et méthodes d'enseignement en s'appuyant sur l'IA, et en favorisant des compétences devenues essentielles comme la résolution de problèmes, l'esprit critique, le travail collaboratif, la communication … des compétences qui préparent l'humain de demain où l'IA sera omniprésente.
• L'apprentissage tout au long de la vie doit être une politique soutenue partout et auprès de tous les acteurs, car le rythme des mutations ne fera que s'accélérer davantage à l'avenir.
Les décideurs tunisiens doivent choisir le cap. L'IA est une vague technologique que la Tunisie doit saisir. Il faut investir dans l'éducation, attirer les investissements technologiques et encourager la création de start-ups locales. Ceux qui s'adapteront rapidement en récolteront les bénéfices. Si l'IA façonne déjà l'avenir, c'est aujourd'hui que se dessine la manière dont elle influencera l'emploi et le développement dans des pays comme la Tunisie. Opportunité ou menace ? Tout dépendra des choix qui seront opérés dès maintenant. L'IA n'est pas une fin en soi, mais un outil qui doit être au service du progrès humain.
Maledh Marrakchi
(*) Generative AI and jobs : A global analysis of potential effects on job quantity and quality


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