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Amir al bahr : Bechir Jedidi
Publié dans Leaders le 08 - 02 - 2011

Le contre-amiral Béchir Jedidi, retraité de l'armée nationale en 1987, nous a quittés le 2 février. Figure emblématique de la marine nationale, puis du Commissariat général à la Pêche, il laisse un souvenir impérissable. Leaders a demandé à l'un de ceux qui l'ont bien connu durant ses dernières années de service, Adel Kammoun, ancien Chef de Cabinet du ministre de l'Agriculture, M. Lassaad Ben Osman, de nous en dresse le portrait.
Dans le faire part publié par le ministère de la Défense, on lit : engagé dans l'armée nationale le 1er septembre 1957, le contre-amiral Béchir Jedidi a poursuivi ses études militaires en France et aux Etats-Unis, et avait obtenu un DESS de l'Université Paris 1 Sorbonne. Il assumé plusieurs responsabilités de commandement notamment chef d'état-major de lla marine nationale de 1970 à 1978 avant d'être nommé attaché militaire près l'Ambassade de Tunisie à Paris, puis commissaire général à la pêche en 1981. Il quitta l'armée en 1987. »
Hommage par Adel Kammoun.
Il a débarqué peu après mon arrivé en Février 1980 au Ministère de l'Agriculture. J'ai vécu la naissance du commissariat général à la pêche au Ministère de l'équipement dont il s'est vu confié la charge après le bref passage de Monsieur Zakaria ben Mustapha nommé maire de Tunis. Pour si Lassad Ben Osman Ministre de l'Agriculture il ne pouvait rêver d'un meilleur choix. L'amiral Jedidi était sadikien ingénieur du génie naval et commandant en chef de la marine nationale. Il pouvait donc se consacrer à l'organisation du secteur agricole, à l'équipement hydro-agricole et à la promotion de la production. Le secteur de la pêche était en pleine mutation et était un élément de base dans la croissance du secteur agricole.
Un amiral à la pêche que fera-t-il se demandaient les agronomes et les biologistes. L'homme a vite conquis la maison comme à l'abordage silhouette frêle, pas agiles, sourire franc et élégance classique, ses yeux émeraude scintillaient d'intelligence, sa profonde culture et sa grand civilité attestaient de ses nobles origines. Il commençait toujours ses entretiens à mi-voix comme pour vous attirer dans sa confidence par un très poli « chouf ya Sidi ». J'étais jeune, lui dans la force de l'âge. Je sentais quand même plein de choses qui me rapprochaient de lui : engagement fort au service de l'Etat, loyauté, abnégation et insensibilité à tout ce qui pouvait entacher l'honneur ou la probité.
L'amiral Jedidi maîtrisait parfaitement les problèmes de la mer et des pêcheries il amenait très vite ses collaborateurs et ses interlocuteurs à sa vison des choses par sa connaissance approfondie des dossiers et par son autorité naturelle qui suggérait l'adhésion plutôt que la soumission. Comme un plan de bataille tout se déroulait avec lui en cinq phases stratégies, objectifs, moyens, exécution, évaluation. Le travail une équipe ? Une simple transposition de la navigation sur un navire de guerre. Chacun à son poste « ched blastek » comme il se plaisait à le dire.
Il serait fastidieux d'énumérer les réalisations et les acquis du secteur de la pêche sous sa houlette. J'en rappelle quand même l'augmentation du nombre des ports et des sites abris, l'extension de la flottille, l'équipement de ports en chaînes de froid et en installations de carénage, formation des pêcheurs et des patrons le tout couronné par une croissance spectaculaire de la production et des recettes en devises des exportations.
Au-delà de ces aspects technico-économiques qui nécessitent à eux seuls tout un ouvrage, certains épisodes vécus lors du passage de l'amiral au Ministère de l'Agriculture me sont revenus à l'esprit l'autre jour en allant présenter mes condoléances à sa famille et à ses proches. J'en cite trois significatives de la valeur de notre cher disparu.
- La première avait trait à mon audit des bilans de l'Office National des Pêches. En effet, je l'ai entretenu après son arrivée au CGP de mes conclusions sur le déficit énorme et inexplicable de cet office public. Ces mêmes conclusions m'ont valu les reproches et le courroux du PDG de l'époque. Bien qu'il était son ami, et après vérification de mes conclusions, l'amiral lui signifia qu'il devait chercher un point de chute car il allait proposer son remplacement à la tête de l'ONP.
- La deuxième concernait la fièvre d'obtenir les autorisations de fabrication et de mise en eau des chalutiers. Longtemps soustrait à l'action de ce mode de pêche pour des raisons historiques, le golfe de Gabes recelait des ressources benthiques relativement importantes et de grande valeur commerciale. Les rendements par chalutier était tellement importants que le golfe de Gabes devenait un eldorado dans l'imaginaire collectif malgré les pressions et les interventions de toutes sortes, l'amiral a tenu bon et a refusé d'autoriser un nombre de chalutiers supérieur aux possibilités de pêche durable dans ce golfe.
- La troisième était liée aux incursions des chalutiers italiens dans les eaux territoriales Tunisiennes et les zones réservées de pêche et notamment la Mammelone. Face à la vigilance de la Marine Nationale, les armateurs de Mazzara d'El Vallo allaient changer de stratégie en multipliant les incursions individuelles et collectives. Les chalutiers italiens n'hésitaient pas faire face aux frégates de la Marine Nationale par des manœuvres dangereuses et à essayer d'impliquer la Marine Italienne en fuyant vers les eaux internationales. Une véritable guerre de poisson était déclenchée.
Imperturbable, l'amiral Jedidi décidait de croiser le fer : augmentation des amendes, saisie des chalutiers. Au cours de l'année 1982, une trentaine de chalutiers italiens arraisonnés encombraient les ports de pêche Tunisiens. Nous redoutions les suites politiques et diplomatiques mais la Tunisie a eu gain de cause. Non seulement le gouvernement Italien a changé d'approche du problème mais il a proposé un plan d e coopération technique et financière consistant et le partenariat en matière de pêche maritime. La première société Tuniso-Italienne de pêche a vu le jour et les chalutiers Italiens arraisonnés ont été grâciés.
Bien que largement ouverte sur la mer, la Tunisie, n'a pas encore mobilisé les moyens et les ressources pour renouer avec son histoire maritime, de Carthage à l'empire Fatimide en passant par la période des Deys et des Beys. Les noms de Hannon, Mohamed Kchok, Ahmed Ghorbel, Hsouna el Mourali et Bechir Jedidi nous interpellent pour se pencher sur cette voie d'action et de développement.
J'ai rencontré Si Bechir pour la dernière fois lors d'une conférence organisée par l'association des anciens de Sadiki. A la sortie, nous avons fait une tournée des sites historiques de la Kasbah, il était, comme moi féru de l'histoire de la Tunisie. Cela ne nous pas détourné du présent alors que le pays croulait sous le carcan de l'imposture et de l'injustice. On avait échangé quelques confidences et quelques conclusions. Il était reparti de son pas agile malgré l'âge en me lançant son mémorable « al hassel karakouz ».
Aujourd'hui et face à la montée des périls ce sont des hommes de la trempe de l'amiral Jedidi que la Tunisie a le plus besoin. Adieu mon Amiral, adieu Si Bechir puisse la Tunisie dont vous avez tant défendu les frontières maritimes et les ressources halieutiques vous rendre l'hommage solennel dont vous êtes digne.


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