Le port de Tabarka est bloqué depuis le mardi 20 septembre 2011 par des barques de pêcheurs qui empêchent quiconque d'entrer ou de sortir, en particulier plusieurs gros chalutiers algériens qui viennent ici en réparation. Ce blocage est la conséquence de l'arraisonnement d'un chalutier tunisien par les autorités maritimes algériennes. Cette crise, assez fréquente entre les deux pays, a été cette fois-ci aggravée par la condamnation des cinq membres de l'équipage tunisien à trois ans de prison par la justice algérienne, alors que d'habitude ils n'ont droit qu'à des amendes plus ou moins lourdes dix à trente mille Dinars tunisiens. C'est dire si la tension est permanente entre les deux autorités maritimes. A ce propos, certains pêcheurs tunisiens rappellent tout de même que la garde nationale algérienne se permet souvent de poursuivre les embarcations tunisiennes qui entrent dans leur eaux territoriales même par erreur, allant jusqu'à leur tirer dessus ! D'après des sources proches des autorités tunisiennes locales, le Raïs du chalutier tunisien, qui n'en est pas le propriétaire, est entré dans les eaux territoriales algériennes pour y ramasser du corail. Il a alors été averti par la garde nationale de ce dépassement, mais il a refusé de faire demi-tour. La garde nationale l'aurait même averti de l'arrivée des garde-côtes algériens, mais il n'a pas daigné écouter leur avertissement… Résultat : son chalutier a été arraisonné et son équipage condamné à trois années de prison chacun. La réaction des marins tunisiens ne s'est pas fait attendre : ils ont disposé leurs barques à l'entrée du port et surtout devant l'endroit où la grue remet les bateaux à l'eau. En effet, de nombreux bateaux algériens, mais aussi italiens et français, viennent faire leurs réparations au port de Tabarka qui dispose de matériel adéquat et d'ouvriers qualifiés. Les familles des marins condamnés campent depuis plusieurs jours au pied de l'immense grue qui met les bateaux à l'eau, afin de l'empêcher de remettre les bateaux algériens à l'eau. Huit chalutiers algériens se retrouvent ainsi prix en otage par les marins et les familles, afin de faire pression sur les autorités algériennes. Le délégué de Tabarka a rendu visite à ces familles et a pu recueillir leurs doléances. Mais il ne peut évidemment pas résoudre un problème aussi complexe, puisqu'il ne dépend pas de lui. En attendant, les petits pêcheurs commencent à s'énerver, car ce blocage les empêche de sortir jeter leurs filets en mer et de gagner une poignée de Dinars qui sera vite dépensée en cette rentrée scolaire, mais aussi pour rembourser les dettes accumulées lors du mois de Ramadhan et de l'Aïd. De leur côté, les travailleurs du chantier de réparation des chalutiers commencent à s'inquiéter face à cette situation qui les prive de revenus et qui risque de les mettre au chômage technique très prochainement. En effet, les armateurs algériens dont les bateaux sont bloqués au port de Tabarka risquent de ne plus payer les travaux de réparation… Quant aux plaisanciers, tunisiens ou étrangers, ils semblent prendre leur mal en patience, en espérant un dénouement rapide à ce problème complexe. Certains craignent pour l'image du port de Tabarka qui reçoit régulièrement de nombreux bateaux de toutes les nationalités pour des travaux de carénage. Or avec cette affaire, des sommes importantes seront perdues et récupérées par d'autres chantiers autour de la Méditerranée. Nous vous tiendrons au courant de l'évolution de la situation dans les prochains jours…