"Le Monde" change de look. Il s'agit de rendre le journal «plus pertinent, plus accueillant et, au final, plus indispensable », grâce à « une maquette et une typographie plus lisibles, mettant en valeur chaque article, multipliant sans en abuser les occasions d' entrer dans chaque page par un visuel (photographie, infographie) exigeant et sélectif ». Fini le temps où Hubert Beuve-Méry, le fondateur du journal demandait à ses journalistes de faire « ennuyeux », où les photos étaient proscrites. " Le Monde" avait entamé sa mue dès les années 70 avec Jacques Fauvet puis André Fontaine. Les crises que le quotidien du soir a, par la suite, connues et notamment les guerres de succession, l'arrivée d'une nouvelle génération de journalistes (Plénel, Colombani), le succès de "Libération", autant d'évènements qui ont accéléré ce processus. Les changements se succédaient et, ce qui était nouveau, touchaient la ligne éditoriale. Le legs de Beuve-Méry ou ce qui en restait était relégué au magasin des antiquités. Le journal avait gagné certes, en lisibilité. Mais il avait beaucoup perdu en respectabilité, en crédibilité. Dans les années 60,il exerçait un véritable magistère sur la classe politique française; aujourd'hui, même si au niveau rédactionnel, la qualité des articles est très bonne, il n'hésite plus à donner dans le sensationnel, parfois sans même vérifier ses sources, au grand dam de ses lecteurs. Décidément, "le Monde" n'est plus ce qu'il était. Pour la énième fois, le journal, confronté à une grave crise financière, doit modifier sa maquette. Cela lui suffira t-il à lui faire gagner de nouveaux lecteurs ?
