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Bahreïn, une histoire de révolutions ou Les racines du mal
Publié dans Leaders le 08 - 04 - 2011

L'onde choc de ce qu'on appelle communément aujourd'hui le printemps Arabe a atteint les pays du Golfe Arabe ou Persique selon les appellations des uns et des autres. Disons d'emblée que dans cette partie du monde la donne est complètement différente et tout amalgame avec la révolution Tunisienne et Egyptienne, relève soit d'une négligence dans la lecture de l'histoire soit de l'indifférence totale à la géopolitique voir même de la manipulation idéologique en vertu de laquelle des innocents sont parfois sacrifiés au nom de la révolution.
Même au sein des pays du golfe, le Bahreïn a ses propres spécificités. D'abord et surtout historique, Bahreïn a une histoire vieille de plus de 5000 ans [qui remonte à l'âge de bronze], entendez par là, une histoire documentée, depuis qu'elle s'appelait Delmon ou Delmin, le paradis perdu. Ce petit archipel [33 iles] a été le lien commercial entre la Mésopotamie et l'inde pendant environ 2000 ans. Sur son déclin, Delmon a été un vassal des assyriens puis incorporé à l'empire babylonien. Entre le 6ème et 3ème siècle avant le christ, le Bahreïn était sous la dynastie des Achaemenians. Le Bahreïn fut connu par les grecs sous le nom de Tylos ou le centre du commerce des perles. Les Bahreinis se sont convertis à l'Islam très tôt, précisément en l'an 7 de l'hégire sous l'émirat de Al Alaa Al Hadhrami. Vers la fin du 3ème siècle de l'hégire Abu Al Hasan Al Janaby Chef d'une secte qui se voulait messanique Ismaili originaire de la Koufa en Iraq, mena la révolution des Al Qaramta [Les Qarmatiens] qui établissérent à Bahreïn une forme de république ésotérique qui devait être basée sur la raison et l'égalité. Les Al Qaramta furent jusqu'au 10 éme siècle de l'hégire la super puissance de la région du Golfe. Ils furent surtout consignés dans l'histoire des musulmans comme ceux qui ont profané la Mecque, tué des milliers de pèlerins et volé la pierre noire sacrée de la Kaaba pour la ramener à Bahreïn et ce sous la houlette du Khalife Mehdi d'Ispahan qui s'était établi à Bahreïn. Les Al Qaramtas sont considérés comme des hérétiques et les pires ennemis de l'islam. Ils furent défaits par les Abbassides. Bahreïn fut alors contrôlé par une suite de dynasties en majorité sunnites: Uynides, Usfurides , Jabrides et Omanis grâce auxquels les Shiaas Bahreïni passèrent graduellement du radicalisme Qarmatien Ismaili au Shiisme imami plus pacifique.
A travers le temps, Bahreïn est demeuré une forte place où le commerce a toujours prospéré. Comme tout Carrefour commercial, le Bahreïn a toujours été cosmopolite et ses habitants venaient de toute les contrées avoisinantes et même de plus loin puisque qu'au 16 siècle ce sont les portugais qui occupèrent l'ile. C'est en 1783 que les Al Khalifa [une branche de la tribu des Banou Utbah originaire de Zubarah] unifièrent le Bahreïn et le gouvernèrent jusqu'a ce jour mais avec un intermède en 1861 où le Bahreïn devenint protectorat anglais et n'accéda à son Independence qu'en 1971. A cette époque déjà, l'Iran avait fait part aux Nations Unies de ses prétentions sur l'ile qui, avec la manne pétrolière, allait entrer dans l'ère du modernisme sous la houlette de Sheikh Issa Ibn Salman Al Khalifa.
L'autre spécificité de Bahreïn est sa composition sociale qui a été influencée tout au long de son histoire et jusqu'à aujourd'hui par sa position géographique de carrefour commercial. La société Bahreïnie postislamique a toujours été dominée par un sectarisme plus ou moins prononcé selon les périodes. Aujourd'hui, il y a d'un côté les Shiaas, divisés en deux clans, ceux d'origine persane [les Ajams] reconnaissables à leur noms et les Shiaas arabes ou "Baharna". Ces deux clans bien que partageant à peu près les mêmes croyances religieuses ne sont pas au même diapason politique à cause du problème d'ethnicité. Les Shiaas Arabes revendiquent le fait que ce sont eux les Bahreïnis de souche alors que les Ajams d'aujourd'hui [Les bouchehris] auraient été déplacés du sud de l'Iran vers Bahreïn par les Anglais [encore eux], qui avaient besoin de main d'œuvre pour extraire le pétrole découvert en 1932. Dans l'autre camp, il y a les sunnites plus modérés avec leur chef de file les Al Khalifa. Bien que plus homogènes et détenant les rènes du pouvoir, les sunnites sont minoritaires mais se prévalent d'une légitimité historique sur le gouvernement datant d'avant la dynastie des Omanis. Il faut relever que sous la gouvernance des Al Khalifa, ce dangereux melting pot était relativement stable même si depuis la fin du siècle écoulé on assiste à des soulèvements sporadiques du camp chiite. Apres l'indépendance, on assiste même à l'élaboration d'une constitution [1975] et l'élection d'un parlement mais cette expérience n'a pas duré. Ainsi en 1981, le Front Islamique pour la Libération de Bahreïn, d'obédience Iranienne a organisé un coup d'état visant à assassiner les dirigeants du Bahreïn et à installer une république islamique à l'iranienne ayant pour guide suprême le chef du clergé irakien Hādī al-Mudarrisī. Mais ce coup d'état fut avorté suite à des rapports d'intelligence internationaux. C'est ce même Mudarrisi qu'on retrouve entre autre parmi les organisateurs des troubles de 2011. Une autre spécificité du Bahreïn c'est l'atmosphère de sectarisme s'est accentuée après la révolution iranienne de 1981. Depuis, les chiites Ajams ont toujours affiché ouvertement leur loyauté absolue à leurs maîtres à penser, les Ayatollahs. Au cours des années 90, un mouvement de contestation mené par les leaders islamistes, Abdul Amir Al Jamri et Ali Salman s'est constitué avec pour revendication principale le retour à la constitution de 1975 et la restauration de l'assemblée. Ce mouvement fut réprimé par le vieux Sheikh Issa. En 1999, c'est son fils Hamad qui prit le pouvoir et entama des réformes, certaines sur le plan politique comme la libération de tous les prisonniers politiques et le retour graduel à la constitutionalité et à l'élection d'une assemblée à laquelle les femmes furent invités à voter pour la première fois dans l'histoire de la région. Les shiites furent aussi invités à occuper des postes dans le gouvernement et intégrèrent en masse plusieurs autres secteurs comme la santé et l'enseignement. La totale liberté des cultes shiites ainsi que l'application des lois shiites par les tribunaux Jaafarite [pour les Shiaas] ont été garanties; même si ces cultes peuvent choquer les esprits les plus tolérants, notamment les processions et les automutilations sanglantes lors de la célébration de la semaine de la Achoura ou autres rites funéraires [les Maatems] enseignés jusque dans les jardins d'enfants des clans chiites. Ces réformes eurent pour effet la régression des violences mais pas vraiment la réconciliation sociale. Mais l'onde de choc des révolutions arabe a frappé le Bahreïn de plein fouet et les opposants forts de quelques revendications sociales légitimes par ailleurs, ont fait plus que raviver la flamme de la contestation. Les premières manifestations de février 2011 revêtirent un côté pacifique et après une première tentative pour contrôler l'agitation , le gouvernement avait proposé le dialogue mais les positions se sont vite radicalisées du côté des manifestants surtout après l'apparition des partis politiques d'opposition [ les sept légaux comme le Wifak, Waad , les Démocrates progressistes, le Forum Démocratique, Al Ikha al Watani, le rassemblement National Démocratique et le parti Amal et les mouvement illégaux comme Al Haq, Wafa, Al Khalass ] et leurs chefs historiques comme Medrassi, , Al Jamri , Salman et Mchimaa revenu de son exil après avoir bénéficié d'une amnistie. La proposition de dialogue fut repoussée et la surenchère et les vieux slogans de haine et d'appels au meurtre ont fait leur apparition. Le spectre des contentieux historiques commençait à bien se dessiner et le sectarisme était à son paroxysme. Les deux camps [Les pros et les antis Al Khalifa pour ne pas dire en gros Sunnites et Shiaa] étaient au bord de la confrontation. Ils mobilisaient leurs adeptes dans des manifestations de plusieurs milliers de personnes dans des tentatives d'intimidation mutuelle. A noter que dans les manifestations de l'opposition, on défilait sous les portraits géants de Khomeni, Sistani et des autres ayatollahs iraniens. Aujourd'hui, le poids démographique des différents clans formant la société civile Bahreïni ne sont pas connus avec exactitude même si les manifestations ont montré un équilibre des forces. La dernière spécificité de la révolte bahreïnie est qu'elle bien était encadrée et bien financée du moins depuis sa radicalisation. Tout était planifié au moindre détail, du transport des manifestants aux slogans jusqu'a la préparation des cocktails Molotov pour les confrontations avec la police.
Ainsi et devant l'intransigeance des opposants, le pire qu'on craignait finit par arriver. Le Bahreïn fit appel à ses alliés du conseil de coopération du Golfe et en vertu d'un traité d'aide militaire mutuelle la révolte fut matée par la force brute.
La question maintenant est de savoir comment des revendications légitimes qui auraient pu être menées jusqu'au bout dans un cadre pacifique, ont-elles pu dégénérer en ce que les autorités Bahreïni affirment être une nouvelle tentative de coup d'état cette fois sous couvert de révolte sociale, avec le régime iranien comme instigateur. Une autre question est de savoir si le Bahreïn n'a pas perdu une occasion pour sortir du sectarisme et continuer son chemin bien entamé vers la modernité. Pour répondre à de telles questions il faut intégrer une bonne réflexion sur les aspects suivants:
* Même devant un pouvoir autoritaire ou dictatorial, Il ne faut pas perdre de vue qu'une révolution n'éclate pas dans un pays où le taux de chômage est de l'ordre de 15 à 20% comme la Tunisie ou l'Egypte; ni surtout de la même façon que dans un pays comme le Bahreïn ou le PIB s'écrit en 5 décimales. [Le PIB du Bahreïn est de 14,537Mds $, quatrième richesse arabe]

* Il est impératif de procéder à une étude sociologique rigoureuse et à une lecture historique la plus exhaustive et objective possible pour pouvoir comprendre les cycles de violence dans cette partie du monde.
Les racines du mal peuvent bien être ancrées dans l'histoire.


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