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Ahmed Néjib Chabbi :"Trois grandes urgences"
Publié dans Leaders le 11 - 05 - 2012

« Le pays s'enlise dans la crise et l'instabilité et le gouvernement est conscient de l'impasse», estime Ahmed Néjib Chebbi. « Elargir le gouvernement sur la base de quotas à répartir entre les partis, affirme-t-il, ne résout guère les problèmes profonds de la Tunisie. Les élections ne sauraient se tenir au-delà du 30 mars 2013 et, d'ici là, un gouvernement de salut public restreint, présidé par une personnalité consensuelle, doit être formé pour s'attaquer à la mise en oeuvre d'un programme d'urgence, laissant les partis vaquer à l'élaboration de la Constitution et à leurs activités ».
Pour relancer l'activité économique et engager le désenclavement des régions intérieures et le développement régional, Chebbi recommande le lancement d'autoroutes (Enfidha -Gafsa et Oued Ezzarga-Tabarka), la construction d'une ligne de TGV reliant Tunis à Tripoli et la constitution de fonds régionaux de développement, alimentés par une partie des recettes du pétrole et des phosphates, des produits restants de la privatisation de Tunisie Telecom et des ressources de la Caisse des dépôts et consignations.Tirant enseignement de la campagne électorale, il reconnaît que des erreurs ont été commises, notamment pour ce qui est de la communication « coûteuse et contre-productive », comme en termes de proximité sur le terrain et de prise en charge des préoccupations effectives des Tunisiens. Il considère cependant que ceux qui ont voté pour le PDP ne l'ont pas regretté, alors que nombre d'autres qui ne lui ont pas accordé leur confiance s'en mordent les doigts aujourd'hui. Assumant la responsabilité de cet échec, doit-il partir ou repartir de nouveau ? Pour Chebbi, c'est un choix personnel qui l'incite à ne pas laisser la porte ouverte à Ennahdha , considérant qu'il a, de par son parcours et son expérience, tant d'atouts à mettre au service de la Tunisie. Interview.
Commençons par cette dissidence qui s'est déclarée à la naissance du nouveau Parti républicain ?
Ce qui est arrivé est regrettable. La naissance d'un grand parti ne doit pas être entachée. Certes, dès le lendemain du scrutin du 23 octobre, il y a eu contestation de la direction historique de la part de certains, sans qu'il y ait eu cependant de lettres adressées au bureau politique ou d'analyses formelles mises en débat par les contestataires. Puis, avec la perspective de la fusion, des élections internes devaient désigner les délégués au congrès du nouveau parti et ses élus aux différentes instances. Deux listes étaient en présence, mais il s'est avéré que les résultats n'étaient pas favorables aux contestataires. Avant de procéder au vote, j'avais tenté de rapprocher les points de vue, sans pouvoir y parvenir. A présent, je suis prêt à trouver toutes les formes évolutives pour les associer à la vie du parti et ses activités. Il faut dire que nous avons choisi une ligne politique et un leadership qui ont été adoptés et qui ont fait leurs preuves. Quant à l'évaluation et l'autocritique, nous les avons faites en reconnaissant des erreurs commises mais en enregistrant aussi la justesse de notre ligne politique. Nous avons, en effet, été justes en prévoyant une carence au sein du pouvoir, avec cette confrontation entre islamistes et démocrates. Nous avons été justes, aussi, en reconnaissant le verdict des urnes, sans le contester, mais en choisissant de ne pas nous joindre au gouvernement, pour rester dans l'opposition et y accomplir pleinement notre devoir de contre-pouvoir positif. Quant aux principaux enseignements tirés de la campagne, ils sont instructifs. Nous avions mené une mauvaise communication, onéreuse et contreproductive. Si l'argent qui y était dépensé avait été investi dans le renforcement de l'organisation et l'appui de nos structures dans les régions, nous aurions eu de meilleurs résultats. Aujourd'hui, perdre des élections n'est pas une fatalité absolue, surtout lorsque s'opposer à Ennahdha nous valait d'être qualifiés par nos compétiteurs de mécréants. Cela ne nous dispense pas de tirer les leçons de cette défaite, étant entendu que cela ne veut pas dire pour moi partir, mais repartir. C'est un choix personnel. Jospin était parti, mais Mitterrand y était reparti pas moins de trois fois jusqu'à l'emporter. Pour moi, partir, c'est ouvrir la voie à Ennahdha. La direction n'est pas le bouc émissaire, surtout que nos électeurs n'ont pas regretté d'avoir voté pour nous. Bien au contraire, nombre d'autres Tunisiens ont bien regretté de ne l'avoir pas fait pour nous. Pour moi, c'est un choix intime que je fais dans le rapport que j'entretiens avec l'électorat. J'estime que j'ai encore des atouts pour contribuer à servir la Tunisie. Chacun a la réputation qu'il s'est constituée. Avec mon parcours et mon expertise, je suis perçu comme quelqu'un qui a un rôle de premier plan à jouer encore. Je suis toujours un des leaders du nouveau Parti républicain, sinon le leader historique. Je suis président de la commission politique qui doit élaborer et proposer les choix stratégiques. D'ailleurs, j'auras bien voulu que Mohamed Hamdi (l'un des chefs de file des contestataires et président du groupe parlementaire) soit membre de cette commission et je suis ouvert à toute forme d'association d'autres camarades (contestataires), pour libérer leurs potentialités et les mettre à la disposition du parti. L'objectif est de participer à la recomposition du paysage politique pour défendre les libertés et favoriser les conditions de l'alternance. Je constate que depuis le 23 octobre, bien qu'affaiblis par les résultats des élections, notre position s'est renforcée sur l'échiquier politique. Elle l'est encore plus aujourd'hui.
Pour quelles raisons, la fusion avec Al Massar a capoté ?
Avec le Pôle démocratique moderniste et ses partenaires qui ont formé la nouvelle entité d'Al Massar (La Voie sociale et démocratique), nous avons été jusqu'au bout des discussions, jusqu'au dernier moment, à quelques heures de l'ouverture de notre congrès. Alors qu'on croyait parvenir enfin à un accord, nos discussions ont échoppé sur deux points que réclame Al Massar sans qu'on puisse les accepter. D'abord adopter un mécanisme de décision aux deux tiers des voix et non à la majorité simple. Et, ensuite, reporter le congrès de fusion à l'après-tenue des élections générales. Du coup, nous avons dû nous arrêter là et décidé de laisser le temps au temps… sans désespérer. En tout état de cause, il serait faux de dire que les difficultéx rencontrées sont dues à une querelle de chefs, parce qu'on s'était entendus pour que Maya Jeribi soit la présidente, Ahmed Brahim, le vice-président et Yassine Brahim, le secrétaire exécutif, avec six autres secrétaires nationaux équitablement choisis parmi les chefs de file. En fait, je crois, et c'est dommage, que les choses n'étaient pas assez mûres.
Vous étiez parti à Monastir soutenir l'initiative de Béji Caïd Essebsi ?
Le rééquilibrage du paysage politique a besoin de l'unité de tous les démocrates. A ce titre, l'initiative de Béji Caïd Essebsi est juste, dans la mesure où elle appelle à fixer une date pour les élections, réactiver l'ISIE et réviser la loi électorale. Cette révision est particulièrement importante pour éviter la déperdition, comme nous l'avions enregistrée, de près d'un tiers des votants. Cette demande a besoin du soutien de la société civile, de l'UGTT et des démocrates. Même si on peut se demander légitimement dans quelles conditions les syndicats sont-ils prêts à travailler avec les politiques. J'estime que nous devons cependant susciter des rapprochements et rechercher les formules appropriées pour qu'on se mette tous ensemble.
Quelle est votre appréciation de la situation générale dans le pays ?
Elle est critique, aggravée par cette profonde instabilité. Le gouvernement actuel ne peut pas citer des réalisations remarquables à son actif. La loi de finances complémentaire n'apporte rien de neuf et l'on y retrouve pas de rupture effective avec le passé, ni une réponse aux attentes profondes des citoyens. Pourtant, il est clair que la révolution est née notamment d'un modèle de développement qui a éclaté. Dans le programme d'action présenté par le gouvernement, nous ne percevons pas de priorités hiérarchisées ni de désenclavement des régions éloignées.
J'aurais bien vu l'amorce d'une autoroute qui ira d'Enfidha à Gafsa, et d'une autre Oued Ezzarga-
Tabarka, dans une première étape. Mais aussi d'une ligne TGV reliant Tunis et Tripoli. Des projets structurants et à forte employabilité dont on pourrait confier la réalisation immédiate à des entreprises tunisiennes appuyées par des compagnies asiatiques réputées pour leur célérité. Ce genre de projets exige certes des investissements lourds. A elle seule, la ligne TGV nécessiterait pas moins de 8 milliards de dinars, mais nous devons nous atteler à la réalisation de cette ligne, ne serait-ce que pour les 500 km de tronçons qui nous concernent en Tunisie. Imaginez alors tous les flux qu'elle suscitera immanquablement. Il y a aussi la constitution de fonds régionaux d'investissement, alimentés par des ressources additionnelles exceptionnelles. Là aussi, il faut avoir la vision et le courage, en faisant des coupes claires et en reconnaissant aux régions leurs parts des revenus de leurs propres richesses ainsi que celles nationales.
Je verrais bien que le fonds pour le Sud-Est soit alimenté par 10% des recettes pétrolières. Celui du Sud-Ouest par 20% des revenus du phosphate. Pour le Nord-Ouest, on peut y dédier les montants encore non affectés provenant de la privatisation partielle de Tunisie Telecom, alors que pour le Nord-Est, nous pouvons recourir à des fonds de la Caisse des dépôts et consignations.
Je sais qu'il y a des centaines de projets, petits et grands, qui, malheureusement, sombrent au fond des tiroirs, faute de financement, alors qu'ils sont immédiatement créateurs d'emplois et générateurs de valeur. Si on y arrive, il y aura alors un tout autre climat économique et social dans le pays.
Où en sont vos relations avec Ennahdha?
Ce sont des rapports conflictuels. Ils ont des choix qui ne peuvent être les nôtres et, du coup, il n'y a pas eu de dialogue, surtout que les thèmes ne sont pas définis d'un commun accord. Ennhadha estime que la cessation des tiraillements politiques peut se réaliser par un élargissement du gouvernement, alors que nous estimons pour notre part que la politique de participation sous forme de quotas répartis entre partis ne résoudra guère les problèmes réels auquel le pays est confronté.
J'estime nécessaire de former un gouvernement de salut public, présidé par une personnalité nationale consensuelle et formé d'un nombre restreint de membres, pas nécessairement tous issus des partis politiques et de la société, mais groupant aussi de grandes compétences avérées. Il aura à gérer en toute qualification et sérénité les affaires du pays et à mettre en oeuvre un programme d'urgence, laissant ainsi les partis vaquer à leurs activités. Ceux-ci doivent en effet se concentrer sur l'élaboration de la Constitution.
La partie est-elle jouable pour le Parti républicain et les forces du centre ?
Oui, tout à fait ! Pour au moins deux bonnes raisons. La première, c'est que les Tunisiens ne sont pas très heureux de la conduite actuelle des affaires par le gouvernement. Même s'il faut considérer que l'échec du gouvernement ne sera pas celui d'Ennahdha.
La deuxième, c'est que les Tunisiens sont aujourd'hui dans l'attente d'une alternance. N'oublions pas que 22% seulement du corps électoral avait voté pour Ennahdha et que le tiers des électeurs ne s'est pas rendu aux urnes. Il y a donc là des forces à réunir. Il appartient donc aux forces démocratiques d'agir pour mobiliser les volontés politiques autour d'une action en profondeur à même de prendre en charge tous les problèmes et leur apporter les solutions appropriées, en mettant en sourdine leurs querelles internes.
Une politique sécuritaire est vouée à l'échec si elle n'est pas connectée à une politique économique et sociale. Nous l'avons déjà vu, la politique sécuritaire n'avait pas sauvé l'ancien régime. Bien au contraire, elle a précipité sa chute. Aujourd'hui, on ne peut pas éteindre le feu à coups de bâton. Tout en faisant prévaloir la primauté de la loi et son respect et en oeuvrant pour le renforcement de la sécurité et la stabilité, le plus nécessaire est de répondre aux revendications économiques et sociales.
Dans cette démarche collective, le mouvement syndical, UGTT et UTT notamment, constitue une profondeur sociale du mouvement démocratique, mais, hélas, il n'y a pas de coordination organisée. J'ai toujours dit à nos militants qu'ils doivent aller sur le terrain, mais pas en simples visiteurs de quartiers populaires et de villages éloignés. Ils doivent s'y enraciner et y être des acteurs efficients pour servir nos concitoyens et rattraper le temps perdu.
Comment ça se passe avec Ettakatol ?
Les militants et les élus font partie de la famille démocratique. Mais, le chef du parti, promu à la présidence de l'ANC, y dirige les débats dans un sens contraire aux impératifs d'un débat démocratique…


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