Fondé et dirigé par le photographe-artiste plasticien Mohamed Ayeb, l'Espace « Aïn », situé aux Jardins de Salammbô-Le Kram, célèbre cette année son trentième anniversaire par l'organisation d'une exposition collective de photographie contemporaine. Une exposition qui a lieu jusqu'au 8 décembre et qui réunit les travaux de dix-sept photographes d'art appartenant à plusieurs générations. Et sur le panneau conçu à l'occasion par Mohamed Ayeb, on dénombre plus de cent cinquante noms d'artistes ayant exposé dans cette galerie dédiée à la photo, en premier lieu. Trente ans, c'est un bail. Le visiteur remarquera que parmi les noms cités sur le panneau commémoratif, au moins vingt artistes ne sont plus de ce monde. Paix à leur âme ! Cette exposition occupe les deux niveaux de la galerie et se veut un hommage à tous ceux qui y ont exposé. Quelques-uns y reviennent pour proposer des œuvres récentes ou anciennes, là où ils ont commencé à exposer. Il s'agit de Mohamed Ali Belkadhi avec la photographie plastique sur toile et papier, Hamideddine Bouali avec des photos numériques sur papier pour raconter à sa manière les joyaux de la Médina, Mahmoud Chelbi avec la photo numérique sur papier Samia Chagour et la photo panoramique sur papier, Abderrazak Chourou et la photo argentique sur papier comme pour se rappeler du bon vieux temps de ce procédé photographique, Ammar Dhaya avec une photo numérique sur papier qui exprime un état d'âme, Mohamed Ali Essâadi et particulièrement une photo argentique sur papier dédiée à un lieu fâcheusement transformé à Carthage, Rachid Fakhfakh et la photo numérique sur papier, Slim Gomri et un photomontage sur papier, Salah Jabeur, qui, avec des photos numériques sur papier, éternise le village de Ghar El Melh, Ali Jerbi, avec une photographie « Fine Arts » propose une fresque végétale, Helmi Jribi, de son côté, emploie la photo numérique sur papier pour dénoncer la cruauté, Abderrazak Khéchine utilise, quant à lui, la photo numérique sur papier et en noir et blanc, en s'arrêtant au Mausolée d'Abi Zamâa Al Balawi, « Sidi Essahbi », à Kairouan, Bannour Machfar utilise la photographie plastique sur papier, Marwen Trabelsi choisit la photo numérique et Mohamed Ayeb la photo plastique sur toile en noir et blanc et en couleurs. On remarque parmi eux la présence des tirages d'époque de photos prises par feu Mustapha Bouchoucha, l'un des doyens des photographes tunisiens, entre 1956 et 1958. La photo en débat Une table ronde a été organisée le 26 novembre à l'Espace « Aïn » en hommage aux grands photographes tunisiens disparus : Mustapha Bouchoucha, Pierre Olivier, Ridha Zili, Abdelhamid Kahia, Anouar Ben Aïssa et Khédija Mhedhebi. Des artistes, des universitaires ont évoqué des questions relatives à la culture, à la critique et surtout à l'art de la photographie qui a évolué au fil du temps. Le photographe Hamideddine Bouali a proposé à l'assistance, par vidéo projecteur interposé, une succession de photos pour rendre hommage aux artistes photographes sus cités. La fille de Mustapha Bouchoucha était présente pour témoigner sur le travail de son père qui était un ami intime de l'ancien président Habib Bourguiba. Ils avaient étudié ensemble dès l'école primaire et leur amitié a continué tout au long de leur vie. Il était un homme exceptionnel, dans la mesure où il prenait l'avis de ses enfants, alors que l'interlocutrice n'avait que douze ans, sur des questions qui le préoccupaient. Les participants avaient chacun commenté les photos projetées et insisté sur la valeur esthétique et historique qu'elles représentent. Au cours de ce débat, la nécessité de créer un musée de la photographie a été soulignée par l'universitaire Kamel Ben Ouannès. Et dire que les salons de la photo organisés durant une trentaine d'années se comptent sur les doigts d'une main ! Le débat était resté ouvert.