Huit photographes : Ahlem Mahjoub, Anouar Safta, Raja Said, Sofiène Noichri, Mohamed Ayed, Rim Ben Cheikh, Khaireddine Ben Halima et Lassaâd Ben Alaya exposent depuis le 14 octobre et jusqu'au 4 novembre leurs œuvres photographiques récentes sur le thème «Bavardages visuels III» dans la galerie Aïn à Salammbô Il ne s'agit pas de production de clichés de paysages touristiques ou de portraits de personnages croisés par hasard. Ici, le hasard n'a pas de place, puisque tout est motivé par le choix de l'artiste qui intervient sur les moindres détails de la photographie. Les 19 travaux de ces artistes enseignant l'audiovisuel, à Sousse, sont des photographies picturales, argentiques numérisées, manipulées ou encore des bas-reliefs en pâte vitrifiée dits Raku et des encres et dessins au crayon noir. Mohamed Ayeb, directeur de la galerie, photographe, a choisi le mélange des genres pour donner plus de choix aux amateurs d'art et ne pas restreindre l'exposition uniquement à la photographie. La plupart des photographies sont exposées au rez-de-chaussée et le reste des travaux à l'étage, par souci de cohérence visuelle. Portrait d'une femme au henné est le sujet de cette photo plastique intitulée «Poésie de résistance». Une composition traversée par les émotions d'une artiste qui défend avec force le statut de la femme. Une femme déchirée entre tradition et modernité dans une société machiste. Rim Ben Cheikh avec ses Raku a fait des femmes une série de brochettes ou une femme enchaînée ou en double face. La femme est aux yeux de l'artiste dans un état de domination, subissant toutes les violences et les cruautés des hommes. Raja Said la rejoint dans cette expression en montrant dans ses photos manipulées une chair tellurique sans concession. Les artistes hommes ont une vision moins engagée et plus esthétique, voire esthétisante. Anouar Safta détourne l'argentique et le met au service du numérique pour donner à voir des images abstraites de paysages qu'on peine à identifier. Sofiène Noichri dans ses diptyques manipulés explore les origines du monde : Stèle de glaise et Mystère de l'origine représentent une vision hallucinante et mystérieuse de la Terre. Le diptyque de Mohamed Ayeb, photo plastique sur toile, revêt un caractère sensationnel alimenté par la structure du sujet offrant une multitude d'interprétations; « Dur dur » est le titre de cette composition. Retour au patrimoine que Khaireddine Ben Halima revisite dans deux photographies : «Sahaertou minhou Layali I et II». Des graphismes et des lignes qui tantôt se repoussent et tantôt se rejoignent pour nous offrir une réjouissante image de notre capital ancestral. Un capital que reprend aussi Lassaâd Ben Alaya dans ses encres et dessins. «Bent El Ghoula» et «Wild El Ghoula» sujets de quatre œuvres qui nous font remonter dans le temps et nous entraînent dans l'univers fascinant des rêves habités par des sorciers et des mages enchanteurs, souvenirs d'une enfance nourrie d'histoires de mémés qui alimentent la mémoire de leurs enfants et les emmènent loin vers l'éternité.