Kacem Afiya s'attache à présenter une liste concurrente à la liste consensuelle, en raison de la proximité présumée de Noureddine Tabboubi du mouvement Ennahdha A environ une semaine de l'ouverture du 23ème congrès de l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), le flou règne encore sur la composition des listes qui entreront en lice pour les élections des membres du Bureau exécutif national de l'organisation. Une chose est néanmoins sûre: une liste consensuelle regroupera neuf membres éligibles du Bureau exécutif sortant, en l'occurrence Noureddine Tabboubi, Anwer Ben Gaddour, Bouali M'barki, Sami Tahri, H'faiedh H'faied, Kamel Saâd, Abdelkarim Jerad, Samir Cheffi et Mohamed M'sellemi. L'actuel secrétaire général, Houcine Abbassi, n'est plus autorisé, tout comme deux autres membres du Bureau exécutif national (Belgacem Ayari et Mouldi Jendoubi), à briguer un nouveau mandat conformément à l'article 10 du règlement intérieur, qui limite le nombre des mandats successifs des membres du Bureau exécutif national à deux seulement. Un autre membre éligible du Bureau exécutif sortant, Kacem Afiya, n'a pas daigné rejoindre la liste consensuelle qui sera conduite par le secrétaire général adjoint de la centrale syndicale chargé du règlement intérieur, Noureddine Tabboubi, en raison notamment de la proximité présumée de ce dernier du mouvement Ennahdha et de certaines «violations» du règlement intérieur de l'organisation. La liste consensuelle comprendra aussi quatre nouvelles figures (le Bureau exécutif de l'UGTT est composé de 13 membres, NDLR). Les tractations à ce sujet qui se déroulent sous la houlette de Houcine Abbassi sont extrêmement laborieuses. Selon les bruits de couloir qui circulent à la Place Mohamed Ali l'actuel secrétaire général de l'Union régionale du travail de Kairouan, Slaheddine Selmi, est quasiment certain de voir son nom figurer sur la liste consensuelle qui devrait selon les observateurs rafler la mise lors du congrès. M. Selmi aurait été en effet adoubé par le secrétaire général sortant de l'organisation ouvrière. La compétition reste cependant acharnée entre plusieurs candidats, dont le secrétaire général du syndicat général de l'équipement et de l'Habitat Monêm Amira, le secrétaire général de la Fédération générale du textile-habillement, Habib Hezami, le secrétaire général de la fédération de la santé, Othmane Jellouli, et le secrétaire général de l'Union régionale du travail de Gafsa, Seghaïer Miraoui. Discrétion La compétition entre les syndicalistes souhaitant faire partie de la liste consensuelle est d'autant rude qu'une femme au moins doit obligatoirement figurer sur cette liste. Les candidates les mieux placées pour figurer sur la liste conduite par Noureddine Tabboubi sont Naïma Hammami, une syndicaliste connue pour son militantisme et sa combativité dans le syndicat général de l'enseignement secondaire, Wassila Ayachi, membre du bureau exécutif de l'Union régionale du travail de Ben Arous, et Habiba Sellini, coordinatrice du bureau national des femmes travailleuses au sein de l'UGTT. Une grande discrétion entoure, toutefois, la composition de la liste qui sera conduite par Kacem Afiya. Selon les premières indiscrétions, cette liste regrouperait des syndicalistes qui se présentent comme les gardiens du temple de l'indépendance de l'UGTT vis-à-vis des partis politiques dont Lassaâd Yaâcoubi, secrétaire général du syndicat de l'enseignement secondaire, Mastouri Gammoudi et Slim Ghriss, respectivement secrétaire général et membre du bureau exécutif du syndicat général de l'enseignement de base. Les membres de cette liste affirment vouloir particulièrement barrer la route à l'accession des responsables syndicaux proches du mouvement Ennahdha au Bureau exécutif national et tiennent toujours à faire la lumière sur l'attaque du 4 décembre 2012 contre le siège du syndicat, place Mohamed-Ali, par des membres des Ligues de protection de la révolution et autres sympathisants islamistes. Le mouvement Ennahdha est coupable, à leurs yeux, d'avoir tenté de marginaliser le rôle hautement politique de l'UGTT. A noter que le congrès de la puissante centrale syndicale, dont les travaux démarreront le 22 janvier en présence de plus de 7000 personnes, sera présidé par Houcine Abbassi. Aucune invitation n'a été envoyée aux trois présidences et aux dirigeants des partis politiques conformément à une tradition bien ancrée au sein de l'organisation qui semble plus que jamais jalouse de conserver son indépendance et son rôle de puissant contre-pouvoir.