Après trois jours de travaux, le sixième congrès d'Al Jomhouri a pris fin et a donné naissance à une nouvelle direction et à un nouveau bureau exécutif. Ainsi, l'ancien porte-parole du parti, Issam Chebbi, a succédé à Maya Jeribi au secrétariat général. Quant au bureau exécutif , il a été remanié à raison de 65% de sa composition et compte, désormais, cinq femmes sur ses dix-sept membres. Le nouveau porte-parole du congrès, Wassim Bouthouri, a déclaré que le consensus a primé sur les élections du secrétaire-général, du bureau exécutif, du bureau politique et du comité central du parti qui comprend cent-soixante-trois membres. Ce congrès a été chargé en émotion après le discours de Maya Jeribi qui, par souci de respect du règlement intérieur de son parti, a dû se défaire d'une lourde responsabilité qu'elle a portée, dignement, pendant toutes ces longues années. C'est d'ailleurs pour cette raison que le consensus a primé sur toutes les actions du congrès, nous confie l'un des dirigeants du parti. Avec Issam Chebbi, une nouvelle voie s'annonce pour Al Jomhouri qui a du mal, depuis les élections législatives, à se relever et à récupérer sa place sur la scène politique. Si le départ de Maya Jeribi du secrétariat général va se sentir, il n'en demeure pas moins que la démission d'Ahmed Néjib Chebbi, fondateur du même parti, et son intention de créer un nouveau projet politique qui serait annoncé bientôt, risquent, aussi, de déstabiliser les équilibres. Ce n'est un secret pour personne que la plupart des partis politiques tunisiens, principalement ceux qui existent bien avant la révolution, ont pour tradition de garder les mêmes leaders et, surtout, le même président ou secrétaire-général afin de pouvoir maintenir l'ordre, la discipline et l'union au sein de leur parti. Deux cas édifiants : Moncef Marzouk et Béji Caïd Essebsi par exemple ont vu leurs partis anéantis quelques semaines après leur ascension à la magistrature suprême. L'autre étape fatale d'Al Jomhouri a été celle du départ d'une grande partie de ses dirigeants pour rejoindre le mouvement de Nidaa Tounes qui venait de voir le jour. D'ailleurs, le chef du gouvernement actuel, Youssef Chahed, était l'un des dirigeants phares d'Al Jomhouri et ce sans compter les autres ministres et ex ministres à l'instar de Saïda Aïdi. Aujourd'hui, et bien qu'il soit signataire du pacte de Carthage et qu'il soit représenté au sein du gouvernement – par un de ses dirigeants Iyed Dahmani, qui occupe le poste de ministre chargé des Relations avec l'Assemblée des représentants du peuple et porte-parole du gouvernement – la position d'Al Jomhouri demeure toujours fragile sur la scène politique. Une scène qui connait plusieurs secousses frappant des entités qui étaient pourtant bien parties, à l'instar de Nidaa Tounes, d'Al Massar, d'Al Machroû ou encore de l'UPL. Pourtant, tous ces chamboulements n'ont pas été correctement investis par Al Jomhouri qui aurait pu travailler dessus et récupérer le capital sympathie dont il bénéficiait avant la révolution et celui dont il a tout-de-même pu en tirer profit lors des élections constituantes d'octobre 2011.