La question de l'eau en Méditerranée devient de plus en plus importante étant donné l'accroissement des besoins qui ont entraîné en cette fin de siècle une pression accrue sur les ressources en eau et ont modifié irrémédiablement l'utilisation de cette dernière . L'eau est ainsi devenue pour la plupart des pays méditerranéens, dont la Tunisie, un facteur limitant de leur développement et, par conséquent, un enjeu majeur au plan économique, social et politique. Malgré les efforts considérables déployés depuis 40 années dans la mobilisation de ses ressources hydriques, le pays connaîtra, à court terme, une situation de pénurie en eau. Il suffit pour s'en convaincre de comparer le potentiel hydrique utilisable, qui est de l'ordre de 500 m3 /an/habitant, à la valeur de 1000 m3 considérée comme le minimum annuel indispensable à la satisfaction des besoins de chaque individu (FAO/PNUD, 1991). La gestion des ressources hydriques est devenue une priorité absolue, afin de trouver un équilibre entre, d'une part, une demande en hausse en raison de la forte urbanisation et, d'autre part, l'épuisement des réserves d'eau naturelle. Si la Tunisie est accaparée par la gestion d'une transition politique délicate et l'instauration d'une économie fondée sur un plus grand partage des opportunités, elle ne peut se permettre de reléguer la question de l'eau au second plan. Le dialogue sur la politique tarifaire de l'eau d'irrigation pour la pérennisation des périmètres publics irrigués a été lancé par la tenue d'une conférence nationale à Tunis sous l'égide du Ministère de l'Agriculture, des Ressources en Eau et de la Pêche. Elle a pour objectif de provoquer une réflexion sur le service de l'eau d'irrigation et plus spécifiquement sur sa valeur par les usagers. Suite cette conférence nationale et selon l'approche et le planning proposés par le Consultant et validés par la Direction Générale du Génie Rural et de l'Exploitation des Eaux, des conférences régionales se tiendront dans 12 gouvernorats concernées par l'étude. Nabeul a abrité, ainsi, hier une conférence régionale en présence des agriculteurs et industriels de la région. Plusieurs thématiques ayant trait aux ressources en eau, à la valorisation de ces ressources et à la gestion des périmètres irrigués ont été discutés. « L'agriculture, et notamment l'agriculture irriguée comme l'a précisé l'expert Abdessalem Fezzani, est considérée comme un secteur fort consommateur d'eau. Elle couvre 431 000 ha soit 8% du total des terres agricoles produisant environ 40 % de la valeur totale de la production agricole soit 12% du revenu brut agricole. L'agriculture irriguée est une activité très consommatrice d'eau. On estime qu'elle utilise environ 80 % des prélèvements d'eau en Tunisie soit 2,1 milliards m3. Elle a aussi un caractère stratégique très important pour l'économie du pays et pour la sécurité alimentaire de la population. L'agriculture irriguée joue un rôle important dans la sécurisation de la production alimentaire et assure une régularité de la production surtout pendant les périodes de sécheresse. Cette activité fait face à plusieurs problèmes, dont les changements climatiques, le coût élevé de l'eau, la sous-exploitation au niveau des périmètres publics, la non maîtrise des techniques de production en irrigué, la surexploitation des ressources naturelles, ainsi que des difficultés de réhabilitation des terres irriguées, d'endettement d'agriculteurs et aussi des problèmes d'ordre financiers et fonciers. Dès lors, il est impératif de concevoir des programmes de développement de cette activité, dans le cadre du plan d'action 2016-2020, et ce en fixant les objectifs pour la période à venir. La finalité est de mieux valoriser ces périmètres irrigués et d'améliorer leur gestion et partant leurs performances. L'agriculture irriguée dispose d'énormes potentialités, dans la mesure où elle favorise la pérennisation des produits agricoles, mais aussi la réduction de la pauvreté et l'impulsion de la croissance dans les régions intérieures du pays, où l'agriculture figure comme le principal secteur d'activité » M Fezzani a indiqué que la pérennisation des infrastructures hydrauliques et des équipements collectifs, la bonne gestion, l'utilisation rationnelle et la valorisation des ressources en eau, ainsi que la rémunération équitable du service de l'eau, constituent des défis primordiaux pour le pays. C'est dans ce cadre que l'« Etude d'évaluation de la politique tarifaire, sa révision et la mise en œuvre de nouveaux modes de tarification », financée par la KfW dans le cadre de la coopération entre l'Allemagne et la Tunisie, a été lancée par le Ministère de l'Agriculture, des Ressources en Eau et de la Pêche. Elle a pour objet l'évaluation de la situation actuelle, l'analyse des coûts du service de l'eau, la détermination des modes de tarification, l'application des tarifs et le recouvrement des redevances.