La situation hydrique actuelle est due non seulement aux changements climatiques — qui ont certes leur impact — mais aussi à l'absence de l'agriculteur dans la conception de la politique des ressources hydriques. Celui-ci n'est pas considéré comme un acteur essentiel dans cette politique. Les données concernant ce secteur sont également manquantes Les ressources hydriques ont une importance capitale dans l'économie nationale en général et le secteur agricole en particulier. La situation de ces ressources se caractérise actuellement par un déséquilibre entre l'offre et la demande, compte tenu de la baisse des quantités stockées dans les barrages, ce qui a eu des impacts négatifs sur les activités agricoles et les capacités des agriculteurs. C'est dans ce cadre et à l'occasion de la célébration du 53e anniversaire de l'évacuation agricole que l'Union tunisienne de l'agriculture et de la pêche (Utap) a organisé une conférence nationale sur le thème « La crise de l'eau en Tunisie : quel avenir pour le secteur agricole ? ». Cette réunion, à laquelle ont pris part des experts et spécialistes dans le domaine, vise à attirer l'attention de l'opinion publique nationale sur le problème de l'eau et les menaces qui planent sur notre agriculture. Lors de son intervention, M. Abdelmajid Ezzar, président de l'Utap, a mis en exergue l'importance de la question de l'eau qui constitue le dossier qui préoccupe le plus les agriculteurs actuellement. La situation des ressources hydriques est critique vu le recul du niveau des quantités stockées. La Tunisie passe, selon l'orateur, par une crise hydrique depuis deux ans environ, ce qui s'est répercuté négativement sur le secteur agricole et sur le revenu des agriculteurs qui ont subi des pertes énormes. Pour une meilleure concertation La situation hydrique actuelle est due non seulement aux facteurs naturels et aux changements climatiques – qui ont certes leur impact – mais aussi à l'absence de l'agriculteur dans la conception de la politique des ressources hydriques. Celui-ci n'est pas considéré comme un acteur essentiel dans cette politique. Les données concernant ce secteur sont également manquantes. On a constaté de même un manque en matière d'encadrement. C'est du moins ce que pense M. Ezzar qui a rappelé les mesures à sens unique et l'imposition des dispositions, ce qui a causé des problématiques pour les agriculteurs. Pour preuve, les agriculteurs des zones irriguées publiques dans les régions du Nord n'ont pas été autorisés à cultiver les produits maraîchers. Ils ont eu droit à seulement 20% de leurs besoins pour l'irrigation des arbres fruitiers. Les autorités compétentes ont mis du temps pour annoncer cette mesure imposée (fourniture d'une quantité d'eau) et en informer les agriculteurs dont les pertes ont atteint des millions de dinars après avoir acquis les intrants comme les semences, les plants et autres. D'où l'importance de la conférence nationale organisée dont l'objectif était d'asseoir une approche participative dans le travail entre le ministère de l'Agriculture et l'Utap pour rechercher des solutions radicales à la question de l'eau et assurer la pérennité de l'activité agricole dans une perspective de réalisation de la sécurité alimentaire et de relance de l'économie nationale. Il s'agit aussi de relever les défis du développement et de l'emploi. Pour le président de l'organisation agricole, il est du devoir de l'autorité de tutelle de fournir les eaux d'irrigation aux agriculteurs dans les différentes régions. L'Utap est consciente que la situation hydrique dans le pays est critique et source de préoccupation majeure. La situation pourrait s'aggraver On a constaté, en effet, une chute sensible et dangereuse du niveau des quantités stockées dans les barrages à cause du manque de pluies. Il n'y a eu aucune intervention anticipée en vue de sauver les campagnes agricoles et les ouvrages hydrauliques. M. Ezzar prévient que la situation pourrait s'aggraver davantage au cas où la même démarche se poursuivrait et les stratégies seraient élaborées dans des bureaux fermés. Cela constitue une vraie menace pour l'avenir du secteur agricole qui constitue le pilier de l'économie nationale et une atteinte à la sécurité alimentaire, surtout dans ce contexte caractérisé par une irrégularité des précipitations, compte tenu des changements climatiques et du déséquilibre de l'offre et de la demande en matière de ressources hydriques. D'où la nécessité de retenir les agriculteurs dans leurs terres et leur fournir les attributs d'une vie décente. L'Utap assure le suivi de l'étude en cours d'élaboration par le ministère de l'Agriculture sur la révision de la tarification de l'eau d'irrigation. Elle se félicite, certes, de la participation des structures centrales et régionales de l'organisation dans les commissions chargées de la préparation de ladite étude, mais souligne que la seule exigence des agriculteurs est d'assurer leurs besoins en eau qualitativement et quantitativement. L'Utap invite les autorités compétentes à constituer des commissions conjointes qui seront chargées de la révision du dispositif des groupements hydriques et de l'actualisation de ses législations en vue de leur modernisation et leur gestion durable dans les zones irriguées publiques. Il est urgent également de résoudre les problématiques relatives à la mauvaise gestion, l'absence de comptabilité, la vétusté des réseaux et des ouvrages d'irrigation ainsi que de l'infrastructure de base. Des cas réussis sont toutefois enregistrés dans certains groupements hydriques. L'organisation agricole appelle, par ailleurs, les autorités à ouvrir le dossier de l'endettement relatif aux eaux d'irrigation en vue de trouver les solutions adéquates et équiper les zones irriguées publiques de compteurs individuels. M. Ezzar a déploré aussi l'absence d'une stratégie de gestion des eaux non conventionnelles comme les eaux usées traitées. C'est dommage de constater qu'il n'existe pas de projets de dessalement des eaux pour les exploiter dans le secteur agricole d'autant plus que la qualité des eaux de surface et profondes s'est dégradée suite à l'augmentation du taux de salinité. Le secteur agricole consomme près de 80% des ressources en eau. Il est nécessaire de préserver ces richesses à travers une stratégie nationale et un plan d'avenir pour la mobilisation et la gestion rationnelle des ressources hydriques conventionnelles en tenant compte des besoins du secteur agricole et en faisant participer les agriculteurs à tous les projets.