Festival dans le festival, la présence de six artistes jazz du monde arabe donne des saveurs inédites à "Jazz à Carthage". Avec Jazia Satouri, 47 Soul ou Hindi Zahra, ce sont de nouvelles tendances qui s'affirment et le premier festival de jazz arabe au monde qui est en train de naître à Carthage. Une innovation qui ouvre de nouvelles fenêtres sur la musique contemporaine... A regarder de près le programme de la douzième édition de "Jazz à Carthage", on se rend compte que cette manifestation est en train de prendre une dimension nouvelle ainsi qu'une identité inédite. En effet, pour la première fois dans la courte histoire de ce festival, six artistes arabes participent à la session, avec leur variété de styles et leurs origines diverses entre Maghreb et Machreq. Les novateurs du jazz oriental En soi, ce pan du programme permet de définir "Jazz à Carthage" comme le premier rendez-vous musical qui mette en exergue le jazz arabe et ses tendances actuelles. Cet aspect des choses est important car il permet à la Tunisie de devenir le premier pays à organiser pareille manifestation. De fait, "Jazz à Carthage" devient ainsi la première vitrine du jazz arabe dans le monde et cette identité du festival pourrait donner à la Tunisie la vocation de plate-forme pour le brassage et la diffusion du jazz arabe à travers le monde. Dans cette logique, "Jazz à Carthage" dont le rayonnement international est déjà important, pourrait aussi attirer l'attention sur cet angle spécifique de la musique contemporaine et s'affirmer comme un rendez-vous inédit du jazz arabe. Cette dimension pourrait être atteinte dans le cas où les organisateurs miseraient sur cet aspect tout en consolidant ce qui existe déjà. L'édition 2017 de ce festival propose en effet de découvrir 19 artistes du 31 mars au 9 avril et, parmi ces artistes, il y en aura donc six à représenter les tendances actuelles du jazz arabe. Ainsi, sur les plateaux de "Jazz à Carthage", il y aura cette année plusieurs formations qui augurent d'un festival dans le festival. Les Palestiniens de 47 Soul seront ainsi présents et développeront un style propre qui a bel et bien fait ses preuves. De même, la formation égyptienne de Wust el Balad déclinera son jazz mâtiné de world music. Ces deux groupes se produiront le même soir et offriront une plongée dans ce qu'il convient de qualifier de jazz oriental issu du Machreq arabe. Proximité géographique oblige, les groupes maghrébins seront plus nombreux et offriront un regard sur le jazz algérien, tunisien et marocain. Avec Jazia Satour, l'Algérie trouve une digne représentante des tendances musicales contemporaines dans ce pays. Sabry Mosbah montrera pour sa part que la pratique du jazz ne consiste pas seulement dans la reprise des standards ou la création de trios, quatuors et autres quintettes. Dans un style qui lui est propre, Mosbah souligne combien le jazz est toujours en révolution permanente et combien cette musique agrège les sonorités les plus diverses. Il suffit d'ailleurs de se référer au grands Herbie Hancock ou Sun Ra pour s'en convaincre. Mosbah, c'est un jazz autant alternatif qu'enraciné, un mariage harmonieux d'inspirations métissées. Maroc, Algérie, Tunisie, Egypte et Palestine aux couleurs jazz Deux artistes du Maroc seront également de la partie. Il s'agit de Hindi Zahra et Nabila Maan. Là encore, la surprise promet d'être belle et les sonorités surprenantes. Au final, cette fenêtre ouverte sur le jazz arabe devrait trouver une confirmation dans les prochaines sessions et doter Carthage et la Tunisie du premier festival de jazz arabe dans le sillage de "Jazz à Carthage". Une telle perspective est en soi réjouissante et confirmerait le rayonnement du jazz et la profondeur de la culture musicale de nos pays qui ont découvert cette tendance en même temps que l'Europe, après la Deuxième guerre mondiale. Dans quelques jours, le rideau va se lever sur "Jazz à Carthage" et nous offrir de découvrir en dix concerts une vingtaine d'artistes parmi lesquels quelques incontournables comme Tom Odell, Jay Jay Johansson ou encore Pink Martini. De bon augure, au seuil du printemps...