La plasticienne et non moins poète Hayet Gasmi expose actuellement et jusqu'au 12 avril à la galerie d'art et d'essai « Le Damier », à Mutuelleville. Son exposition personnelle est placée sous le thème d'une « Causerie africaine » et bien plus encore. Car cette artiste autodidacte évoque également le « Berbère naïf », un style qu'elle jure d'avoir créé. Mais, en fait, et comme l'a écrit un jour le critique d'art Mustapha Chalbi dans « L'Espace pictural », « son oeuvre part dans tous les sens...Avec des thèmes nombreux qui se chevauchent , se soutiennet, se contredisent, s'opposent et se complètent. » Dans cette nouvelle exposition, Hayet Gasmi nous surprend agréablement en essayant d'échapper quelque peu à son style hyper naïf qui détermine son oeuvre. Cette dernière est aujourd'hui mieux travaillée, se laisse voir et revoir. Les formes et les couleurs se rencontrent et s'entrecroisent. Et c'est toujours des images du terroir qui reviennent, des rencontres à deux, ou en groupe. C'est la Tunisie traditionnelle qui habite l'artiste peintre. Car cela se situe aussi bien au souk, que chez les paysanes, avec une omniprésence de la femme. Cela lui permet toujours de rêver et de s'arrêter sur moult détails du quotidien. Un vrai bonheur pour exprimer la tendresse et l'amour. Elle rend hommage aux femmes militantes, mais aussi à celles opprimées, aux africaines qui crèvent de faim. Elle le dit de go : « Hommage à toutes les militantes palestiniennes, syriennes, irakiennes...Qui souffrent encore du joug de l'esclavagisme, les réfugiées sans mari, ni patrie, ni enfants...Je les honore à travers cette exposition qui chante la femme. » Et pour revenir au style particulier de Hayet Gasmi, Beaudelaire, dans ses « Curiosités esthétiques » dit, en substance « ...Je me suis contenté de sentir, je suis revenu chercher un asile dans l'impeccable naïveté. » Berceau D'un autre côté, l'exposition de Hayet Gasmi est entassée de couleurs, de mouvements et de lumière. Une manière de chanter la vie et la liberté. Et dans son texte d'introduction à l'exposition, Sylvain Montéléone, animateur de la galerie « Le Damier » trouve une filiation avec le couple légendaire et mythique d'Antar et Abla. « ...Entre une toile et l'autre, dit-il, se faufile le spectre d'Antar et Abla où le reflet de la peinture sur verre, qui remonte à la nuit des temps, marque un temps d'arrêt au bord de cette mer qui récite des cantilènes près du berceau des civilisations. » Une exposition qui mérite le déplacement.