La fronde syndicale contre le ministre de l'Education, Néji Jalloul, se poursuit. Le syndicat de l'enseignement de base a de son côté programmé une série de protestations pour tenter de d'obtenir le départ du ministre. Ce syndicat rattaché à l'UGTT a lancé un mot d'ordre de grève pour les 8 et 9 mars prochain. Il a aussi appelé à des sit-in de protestation au niveau des délégations régionales de l'enseignement à partir du 20 février. «Nous continuerons à boycotter le ministre qui ne rate aucune occasion lors de ses diverses sorties médiatiques de porter atteinte à la dignité des enseignants et les dénigrer », a souligné le secrétaire général du syndicat de l'enseignement de base, Mastouri Gammoudi «Les dés sont jetés. La balle est désormais dans le camp du Chef du gouvernement qui doit plancher sur une alternative pour mettre fin aux tensions dans le secteur», a-t-il ajouté. Cette escalade intervient quelques jours seulement après la décision du syndicat général de l'enseignement secondaire de programmer une nouvelle salve de protestations visant à mettre la pression sur le Chef du gouvernement, Youssef Chahed, pour qu'il lâche «un ministre qui a failli » et avec lequel «il est désormais impossible de négocier ou de travailler». Le point de départ de ces protestations sera l'organisation de sit-in dans les délégations régionales de l'enseignement entre le 20 et le 24 février. Une grève générale est ensuite prévue pour le 22 février, alors qu'un rassemblement devant le ministère est programmé pour le 1er mars. En cas de maintien de M. Jalloul à la tête du ministère de l'Education, la commission administrative du syndicat de l'enseignement secondaire prévoit de se réunir à nouveau le 2 mars prochain et pourrait prendre des décisions fortes allant jusqu'à la suspension des cours. Autant dire que les syndicats de l'enseignement sont prêts à se battre jusqu'au bout pour tenter de forcer la main à Youssef Chahed. Soutien Les syndicats des enseignants du primaire et du secondaire qui multiplient depuis plusieurs mois les actions de protestation et les appels au limogeage de M. Jalloul reprochent notamment à ce dernier d'avoir lancé des réformes précipitées et non concertées de l'éducation ainsi que des déclarations portant atteinte à la dignité des enseignants et le gel des recrutements. Un gel qui a été décidé pour toute la fonction publique, faut-il rappeler. Le chef du gouvernement reste pour l'heure inflexible à ces revendications. Après avoir déclaré fin novembre dernier, au plus fort des protestations organisées par les deux syndicats, qu'aucun ministre ne partira, M. Chahed a de nouveau écarté jeudi dernier l'idée d'un remaniement du gouvernement. «Il n'y aura pas de remaniement durant la période à venir », a-t-il dit laconiquement en réponse à une question qui lui a été posée par une journaliste d'une radio privée, en marge d'une conférence sur la modernisation de l'administration et la réforme de la fonction publique. Les observateurs estiment cependant que les syndicats devraient finir par obtenir gain de cause. D'autant plus que le nouveau secrétaire général de l'UGTT, Noureddine Taboubi, cautionne la principale revendication des syndicats de l'enseignement contrairement à son prédécesseur Hassine Abbasi, qui avait adopté une position neutre à ce sujet. «Que l'UGTT et le gouvernement aient des approches différentes, cela ne pose aucun problème, mais il y a des lignes rouges qui ne peuvent être en aucun cas franchies surtout lorsque les travailleurs sont pris pour cibles, voire carrément humiliés», a déclaré le nouvel homme fort de la centrale syndicale le 5 février. « L'UGTT ne peut plus négocier avec un ministre qui a porté atteinte à la dignité des éducateurs», a-t-il ajouté, tout en appelant le chef du gouvernement à faire le ménage dans son équipe.