Nous l'avons écrit et demandé, ici même, aux leaders de la centrale syndicale historique de revenir aux sources de l'UGTT, fondée par Farhat Hached, héros et martyr de la Nation pour l'indépendance avec ce testament immortel : « Ouhebouka ya Chaâb » (Oh peuple, je vous aime), qui s'adressait à l'ensemble du peuple tunisien, toutes catégories confondues, et pas seulement à la classe ouvrière. D'ailleurs, ce leader syndicaliste de dimension internationale, a été à l'origine de la fondation de l'UTICA, elle-même l'organisation patronale tunisienne, qui a toujours été un bon partenaire de l'UGTT, depuis le protectorat français jusqu'à nos jours. D'où cette culture du « contrat social », tout le temps régénérée malgré certaines crises et certains coups de gueule des deux côtés, aussi bien des travailleurs que des patrons et chefs d'entreprises. Or, ce qui me fait personnellement plaisir, c'est l'évolution du discours des nouveaux hauts dirigeants à la tête de l'UGTT, notamment, le Secrétaire général, M.Noureddine Taboubi et le secrétaire général-adjoint potentiel n°2 (ou 1 bis) de l'UGTT, M. Bouali Mbarki, en charge de l'administration et des finances. Beaucoup de réalisme, de responsabilité et surtout la volonté de participer à la relève de l'entreprise et du tissu économique et productif, en général, de la Tunisie. Un langage qui nous change de cette mobilisation intense et acharnée de leur prédécesseur, M. Hassine Abassi, à vouloir tirer le maximum des revendications ouvrières aux dépens des équilibres financiers de l'ensemble de l'Etat et le gonflement de la masse salariale dans le secteur public, pour atteindre des proportions qui mettent en cause le développement lui-même et les investissements de l'Etat dans les régions. Disons, pour la justice, que l' UGTT a toujours joué un rôle de canalisation des exigences sociales et donc, d'apaisement de fait, des crises majeures qui auraient pu dégénérer vers l'irréparable. Mais, au vu du nombre excessif de grèves, sit-in, arrêts de travail, occupations d'usine, opérées sur l'ensemble des 5 premières années de la Révolution, la trésorerie nationale a souffert le martyr pour se retrouver avec un déficit jamais égalé depuis l'indépendance, même du temps de MM. Ben Salah et Mzali (1969-1986). Ces grèves se comptent par plusieurs centaines par an et le pic a été atteint, en 2015, avec quelques 800 grèves et arrêts de travail, notamment dans les mines et l'Education. Plus de 5000 milliards de nos millimes de manque à gagner sur les phosphates et dérivés et surtout la culture du travail, la discipline et la productivité lourdement endommagées dans beaucoup d'autres secteurs. Mais, à quelque chose malheur est bon et nous avons pu, grâce au dialogue national, limiter les dégâts en assurant quelques bonnes augmentations et mesures bénéfiques pour les travailleurs dans les secteurs publics et privés et finalement contourner une crise majeure de confiance qui pointaient entre les deux centrales ouvrière et patronale. Le congrès de l'UGTT, a été finalement une grande réussite, car au-delà de l'aspect social et économique, l'UGTT joue un rôle essentiel dans la sauvegarde du modèle politique tunisien basé essentiellement sur la modernité et l'identité spécifique tunisienne millénaire depuis Carthage. Nous ne pouvons que nous féliciter des messages d'apaisement de MM. Taboubi et Mbarki et leurs pairs au Bureau exécutif de l'UGTT, et surtout de ce sens aigu des responsabilités, qui émerge de leurs discours respectifs, actuellement. M. Taboubi a rassuré le FMI et la Banque mondiale, que l'UGTT œuvrera pour la paix sociale et la sauvegarde de l'économie nationale dans son ensemble. M. Mbarki a, lui aussi, rassuré qu'il n'y aura pas d'année blanche à l'Education . Tout cela est très positif et donne un signal hautement significatif et rassurant. L'UGTT, telle que sculptée par Farhat Hached, est toujours la même, motivée hautement par l'intérêt suprême de la Nation au-delà même des intérêts professionnels purs. Alors, saluons la mémoire de ce leader national hors normes et disons : « Hached, je vous aime » ! La Tunisie sera toujours protégée par les syndicalistes patriotes et authentiques ! K.G