• Des allocutions en attendant le vif du sujet Soixante-cinq ans d'histoire et de militantisme syndical, l'Union générale des travailleurs tunisiens (Ugtt) a tenu, hier après midi, à Tabarka, son 22e congrès ordinaire, prévu du 25 au 28 courant, avec le slogan : «Peuple, je t'aime», en hommage posthume au leader martyr, Farhat Hached, père fondateur de la centrale syndicale en 1946. Devant un large parterre d'adhérents et des membres des bases et structures régionales et sectorielles, l'ouverture des travaux a été bel et bien marquée par un moment de silence au cours duquel les congressistes ont récité la Fatiha à la mémoire de feu Farhat Hached, en présence de sa veuve et de son fils Noureddine. La salle du congrès était archicomble. Invités et participants n'ont pas cessé de scander des vivats en l'honneur de l'Ugtt, en rappelant de façon sonore ses acquis considérables et son parcours chargé de militantisme au fil des décennies, au profit des différentes causes nationales dont, notamment, la défense du droit à l'emploi, la majoration des salaires, la préservation du pouvoir d'achat et l'amélioration des conditions de travail... Cris et applaudissements retentissaient à n'en plus finir, interrompant, à maintes reprises, les discours des intervenants. «Vive l'Ugtt», «Union indépendante, classe ouvrière prioritaire», «ô Hached le martyr, de ta voie l'on ne dévie jamais» : ce sont là également des slogans répétés tout au long de la conférence. Juste après le bref mot de bienvenue de M. Slim Tissaoui, représentant de l'Union régionale de l'Ugtt de Jendouba, le secrétaire général sortant, M. Abdessalem Jrad, a prononcé son ultime discours à la tête de l'Ugtt, marqué par des messages de considération et de remerciements à l'adresse de tous les militants de l'union et à toute la classe ouvrière, toutes sensibilités confondues. D'emblée, M. Jrad a mis en valeur ce congrès, le qualifiant d'historique et d'exceptionnel. Bien qu'il s'agisse là d'une édition ordinaire, a-t-il poursuivi, en termes de procédure et de règlement en vigueur, le présent congrès revêt bel et bien un aspect exceptionnel, avec tous les critères requis. «C'est le premier congrès de l'histoire de l'Ugtt et du mouvement syndicaliste, à l'échelle aussi bien arabe qu'internationale, à avoir consacré la loi de l'alternance aux postes de responsabilité, conformément à la loi principale adoptée au congrès de Djerba et ratifiée lors de celui de Monastir», a-t-il précisé. Et d'ajouter qu'il est, bien entendu, le premier de la liste à céder ainsi la place, après la révolution de la liberté et de la dignité, menée vaillamment par une génération toute jeune ayant souffert sous l'emprise d'un long chômage accablant. Après avoir loué le rôle de l'Union tout au long de son histoire et sa participation efficace à la réussite de la révolution du 14 janvier, l'orateur a exhorté les militants à assumer, aujourd'hui plus que jamais, leur pleine responsabilité dans l'édification de la Tunisie nouvelle afin de concrétiser les objectifs de la révolution, à savoir la liberté, la justice sociale, l'emploi et la dignité pour tous les citoyens. Il les a incités à davantage de vigilance et d'attention au travail du nouveau gouvernement provisoire, afin de rompre définitivement avec la dictature et la marginalisation. Pour finir, M. Jrad a dénoncé les campagnes calomnieuses fomentées contre l'Ugtt, soulignant que l'organisation est déterminée à persévérer sur la voie du militantisme et à refuser toute forme d'agissements anarchiques et de sit-in non encadrés. Les applaudissements fusent et aux invités du congrès de s'exprimer à propos de l'Ugtt et de ses rapports étroits avec l'indépendance de la justice, la liberté de la presse et la coopération avec ses homologues arabes et maghrébines. Cela a été particulièrement souligné lors des interventions de Mme Kalthoum Katou, présidente de l'Association tunisienne des magistrats, M. Abderrazek Kilani, président du Conseil de l'ordre des avocats, Néjiba Hamrouni, présidente du Snjt, et bien d'autres invités syndicalistes du Maghreb et des pays arabes. Quant à M. Yadh Ben Achour, ex-président de la Haute Instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, il a commencé son allocution par la fameuse citation «Peuple, je t'aime» pour la finir par «Ugtt, je t'aime». Du côté de la place du congrès, un nombre d'ouvriers protestataires y sont venus revendiquer leur retour au travail au sein des unités hôtelières de la région ayant fermé leurs portes depuis huit mois. Ils ont également brandi des banderoles réclamant justice et accusant leurs patrons de malversation et de corruption. En somme, des allocutions et des rappels, en attendant le vif du sujet. Le message du Dr Marzouki A l'occasion du démarrage des travaux du 22e Congrès de l'Ugtt, le Dr Moncef Marzouki, président de la République, a adressé un message au secrétaire général de l'organisation syndicale dans lequel il souligne le rôle joué par l'Ugtt dans la bataille pour l'indépendance, la préservation des droits des travailleurs et le soutien de la révolution de la dignité et de la liberté. Il a exprimé également sa conviction que l'Ugtt poursuivra «son action en vue de faire réussir les objectifs de la révolution et d'appuyer tous les efforts nécessaires visant à apaiser la situation dans le pays, afin que le gouvernement puisse se consacrer aux problèmes urgents et répondre aux revendications légitimes des travailleurs». Le Dr Marzouki n'a pas manqué de féliciter les travailleurs et de souhaiter plein succès aux travaux du 22e Congrès de l'Ugtt.