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De l'Etat libéral-social à l'Etat «syndical»
Publié dans Le Temps le 02 - 09 - 2016

De l'Etat « libéral-social » consacré depuis l'indépendance avec une toute petite pause socialo-collectiviste de l'ancien ministre M.Ahmed Ben Salah entre 1964 et 1969, la Tunisie post-révolutionnaire s'installe de plain pied dans l'Etat « syndical » avec une pression constante de la centrale historique du leader national Farhat Hached, l'UGTT, sur les pouvoirs publics et tous les gouvernements qui se sont succédé à la Kasbah depuis janvier 2011 !
Rappelons, tout d'abord, que la doctrine Hached a placé l'UGTT comme défenseur du peuple entier, dans son ensemble et non pas du peuple « ouvrier » conformément à son fameux testament politique : « Ouhebouka ya chaâb » (Oh peuple, je vous aime), alors qu'il aurait pu s'arrêter à « classe ouvrière, je vous aime » !
Par conséquent, l'UGTT de Hached a joué un rôle essentiel dans la lutte pour la libération nationale mais aussi dans la cohésion du peuple tunisien. Pour preuve, le syndicat patronal de l'UTICA, a eu le soutien à sa naissance du martyr national Farhat Hached, et puis, les gouvernements Bourguiba, à l'aube de l'indépendance, étaient truffés de syndicalistes de grosses pointures avec feu Ahmed Tlili, Mahmoud Messaâdi, Hédi Nouira, Abdallah Farhat, Ahmed Ben Salah, Mustapha Filali et bien d'autres. Cette option participative à la vie politique nationale et aux décisions économiques qui touchent le domaine social a été consacrée tout au long de l'ère bourguibienne avec d'autres ministres comme Farhat Dachraoui, Mohamed Kraïem et d'autres acteurs proches de l'UGTT et classés « syndicalistes » certifiés ISO !
Ceci a permis, malgré des crises graves par moments, comme celles de janvier 1978 ou d'avril 1983, de canaliser les revendications sociales, les maintenir dans des limites raisonnables et sous contrôle global de l'appareil d'Etat.
L'âge d'or de cette approche réussie de l'Etat libéral-social a été celle du fameux « contrat social », opéré sous la houlette du tandem, Nouira-Achour, mais qui s'est terminé en queue de poisson en janvier 1978, avec des dérapages en série des deux côtés syndical et gouvernemental. Puis ce bras de fer entre le PSD et l' UGTT qui s'est terminé par une crise majeure dans les deux sens avec le leader syndical Habib Achour et ses lieutenants arrêtés et internés au fort Borj Erroumi, à Bizerte, puis la maladie de Nouira, remplacé par feu Mohamed Mzali en 1980.
Depuis tout le monde a soufflé le chaud et le froid. Avec Ben Ali, comme la politique était mise au vestiaire, l'UGTT a joué profil bas et a préféré attendre son heure... pour se remettre sur orbite ascendante avec les prémisses de la Révolution. La crise du bassin minier puis les fameuses marches de Sfax et de l'avenue Bourguiba ont porté le coup de grâce au régime de Ben Ali le 14 janvier 2011.
L'UGTT, forte de cette ascendance et bien que ses leaders continuent à jurer qu'ils ne veulent pas d'un « parti syndical » politique à l'image des partis travaillistes et socialistes d'Europe, a enfoncé clou après clou dans le corps politique économique et social tunisien pour devenir le véritable maître de décision de la viabilité des gouvernements successifs depuis 2011.
L'agitation sociale ininterrompue avec des milliers de grèves, de sit-in, et d'arrêts de travail a touché tous les domaines et a sonné le « scalp » des différentes têtes du gouvernement, à ce jour, au nombre de « 7 » !
Toutes les activités économiques qui conditionnent la croissance ont été grippées par la mobilisation sociale excessive, l'arrogance des discours des jeunes générations syndicales et les menaces constantes de bloquer la machine de production. Des secteurs entiers sont à l'agonie... du phosphate, au tourisme, à l'investissement qui ont déserté le pays depuis bientôt cinq ans vers des contrées plus paisibles et plus laborieuses.
« L'Etat syndical » est à l'apogée de son œuvre et de ce qu'il considère être sa revanche et de ce qu'il considère être sa revanche et sa gloire avec la mise à genoux de l'Etat « libéral-social », des Bourguiba, des Nouira et autres Mansour Moâlla ou Ismaïl Khelil.
Le pays suffoque et se trouve bloqué par la tutelle des syndicats sur les décisions économiques et le modèle tunisien lui-même.
Or, la Tunisie se trouve, aujourd'hui, sous la pression d'une double tutelle de fait : Le « religieux » et le « syndical ». Ennahdha et son modèle libéral qui frise le capitalisme intégral, en conformité avec ce fameux concept de « l'anarchie créatrice » cher au Cheikh Rached Ghannouchi, d'un côté, et l'UGTT avec une étatisation étouffante de l'économie proche du modèle « Ben Salah » des années 60, avec un plus d'Etat dans tous les domaines et la décapitation de l'économie libérale telle que véhiculée par l'UTICA et les nouvelles grandes fortunes tunisiennes.
Ce n'est pas par hasard si l'UGTT et M. Hassine Abassi montent au créneau pour exiger une plus grande pression fiscale sur les entreprises et plus de recrutements dans al fonction publique ! Alors, que les entreprises tiennent à peine debout, et survivent dans la douleur, et que la masse salariale dans la fonction publique est passée de 5000 milliards à 13000 milliards en cinq ans de pression syndicale et sociale, l'UGTT persiste et signe.
Partant de tout cela, les horizons tunisiens sont plus que nuageux alors que le pays attend les nuages bénéfiques porteurs de pluie.
L'Etat peut-il tenir le cap en répondant positivement, et sous la contrainte de la menace et de la mobilisation intensive et permanentes de l'UGTT, aux exigences irréalistes des bases syndicales ! Je ne le pense pas et le fait de maintenir des secteurs publics déjà sinistrés par tant de recrutements non justifiées et non-productifs assommant par le budget de l'Etat, mènera tôt ou tard, le pays à la Banqueroute.
La thérapie « miraculeuse » de M. Abassi qui consiste à pousser la pression fiscale à son paroxysme, risque l'effet contraire, en accélérant l'évasion fiscale, la fuite des capitaux et l'émigration en masse des hommes d'affaires. Faut-il rappeler le conseil immuable de Nicolas Machiavel au Prince de Médicis : « Sire, quand vous prenez le pouvoir et le contrôle d'un pays... ne touchez pas à sa fiscalité ».
Le Florentin en avance sur son siècle et peut être sur le nôtre au compris, que la mauvaise fiscalité... chasse la bonne et qu'à force de traire les vaches maigres, on finira par les tuer !
L'UGTT peut-elle le comprendre et rectifier un tant soit peu le tir !
Avec l'annonce du Congrès de janvier prochain... Je ne le pense pas !
La machine syndicale est emballée... et rêve de l'état « syndical » triomphant.
Mais les Tunisiens auront d'autres choix, l'islamisme politique, à nouveau « libéral et social »... la mort dans l'âme... mais ils le feront !
Je tiens mon pari ! Et si ça continue, Ennahdha triomphera en 2019-2020, surtout si elle met en sourdine la question identitaire et religieuse. Qui vivra... verra !
K.G


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