Dans son rapport de suivi de la situation économique (avril 2017) dans la région MENA, la Banque Mondiale se montre laconique et prévoit un fléchissement de la croissance en 2017. Le taux de croissance de la région devrait passer de 3.5% en 2016 à 2.6% cette année. Le rapport intitulé : « L'économie de la reconstruction d'après-guerre dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord » rappelle que la durabilité de la reprise économique dans la région dépendra de l'efficacité des futurs efforts de consolidation de la paix et de reconstruction et met en relief l'effet croisé des conflits qui sévissent en Libye, en Syrie et au Yémen et leurs incidences sur les pays voisins dont la Tunisie qui sont contraints d'accueillir un nombre sans précédent de réfugiés et de subir en parallèle les contrecoups d'une économie fragilisée. Après avoir présenté une rétrospective 2016 de la conjoncture économique dont essentiellement le faible accès au marché de travail, la hausse du chômage et l'élargissement des déficits courants. Le déficit budgétaire a atteint 6,0 % du PIB en 2016, le ratio d'endettement est passé de 55,4 % en 2015 à 61,8 % du PIB en 2016 et le déficit du compte courant est resté élevé en 2016, à 9 % du PIB selon les estimations. « Ce déficit substantiel du compte courant, combiné avec la détérioration du compte de capital et du compte financier, érode le tampon des réserves de change du pays et conduit à une dépréciation du dinar tunisien », souligne le rapport Un déficit budgétaire de 5.9% du PIB cette année Pour ce qui est des perspectives à moyen et long termes, l'institution financière internationale prévoit : « une accélération de la croissance économique à 2,3 % en 2017 du fait de la reprise dans les secteurs stratégiques à savoir : l'agriculture, le phosphate et l'industrie manufacturière. À moyen terme, la croissance devrait remonter progressivement à 2,8 % en 2018 et 3,2 % en 2019, en raison d'une amélioration du climat des affaires associée à des réformes structurelles et au renforcement de la stabilité sociale et de la sécurité. Le déficit budgétaire devrait rester élevé, à 5,9% du PIB en 2017. « Pour assurer la viabilité des finances publiques, il faudra contenir la masse salariale de l'Etat et élargir l'assiette fiscale, puis créer de l'espace pour accroître les dépenses d'investissement. », souligne la même source. Même si la banque mondiale prévoit une infime amélioration du solde extérieur et du solde budgétaire, l'institution financière s'attend à une flambée de l'inflation pour atteindre le seuil de 4.9% au terme de l'exercice courant outre un taux d'endettement frénétique de 66.1% en 2017 pour remonter à 68,5% en 2018. Recommandations Les tensions sociales, la fragilité de la situation sécuritaire et l'explosion du chômage demeurent les principaux risques qui pèsent sur les perspectives économiques du pays. La Banque Mondiale appelle le gouvernement à engager des réformes pour stimuler la croissance du secteur privé et la création d'emplois. Parmi ces réformes on notera : l'amélioration des conditions d'accès aux marchés, l'élaboration d'une stratégie globale de réforme de la fonction publique et des entreprises publiques outre la lutte contre la corruption et la mainmise des élites mais aussi de trouver un terrain d'entente avec les syndicats de manière à assurer la paix sociale attendue.