En attendant les résultats du programme lancé par le ministère de l'Education pour redonner une nouvelle chance aux élèves qui ont abandonné leur scolarité en leur permettant de réintégrer de nouveau les bancs de l'école, des enquêtes récentes à caractère national et régional ont confirmé que le manque d'attractivité du milieu scolaire continue d'être une des principales causes de l'échec et de l'abandon scolaires en Tunisie. C'est ce qu'a révélé, entre autres, une enquête sur l'abandon scolaire dans les gouvernorats de Gafsa et Kasserine, en tant que régions témoins, au cours de l'année scolaire passée 2015/2016, réalisée par des structures locales de la société civile dans le cadre d'un projet financé par l'Union européenne et dont les conclusions ont été présentées, lors d'un point de presse tenu hier à Tunis. Un grand nombre d'élèves interrogés ont déclaré qu'ils n'ont pas été heureux dans leurs années d'éducation. Ils ont mis en cause le manque d'attractivité de l'environnement scolaire. Ce faible attrait du milieu scolaire conduit souvent à un manque d'intérêt pour l'éducation et progressivement à l'échec scolaire et à l'abandon purement et simplement. Plusieurs parents d'élèves ont dit que l'ambiance et le travail en classe ont toujours été détestés par leurs enfants et ne les ont pas aidés à s'intégrer et à aimer l'école. D'après l'enquête, les facteurs d'ordre scolaire (programmes, rendement des enseignants, infrastructure et autres facteurs de cet ordre) viennent en tête des causes de l'abandon, avec un taux de 44% (cycles primaire, préparatoire et secondaire confondus), contre 31% pour les facteurs d'ordre familial et social, et 22% pour les facteurs liés à l'environnement de l'école (et non pas dans l'école). Ainsi, autant l'offre scolaire est mauvaise autant le taux de l'abandon scolaire est grand. Aussi, dans le gouvernorat de Kasserine, l'abandon scolaire, au cours de l'année scolaire précédente 2015/2016, a atteint le taux inquiétant de 63%, contre 37% dans le gouvernorat de Gafsa. L'enquête estime que l'écart entre les deux taux montre que l'abandon scolaire est un phénomène en étroite relation avec les facteurs sociaux et le développement. C'est pour cette raison, sans doute, que beaucoup d'élèves interrogés ont expliqué avoir été obligés d'abandonner l'école pour des raisons de santé : diabète à 12 ans, cancer de sang à 14 ans, malvoyance, accidents.