Comment réguler le traitement médiatique des questions sexuelles afin d'atteindre au mieux les objectifs visés, tel a été le thème d'un séminaire de sensibilisation organisé, vendredi 12 mai, à Tunis, à l'initiative de la Haute autorité indépendante pour la communication audiovisuelle (HAICA) et la Société tunisienne de sexologie clinique (STSC). Tout en se disant absolument favorable à la banalisation et au traitement médiatique des questions sexuelles, les nombreux participants à la rencontre, des responsables des instances de régulation médiatique, des médecins, des journalistes, ont été unanimes à mettre l'accent sur la nécessité de respecter les règles et les codes de déontologie professionnelle. Ils ont estimé que les journalistes et les communicateurs où qu'ils exercent et les organes d'information qu'ils soient classiques ou électroniques, sont tenus de fournir des données fiables et ciblées, en faisant appel aux spécialistes parmi les médecins, psychologues, sociologues et autres scientifiques compétents. C'est que consciemment ou inconsciemment, les journalistes et les communicateurs, en voulant traiter des matières d'ordre sexuel ou en rapport avec les divers autres domaines politique, économique, social, culturel, artistique, sont guettés par toutes sortes de pièges qui sont de nature à fausser leur travail, comme l'instrumentalisation, la recherche du buz, du show, du sensationnel, l'argent, le succès... Dr Inès Derbel, de la Société tunisienne de sexologie clinique, a donné, à ce propos, une communication instructive intitulée justement « traitement médiatique de la sexualité : pièges et recommandations », mettant en garde contre le recours à des pseudos spécialistes et à des interlocuteurs incompétents en la matière. Mais, les spécialistes sont tenus aussi, de leur côté, de savoir insister sur l'essentiel et d'éviter les déballages inutiles d'informations de nature à diluer le sujet plutôt qu'à édifier le lecteur ou le téléspectateur. Elle a préconisé l'introduction de l'éducation sexuelle dans les programmes scolaires, disant que son association œuvre dans ce sens. A cet égard, le Dr Nazih Zghal, cardiologue, secrétaire général du Conseil de l'ordre des médecins, a indiqué que le conseil a enregistré la participation de pseudo médecins se passant pour des médecins attitrés, sous diverses formes, au traitement médiatique de ces questions, et il a même déposé des plaintes à ce sujet à la justice. Le président de la HAICA, Nouri Léjmi, le membre de son conseil, Hichem Snoussi, et la secrétaire générale du Syndicat national des journalistes tunisiens, Sakina Abdessamad, ont évoqué les efforts déployés par la HAICA pour le secteur audiovisuel et le Conseil de la presse pour la presse écrite, en vue de réguler le traitement médiatique des divers sujets et en particulier ceux en rapport avec les problèmes de la société dont les questions sexuelles, que ce soit au moyen de la régulation administrative pour l'audiovisuel, à travers les interventions directes de la HAICA, ou à l'aide du Conseil de la presse, nouvellement créé, dans le but d'ancrer l'esprit d'autorégulation chez les journalistes de la presse écrite sur des bases saines et solides. Nouri Léjmi a fait remarquer que dans les démocraties traditionnelles en Occident, le vrai journaliste est celui qui se conforme aux règles de la déontologie. Hichem Snoussi a noté que la déontologie se fonde sur le respect des droits généraux, de l'intégrité des autres, de leur liberté et de la santé publique. La liberté d'expression ne signifie pas l'anarchie et commande de faire preuve d'un sens élevé de responsabilité sociétale. Le secrétaire général de la STSC, Kamel Chérif, a signalé les retombées négatives d'un traitement médiatique malsain des questions sexuelles, car, a-t-il dit, il s'agit d'un sujet sensible à tous les points de vue. Dans les pays occidentaux, des interventions de la part des autorités sont souvent enregistrées à des fins de régulation, allant jusqu'à des mesures d'interdiction.